dimanche 9 octobre 2011

CINEMA DE MINUIT - LES VISITEURS DU SOIR, DESESPOIR ?

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 50, sur France 3 : "Les Visiteurs du Soir" (1942) de Marcel Carné...


C'est un peu triste à dire, mais, pour moi, ce film est le projet le moins abouti du tandem Carné-Prévert. Parce qu'il souffre d'un syndrome qui a également touché "L'Eternel Retour" de Delannoy et Cocteau, tourné à la même époque : une espèce de féérisme médiéval à la poésie appuyée. Sans humour. Sans légèreté.
Comme si cette histoire d'amoureux touchés par le sort dans un monde cruel avait été prise trop au sérieux. Rien à dire au sujet du savoir-faire technique, et de l'audace visuelle. Mais celle-ci est au service d'un récit pris totalement au premier degré, grave, trop grave. Même le dialogue de Prévert paraît, par moments, emphatique. Un comble.
Et ce souci se remarque dans la direction d'acteurs . Si le jeune Alain Cuny fait preuve d'un hiératisme qui deviendra sa marque de fabrique, on est frappé de voir une Arletty figée, sans vie, loin de sa gouaille habituelle. Les briscards Marcel Herrand et Fernand Ledoux regardent passer l'action. Et Jules Berry, dans le rôle du Diable, a finalement du mal à garder le panache de son cabotinage habituel, engoncé qu'il est dans un costume peu seyant.
Les défauts du film se retrouvent dans sa scène finale, très démonstrative :



A ce sujet, à la Libération, Carné et Prévert affirmèrent devant les autorités d'épuration que le Diable symbolisait l'occupant allemand, et le coeur qui bat celui de la Résistance... Cette interprétation, qui a bien fait marrer leurs collègues à l'époque, est souvent reprise, mais encore discutée...

Que reste-t-il , alors, de ces visiteurs-là ?
Eh bien, une des plus belles chansons de Prévert, "Démons et Merveilles", créée pour l'occasion...



Quelques temps plus tard, Prévert et Carné se rattraperont avec un feu d'artifice de légèreté, d'émotion, de poésie, cette fois débarrassé de toute emphase : "Les Enfants du paradis"...



A plus.
Fred.

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