dimanche 23 février 2014

INCONNUE A CES ADRESSES : CHAUVIGNY & CIVRAY...

Bonjour les amis !

C'est ce soir, Dimanche 23 Février , à 20 H 00, au Cinéma Le Rex de Chauvigny, et demain Lundi 24 Février , à 20 H 30, au  Cinéma CinéMalice de Civray, que j'aurai le plaisir de vous présenter , dans le cadre des Séances Patrimoine CLAP Poitou-Charentes :

Lettre d'une Inconnue (1948) , de Max Ophüls :


Une adaptation libre et poignante de la nouvelle de Stefan Zweig, portée par la superbe et récemment disparue Joan Fontaine , qui fut la Rebecca de Hitchcock...
Si vous désirez tout de suite en savoir plus , vous pouvez vous reporter à l'article que j'avais écrit en Mai dernier, à l'ocassion de la diffusion du film au Cinéma de Minuit... Il vous suffit de cliquer sur le lien ci-dessous :

LETTRE D'UNE INCONNUE

Extrait  :

A ce soir ou à demain !
Fred.

Prochaine et dernière séance : Lundi 03 Mars, à 20 H 30, au Cinéma de Gencay ...

samedi 22 février 2014

CINEMA DE MINUIT - LA PREUVE PAR CROIX...

Bonjour les amis !
Demain soir à 23 H 50 sur F3 : Les Croix de Bois (1931) de Raymond Bernard...

Alors, si jusqu'ici, ce cycle Patrimoine Français nous avait offert de vraies raretés, nous avons ce soir droit à une véritable tarte à la crème du CDM. Sans blague, je crois qu'en moyenne, celui-ci , il passe une fois tous les deux ans.
Le mérite-t-il ? Moui... Disons qu'il occupe une place importante dans l'Histoire du tout jeune Cinéma Français parlant.
Les Croix de Bois, c'est d'abord un roman de Roland Dorgelès, LE roman sur l'horreur des tranchées pendant la Première Guerre Mondiale, ex aequo avec Le Feu de Barbusse.
Publié en 1919, il connaît un immense succès, et constitue l'emblême de la littérature pacifiste de l'époque.
Le cinéma français, lui, restera longtemps prudent face à la Grande Guerre, si l'on excepte le flamboyant et engagé J'accuse d'Abel Gance (1919) :


Curieusement, l'avènement du parlant va voir la mise en oeuvre, en parallèle, de trois grosses productions  autour des poilus : aux Etats-Unis, Lewis Milestone et la Paramount adaptent A l'Ouest Rien de Nouveau d'Erich Maria Remarque :


Le film est d'une justesse émotionnelle impressionnante , et les combats, pourtant tournés en studio, sont très puissants. Le film remporte à juste titre l'Oscar 1930.
En Allemagne, G.W.Pabst tourne Quatre de l'Infanterie . Pabst, je l'ai déjà évoqué ici, est politiquement engagé . Son  oeuvre, aux nombreuses séquences hyperréalistes, se veut un hymne... à l'amitié franco-allemande, par-delà les frontières...


Goebbels ne s'y trompe pas et interdit le film en 1933.
Et chez nous, enfin, il y a Les Croix de Bois.
L'enjeu est important pour le réalisateur Raymond Bernard : s'il fut un des grands du muet français, son premier parlant , Tarakanowa , fut un échec public et critique . (Quelle idée, aussi, d'appeler un film comme ça...)
Plutôt que la polémique façon Pabst ou Gance, Bernard va donc plutôt chercher à produire une oeuvre sombre, réaliste, conforme aux souvenirs des anciens combattants, comme l'était le roman.
Et de ce côté-là, c'est une réussite : l'Armée Française met à la disposition de l'équipe de tournage des zones militaires et de manoeuvres. La légende veut qu'après certaines scènes d'explosions, d'authentiques cadavres soient remontés à la surface... Il fait appel , pour la figuration, à d'anciens poilus, et tous les comédiens principaux ont connu les tranchées : Charles Vanel, Pierre Blanchar, Gabriel Gabrio et même le poëte Antonin Artaud...
L'accent est mis sur la camaraderie, et la perte des illusions de jeunesse du jeune poilu, incarné par Pierre Blanchar.
Et c'est là, le hic. Car Pierre Blanchar, comme souvent, en fait des caisses.



 A coup de trémolos dans la voix, il mélodramatise le drame quotidien des soldats. Porteur du monologue final, il lui fait un sort , et en fait un envoi pompeux pour salle de patronage. C'est à cause de lui (Vanel, est , comme à son habitude, d'un naturel époustouflant), que le film, mis en scène magistralement, a vieilli, et bien vieilli, plus que les deux autres oeuvres susnommées.
Néanmoins, le public lui fit un triomphe, et il est aujoud'hui considéré comme un classique. Un classique, à mon avis, un poil surestimé.  Mais qui est à revoir, ne serait-ce que parce qu'il a bénéficié récemment d'une restauration rendant enfin justice à ses qualités esthétiques, notamment à ses contrastes...

Extrait : 




A plus.
Fred.











vendredi 14 février 2014

CINEMA DE MINUIT - L'HISTOIRE DE MIREILLE...

Bonjour les amis !

Dimanche soir, à 23 H 35 ( encore merci, les JO !) sur F3 : La femme que j'ai le plus aimée (1942) de Robert Vernay...


Quel générique, mes amis ! Arletty, Noël-Noël, Tissier, Baroux, Lefèvre, Luguet, etc... Pas de doute : nous sommes en présence d'un film à sketches, tous ces monstres ne tiendraient pas dans le champ en même temps, ou du moins pas longtemps, à moins d'être dans un Cluedo façon Agatha Christie, à l'image du Marie-Octobre de Duvivier en 59 :


Non, ici, nous avons bien affaire à un film à épisodes, dont le prétexte, est , comme souvent, un dîner, où chacun des protagonistes masculins raconte aux autres son histoire d'amour douloureuse. Ce dispositif est signé Yves Mirande.


Ô combien oublié aujourd'hui,  Mirande fut un des plus fameux boulevardiers des années 30, alors aussi populaire que Guitry . Le cinéma parlant le sollicita très vite , afin de tailler des dialogues sur mesure aux monstres sacrés de l'époque. Ceux-ci, gourmands de son verbe, voulant tous y passer, Mirande trouva la solution du film à sketches pour contenter tout le monde. Le plus fameux étant Café de Paris (1938).
Mais la formule s'épuisa rapidement. Et , à l'écoute, le dialogue de Mirande, certes agréable,  paraît beaucoup plus daté que celui d'un Guitry, d'un Jeanson, ou même d'un Carlo Rim.
Un détail intéressant apparaît dans l'affiche du film : la mise en valeur marquée de l'actrice Mireille Balin au détriment de ses petites camarades Arletty, Michèle Alfa et Renée Devillers, qui, pourtant, comme elle, n'apparaissent que dans un sketch; Cet éclairage donne une idée de la popularité de la dame à cette époque.

F

Foin de Ginette Leclerc ou de Viviane Romance, Mireille Balin, c'était la vamp du cinéma français d'avant-guerre. Ce titre, elle le doit à deux films : Pépé Le Moko et Gueule d'Amour, où, les deux fois, elle cause la perte de Jean Gabin. Un Gabin enfantin, éperdu, détruit par son amour pour une femme passionnée, volcanique et destructrice

Ces deux films la suivront, et lui assureront une notoriété notable durant l'Occupation, malgré une tentative ratée à Hollywood.  Mais il faut être honnête, cette popularité sera également due à sa liaison tumultueuse et bruyante avec notre Tino Rossi national. Leur engueulades homériques dans les restos et boîtes de nuit du pays firent les choux gras de la presse pas encore appelée people.
Après leur séparation, elle s'éprend d'un jeune officier de la Wehrmacht . Et c'est là que ça se gâte. A la Libération, elle s'enfuit avec lui, mais ils sont arrêtés dans le Sud de la France par les FFI; Elle est battue et violée avant d'être incarcérée. Quand à lui, son corps ne sera jamais retrouvé. Jugée pour collaboration, elle est libérée en 1945. Mais sa carrière est brisée. Son image de garce l'a rattrapée, elle est devenue, aux yeux du public, son personnage. Pauvre et malade , elle ne doit son salut qu'à l'association La Roue Tourne, qui la prendra en charge jusqu'à sa mort, en 1968, et lui évitera la fosse commune. Eh oui, à la fin des années 60, ça pouvait encore se passer comme ça.

En 1961, la télévision lui propose tout de même de parler de Gueule d'Amour :

 
A noter qu'à ses funérailles, un seul représentant du métier était là : le réalisateur Jean Delannoy.
Chic métier.

A plus.
Fred.





vendredi 7 février 2014

CINEMA DE MINUIT - LA REVANCHE D'ERICH...

Bonjour les amis !

Dimanche, à 23 H 30 ( Merci les JO !) , sur France 3 : La Danse de Mort (1946) de Marcel Cravenne...

Nous revoilà en terre presque inconnue, avec cette adaptation de Strindberg , qui devait marquer le retour à la mise en scène du cinéaste maudit Erich Von Stroheim.
Petit rappel : ancien assistant de Griffith, cet authentique mythomane, fils d'artisans juifs s'inventant des racines dans la noblesse catholique autrichienne, se fait connaître aux Etats-Unis pendant la Première Guerre Mondiale, en incarnant de cruels officiers prussiens.
Cette notoriété lui permet de passer à la mise en scène, et en 1922, il s'impose avec Folies de Femmes :


Cette histoire de princesse corrompue par un noble dépravé (lui-même) contient tout le style Stroheim : des décors ostentatoires, des personnages veules ou stupides, une ambiance glauque et sexuée, un attrait pour la bizarrerie et l'infirmité.
le film est un succès , mais les extravagances de Stroheim terrifient la tranquille firme Universal, qui le renvoie du plateau de son film suivant , Les Chevaux de Bois.
Il atterrit à la  toute nouvelle MGM, où  il met en chantier son film le plus ambitieux , Les Rapaces, fresque qui doit durer près de dix heures !! A son tour, le producteur Irving Thalberg met le holà : le film sera réduit à un peu plus de deux heures, et le réalisateur refusera toujours de le considérer comme sien...


A la Paramount, même cirque, cette fois, avec La Symphonie Nuptiale...


... Mais la goutte qui fait déborder le vase est  Queen Kelly (1928) , produit par la star Gloria Swanson  : le tournage est une guerre ouverte, et Stroheim se fait une nouvelle fois virer . Seulement , cette fois, le mot d'ordre est lancé : " On ne doit plus jamais permettre à Stroheim de réaliser un film ! " déclare l'associé de Swanson. Ce sera le cas.


Stroheim est donc, à l'arrivée du parlant, privé de caméra . Il retourne à son métier d'acteur, d'abord aux Etats-Unis, puis en Europe ( La Grande Ilusion) , puis, à nouveau aux Etats-Unis quand la guerre éclate.
Et puis... Et puis vient la Libération. Les esprits se détendent, l'espoir est là. Pourquoi pas redonner sa chance à l'artiste maudit ? La petite firme Alcina prend donc le risque . Stroheim prend en charge le scénario et une grande partie de la mise en scène, tout en se réservant, comme à son habitude, le rôle principal, histoire de ne pas perdre le contrôle de l'oeuvre. Quand au personnage féminin principal, il le confie à Denise Vernac, sa compagne depuis 1939 jusqu'à sa mort.
Mais le cinéaste est toujours maudit et semble encore faire peur. Alors que certaines affiches et sources attestent du contraire, le film est officiellement signé par son jeune collaborateur Marcel Cravenne ( frère de Georges, le créateur des Césars). Le maestro s'est-il offusqué du résultat ? S'est-il encore brouillé avec ses producteurs ? Toujours est-il que le film passe inaperçu, et qu'il sort même en France deux ans après son tournage, en 1948.
Stroheim metteur en scène ne reviendra plus. Il traînera sa silhouette et ses souvenirs dans de nombreux films, dont le moins cruel n'est pas le fameux Boulevard du crépuscule ( 1950), où il jour, près de sa vieille ennemie Gloria Swanson, le rôle d'un réalisateur déchu devenu majordome ...


A plus !
Fred.

dimanche 2 février 2014

CINEMA DE MINUIT ( ET CINE-CLUB !) : LA CARAVANE PABST...

Bonjour les amis !
Ce soir, à 00 H 15, sur France 3 : Le Drame de Shangaï (1938) ...


... et demain lundi, à 00 H 25 sur F2 : Loulou ( 1929)...


Deux films de G.W.Pabst...

Petite précision pour commencer : si je traite régulièrement ici du Cinéma de Minuit, je mets habituellement un point d'honneur à ne jamais évoquer le Ciné-Club de France 2 : horaires over-tardifs, programmation irrégulière, peu audacieuse, quand elle n'est pas carrément aberrante, cycles fourre-tout, ce CC- ci est une injure perpétuelle à la mythique émission menée de main de maître , durant des années sur Antenne 2 par Claude-Jean Philippe , et qui a fait découvrir à de pauvres petits ploucs comme moi les beautés du cinéma américain , européeen, mais aussi asiatique, égyptien , et aussi africain...


Mais bon. Cette semaine, il se trouve, que, par coïncidence,  les deux émissions passent un film de Pabst. Et que Loulou est peut-être son chef d'oeuvre...

En ce qui concerne l'évolution de la carrière de Pabst, je me permettrai de vous renvoyer à mon article d'Octobre dernier, où j'évoquais celle-ci à l'occasion de la diffusion de L'Atlantide...

MON (TROP) VIEIL ATLANTIDE... 

Ce Drame de Shangaï ( à ne pas confondre avec La Dame de Shangaï, tourné dix ans plus tard par Orson Welles) appartient donc à la période française et descendante du cinéaste. S'il est mineur, il est toutefois encore typique d'un certain style du réalisateur. Pabst, peintre de la décadence et de la corruption, est en effet tout à fait à son aise dans cette histoire de chanteuse de cabaret enrôlée dans une organisation secrète afin d'élever correctement sa fille...
Aussi étouffant que Salonique, nid d'espions, tourné l'année précédente, le film bénéficie également de l'excellence du tandem Louis Jouvet (acteur)/Henri Jeanson (dialoguiste)...



Ces deux-là , copains comme cochons, sont dans l'âge d'or de leur collaboration : Hôtel du Nord ( Carné) et Entrée des Artistes ( Allégret) en sont des preuves flagrantes :




Le Drame de Shangaï ne fait pas exception à la règle, et le film leur doit beaucoup, desservi qu'il est d'autre part par l'interprétation de l'obscure comédienne autrichienne Christi Mardayne , et du balourd Raymond Rouleau, qui sera meilleur metteur en scène que comédien...

Quand à Loulou, ah, qu'en dire ? Fulgurante adaptation de Wedekind, brulôt définitif sur l'hypocrisie bourgeoise , c'est également un manifeste érotique et féministe de première force, portée par la comédienne la plus sensuelle, la plus originale, la plus intelligente aussi ( ses écrits sur le cinéma valent de l'or !) de son époque . Elle devint une icône et c'était mérité : Louise Brooks...




Si vous devez choisir entre les deux films, il faut évidemment se ruer sur Loulou, oeuvre d'un cinéaste en pleine maîtrise de son art...

Extrait de Loulou



Extrait (chanté) du Drame de Shangaï :


Bon, je vous laisse, j'ai des Samouraïs à présenter !

A plus.
Fred.