vendredi 7 février 2014

CINEMA DE MINUIT - LA REVANCHE D'ERICH...

Bonjour les amis !

Dimanche, à 23 H 30 ( Merci les JO !) , sur France 3 : La Danse de Mort (1946) de Marcel Cravenne...

Nous revoilà en terre presque inconnue, avec cette adaptation de Strindberg , qui devait marquer le retour à la mise en scène du cinéaste maudit Erich Von Stroheim.
Petit rappel : ancien assistant de Griffith, cet authentique mythomane, fils d'artisans juifs s'inventant des racines dans la noblesse catholique autrichienne, se fait connaître aux Etats-Unis pendant la Première Guerre Mondiale, en incarnant de cruels officiers prussiens.
Cette notoriété lui permet de passer à la mise en scène, et en 1922, il s'impose avec Folies de Femmes :


Cette histoire de princesse corrompue par un noble dépravé (lui-même) contient tout le style Stroheim : des décors ostentatoires, des personnages veules ou stupides, une ambiance glauque et sexuée, un attrait pour la bizarrerie et l'infirmité.
le film est un succès , mais les extravagances de Stroheim terrifient la tranquille firme Universal, qui le renvoie du plateau de son film suivant , Les Chevaux de Bois.
Il atterrit à la  toute nouvelle MGM, où  il met en chantier son film le plus ambitieux , Les Rapaces, fresque qui doit durer près de dix heures !! A son tour, le producteur Irving Thalberg met le holà : le film sera réduit à un peu plus de deux heures, et le réalisateur refusera toujours de le considérer comme sien...


A la Paramount, même cirque, cette fois, avec La Symphonie Nuptiale...


... Mais la goutte qui fait déborder le vase est  Queen Kelly (1928) , produit par la star Gloria Swanson  : le tournage est une guerre ouverte, et Stroheim se fait une nouvelle fois virer . Seulement , cette fois, le mot d'ordre est lancé : " On ne doit plus jamais permettre à Stroheim de réaliser un film ! " déclare l'associé de Swanson. Ce sera le cas.


Stroheim est donc, à l'arrivée du parlant, privé de caméra . Il retourne à son métier d'acteur, d'abord aux Etats-Unis, puis en Europe ( La Grande Ilusion) , puis, à nouveau aux Etats-Unis quand la guerre éclate.
Et puis... Et puis vient la Libération. Les esprits se détendent, l'espoir est là. Pourquoi pas redonner sa chance à l'artiste maudit ? La petite firme Alcina prend donc le risque . Stroheim prend en charge le scénario et une grande partie de la mise en scène, tout en se réservant, comme à son habitude, le rôle principal, histoire de ne pas perdre le contrôle de l'oeuvre. Quand au personnage féminin principal, il le confie à Denise Vernac, sa compagne depuis 1939 jusqu'à sa mort.
Mais le cinéaste est toujours maudit et semble encore faire peur. Alors que certaines affiches et sources attestent du contraire, le film est officiellement signé par son jeune collaborateur Marcel Cravenne ( frère de Georges, le créateur des Césars). Le maestro s'est-il offusqué du résultat ? S'est-il encore brouillé avec ses producteurs ? Toujours est-il que le film passe inaperçu, et qu'il sort même en France deux ans après son tournage, en 1948.
Stroheim metteur en scène ne reviendra plus. Il traînera sa silhouette et ses souvenirs dans de nombreux films, dont le moins cruel n'est pas le fameux Boulevard du crépuscule ( 1950), où il jour, près de sa vieille ennemie Gloria Swanson, le rôle d'un réalisateur déchu devenu majordome ...


A plus !
Fred.

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