dimanche 31 mai 2015

CINEMA DE MINUIT - HISTOIRES DE TOTO (3 et fin)...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 15 sur F3 : Sua Eccellenza si Fermo a Mangiare (1961) , de Mario Mattoli...

Totò 1956-1967

En 1956, au cours d'une représentation théâtrale à Palerme, Totò est victime d'un décollement de la rétine et perd la vue . Il restera complètement aveugle pendant plus d'un an, et ne retrouvera jamais qu'une vue partielle. Ca ne l'empêchera pas de continuer sa prolifique carrière, avec un nouveau statut : celui de grand ancien de la Comédie Italienne, au moment où toute une nouvelle génération d'acteurs pittoresques prend le haut de l'affiche : Sordi, Gassman, Tognazzi, Manfredi... Cette filiation, c'est Mario Monicelli , qui a longtemps filmé l'acteur, qui va la formaliser en 1958 dans un des ses plus grands succès : Le Pigeon, où Totò, vieux cambrioleur, va tenter de former au métier une bande de bras cassés joués par Gassman, Mastroianni, et Renato Salvatori...


... Avant de l'associer à Anna Magnani et Ben Gazzara dans le curieux Larmes de Joie...


 ... Où Magnani , la tragédienne, ne se priva pas de mépriser le pauvre acteur comique sur le tournage, cela malgré l'extraordinaire longévité artisitique  de celui-ci...
Totò enchaîna encore les films , au ciné comme à la télé, jusqu'à sa mort , en 1967.
Peu de temps avant de disparaître, il eut encore la chance de croiser la route d'un grand metteur en scène : Pier Paolo Pasolini , qui le fit tourner à trois reprises , notamment dans le charmant Des oiseaux Petits et Gros (1965).


Totò fut très touché qu'un jeune metteur en scène s'intéresse à lui , et il déclara même : "Vous vous rendez compte, il me dit que je joue comme un Stradivarius !".
Un Stradivarius, en effet, qui joua juste, fort, et longtemps.
Aujourd'hui encore, les films de Totò sont diffusés régulièrement à la télé italienne. Il existe même un site Internet prévenant les fans des prochaines diffs !

Le Film 
 
Totò est toujours resté fidèle à Mario Mattoli, avec lequel il connut le succès à la fin des années 40. Ce film , dont le titre pourrait se traduire par Son Excellence est restée dîner, constitue leur quinzième (et dernière)  collaboration ! C'est un mélange de comédie satirique et de boulevard, se déroulant sous l'Italie Fasciste , où une comtesse invite à un grand dîner nombre de personnalités , dont un toubib se faisant passer pour le médecin personnel de Mussolini. De ce film, assez obscur, on pourra noter qu'à la mode de l'époque, Totò s'y trouve associé à un jeune loup, Ugo Tognazzi, peu de temps après le succès des Monstres de Dino Risi.



On y retrouve aussi Virna Lisi, à l'aube d'une carrière en dents de scie, qui la mènera d'Italie en France, et même à Hollywood, où l'on essaiera en vain d'en faire la nouvelle Marilyn...



Extrait du film de ce soir :



A plus !
Fred.



dimanche 24 mai 2015

CINEMA DE MINUIT - HISTOIRES DE TOTO (2)...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 20, sur France 3 : Il Monaco di Monza (1963), de Sergio Corbucci...

 Bonjour les amis !

Totò 1947-1956

La carrière cinématographique de  Totò décolle véritablement à la fin des années 40, notamment grâce à Mario Mattoli, qui inaugure pour lui une série de films parodiques qui vont rencontrer un grand succès : Les Deux Orphelins, ou Totò au Tour d'Italie... 

Cette série de films , purement burlesques, et à laquelle on peut rattacher Totò le Moko, diffusé la semaine dernière, vont installer définitivement le napolitain en haut de l'affiche. Reconnaissant, Totò restera fidèle à Mattoli jusque dans les années 60.
Mais ce sont deux autres auteurs qui vont lui permettre de se dépasser  : Steno et Mario Monicelli. Dès 1949, ces deux jeunes loups, influencés par le néo-réalisme et l'idéologie de gauche, vont donner à l'acteur des rôles plus épais, plus humains, reflets des difficultés du prolétaire moyen dans l'Italie d'après-guerre : une demi-douzaine de films vont ainsi s'enchaîner, dont Totò cherche un appartement, et surtout Gendarmes et Voleurs , premier de ses films salué par la critique...


A partir de là, Totò, comme notre Fernandel national, va alterner comédies légères taillées sur mesure et oeuvres plus ambitieuses . En 1954, il est sollicité par deux des plus grands cinéastes italiens : Vittorio de Sica pour l'Or de Naples, et Roberto Rossellini pour Où est la liberté ? .



Cette carrière prestigieuse est cependant mise en péril au cours de l'année 1956 : l'acteur s'aperçoit qu'il perd la vue...

A Suivre...

Le Film de ce soir

Il Monaco di Monza appartient à la dernière période de l'acteur , dont l'activité ne ralentissait pas, dans les années 60.   Totò y joue un cordonnier du XVIIè siècle , qui, pour nourrir sa famille nombreuse, décide d'investir un château pour en délivrer la princesse et l'épouser.
Parmi une distribution assez peu reluisante, on remarquera la présence du chanteur Adriano Celentano, comédien à ses heures, et interprète d'assez joyeuses ritournelles, dont le celèbre 24000 Baci...

Le film est signé Sergio Corbucci, réalisateur prolifique, qui est , à cette époque, le metteur en scène  attitré de  Totò, avec qui il fera sept films entre 60 et 63. Mais il sera surtout connu pour sa contribution importante au western spaghetti  , notamment à travers  Le Grand Silence , avec Jean-Louis Trintignant et Klaus Kinski en 1968...


 ... Et le mythique Django, réalisé en 66, et auquel Tarantino rendra bien evidemment hommage avec son Django Unchained...


Extrait du film de ce soir :


A plus !

Fred.



jeudi 14 mai 2015

CINEMA DE MINUIT - HISTOIRES DE TOTO ( 1 )...

Bonjour les amis !

Dimanche , à 00 H 20, sur France 3 : Totó le Moko (1949) , de Carlo Ludovico Bragaglia...


Pendant trois semaines, le CDM va rendre hommage au plus célèbre des comiques italiens, l'équivalent transalpin de notre Fernandel (avec lequel il a d'ailleurs tourné ) : Antonio Focas Flavio Angelo Ducas Comneno De Curtis di Bisanzio Gagliard, dit Totò . (Ca, c'est du diminutif).
Je vais en profiter pour vous raconter, en trois épisodes, une succinte biographie du monsieur, avant de vous présenter le film du soir, de façon tout aussi succinte, car les films de Totò sont presque tous inédits en France...

Totò 1898-1940

Totó est napolitain . Ce n'est pas un détail dans une Italie encore toute jeune, où chaque région possède encore ses dialectes, ses codes, sa culture . La comédie napolitaine est au coeur de l'art théâtral italien, caricaturant la petite bourgeoisie dans des satires et des farces. C'est dans ce terreau fertile que Totò fait ses premier pas, dans les théatres des bas quartiers . Là aussi, le détail a son importance , car, là où les autres artistes usent de comique de situation, de répliques qui portent, Totò n'a qu'à apparaître pour faire rire, son personnage, ses mimiques, étant le coeur de la prestation. Il est le premier acteur de cinéma italien moderne et universel , une peu comme son cousin français Fernandel.

 (Pendant son service militaire, en 1918...)

Sa renommée s'étend : il quitte Naples pour Rome en 1922, et pendant une quinzaine d'années, parcourt l'Italie avec sa compagnie.
Le cinéma ne lui fait signe qu'à partir de 1937, avec Fermo Con le Mani, de Gero Zambuto , où il campe un vagabond tenaillé par la faim. Car l'ombre de Chaplin flotte aussi au-dessus de son univers ...


Il tourne ensuite trois autres films , dont le plus fameux est Totò apôtre et martyr, réalisé en 1940 par Angelo Palermi, où l'acteur affine encore son personnage d'italien moyen confronté à un monde hostile ...


Ce film sera renommé après coup, les comédies de Totò ne rencontrant sur le coup pas grand'succès. Il retourne alors au théâtre, jusqu'à la fin de la guerre...

A Suivre...

Le Film de ce Dimanche

  Totò le Moko est une des oeuvres de Totò les plus connues en France, d'abord parce qu'elle pastiche le fameux classique de Duvivier, Pépé le Moko, avec Gabin..


L'acteur est alors dans une veine parodique qui lui a permis de tenir le devant de la scène , dans une période totalement dominée par un néo-réalisme triomphant , sublime , mais jamais très rigolo.
Ici, Totò est un marchand ambulant , persuadé d'hériter d'un orchestre à Alger... Alors qu'il hérite d'un gang .
Le metteur en scène , Bragaglia , est un stakhanoviste , qui réalisera une soixantaine de films dans des genres aussi variés que la comédie, le mélo et même le peplum. Il s'agit d'un pur Totò-movie, comme on parlerait d'une Fernandèlerie en France, le film étant prétexte aux efficaces numéros comique de l'acteur. Le temps de Steno et de Mario Monicelli, qui tireront l'acteur vers le haut, n'est pas encore venu...


Bande-annonce du film de Dimanche :



vendredi 8 mai 2015

CINEMA DE MINUIT - UNE OEUVRE D'UN SECOND LEIGH...

Bonjour les amis !

Dimanche, à 00 H 20, sur France 3 : Le Mystère de la Section 8 (1937), de Victor Saville...


Dans la deuxième partie des années 30, l'espionnage a la cote dans le cinéma britannique. Le père Hitchcock n'y est pas pour rien, lui qui a signé son premier grand classique avec L'Homme qui en savait trop , en 1934, pure histoire de barbouzes cachés partout , et voulant faire des misères à un sympathique et tranquille couple de britanniques...




Le succès étant au rendez-vous, il enfoncera le clou avec Quatre de l'Espionnage et Agent Secret, où; là encore, le monde apparaît comme un vaste nid d'espions, prêts à fondre à tout instant...
Il faut dire , aussi, que l'époque est propice à une méfiance entre les nations. L'Allemagne nazie enchaîne les démonstrations de force, et l'éventualité d'une nouvelle guerre s'affirme de plus en plus. L'Invincible Armada , diffusé la semaine dernière, témoignait de l'angoisse britannique face à un potentiel ennemi puissant...
Le producteur Alexander Korda, sentant le filon, décide de pousser encore un peu plus la jeune Vivien Leigh, et de lui donner le rôle principal de cette espionnade. Elle y tient une boutique de vêtements à Stockholm, tout en étant un redoutable agent double, au service de l'Angleterre. Hélas, elle tombe amoureuse d'un séduisant agent ennemi, le baron Karl...
Korda confie la réalisation à l'honnête Victor Saville, dont la carrière de metteur en scène et de producteur sera discrète, mais continue, en Grande-Bretagne comme aux Etats-Unis, où il travaillera notamment pour la MGM.
Il confie surtout le rôle du baron Karl à un acteur qui résume à lui seul tout un pan de l'Histoire du Cinéma et de l'Histoire tout court : Conrad Veidt.

 Cet acteur allemand s'impose dès le début des années 20, en tenant un des rôles principaux du Cabinet du Docteur Caligari, de Robert Wiene, manifeste du cinéma expressionniste.


Durant dix ans , il sera dirigé par les plus important cinéastes allemands, et c'est un des ses compatriotes émigrés, Paul Leni, qui le fera venir à Hollywood pour y incarner son rôle le plus célèbre, celui de L'Homme qui Rit, d'après Victor Hugo.


Il retourne en Allemagne , mais , en 1933, il doit s'exiler, son épouse ayant des origines juives. Il s'installe alors en Grande-Bretagne, où le premier metteur en scène qui fasse appel à lui est ... Victor Saville, pour son premier film, J'étais une espionne. 


Sa carrière continue de plus belle. Hélas, l'âge et le contexte aidant, il passe rapidement des rôles de composition attachants ou pathétiques aux rôles antipathiques , ceux de teutons séduisants mais dangereux .
Seuls les excellents Michael Powell et Emeric Pressburger lui offriront un rôle plus complexe d'officier allemand  dans L'Espion Noir :


Veidt tourne ce film en 39, l'année où il devient officiellement citoyen britannique. Mais la guerre l'incite à un nouvel exil, à Hollywood, où on le cantonnera, là aussi, à des rôles de méchants nazis. Même dans le sublime Casablanca :


La guerre, Veidt n'en verra pas la fin. Il meurt en 1943, d'un infarctus. Ironie du sort, son dernier film a pour titre français : Un Espion a disparu...

Bande-annonce du film de ce dimanche  :





A plus !

Fred.



dimanche 3 mai 2015

CINEMA DE MINUIT - LEIGH/OLIVIER EN FLEURS...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 15 sur France 3 : L'Invincible Armada (1937), de William K.Howard...

Que voilà une belle superproduction britannique, à la distribution prestigieuse ! Cependant, on chercherait en vain, dans les dictionnaires du Cinéma, des infos sur son maître d'oeuvre, William K.Howard, réalisateur américain dont c'est l'avant-dernier film. Sa carrière fut plutôt discrète.
En fait, le film est avant tout l'oeuvre de deux grands producteurs de l'entre-deux guerres :

 Tout d'abord, l'allemand Erich Pommer, l'homme de la UFA, la prestigieuse firme allemande qui allait donner nombre de chefs d'oeuvre durant les années 20 , notamment la plupart des oeuvres muettes de Fritz Lang : Metropolis, , Les Araignées, Les Niebelungen... Il produit et scénarise également L'Ange Bleu de Von Sternberg, avec Marlene Dietrich...


Victime des lois nazies, il s'exile en France, puis en Grande-Bretagne, où il termine sa carrière, avant de partir pour les Etats-Unis, où il connaîtra l'oubli. Précédé par sa réputation, il parvient en Angleterre à mener d'ambitieux projets, tels La Taverne de la Jamaïque, d'Alfred HItchcock, en association avec l'acteur-producteur Charles Laughton, ou cette Invincible Armada, coproduite par l'impressionnant Alexander Korda...

On peut dire que le cinéma anglais doit une fière chandelle à ce hongrois. Avant Korda, la production anglaise était artisanale, souvent bâclée et cheap (un principe de quotas imposait des films anglais en première partie des succès étrangers, ce qu'on a appelé les quota-quickies ), et, surtout, l'art cinématographique était méprisé en Angleterre comme nulle part en Europe ! Korda et ses deux frères fondent alors en 1932 la London Film, dont le but était de donner enfin des films de prestige à la Grande-Bretagne, et même de les exporter !


Et ils y parvinrent, les bougres, en s'associant, d'abord , eux aussi, au tonitruant Charles Laughton, pour qui ils produisirent une Vie Privée d'Henri VIII, qui obtint un succès colossal, et donna un Oscar à Laughton...


Suivirent Rembrandt, et, après l'Armada, le Voleur de Bagdad, Les Quatres Plumes Blanches, et le Troisième Homme, parmi beaucoup d'autres !
Le film de ce soir est moins renommé, mais il a au moins deux qualités.
La première, c'est d'avoir scellé la rencontre d'un couple mythique du cinéma : Laurence Olivier / Vivien Leigh ...

Lui, était alors un jeune premier de théâtre , remarqué, mais souvent attaqué par la critique académique pour son jeu moderne. Il se tourna alors vers le cinéma, où, il tourna, bien plus tard, des versions magnifiques de pièces de Shakespeare !
Elle allait connaître la gloire mondiale deux ans plus tard , en devenant l'immortelle Scarlett O'Hara d'Autant en Emporte le Vent...
Ces deux-là resteront mariés vingt ans...
L'autre intéreêt du film est de réunir tout ce que la Grande Bretagne compte alors de monstres sacrés : Flora Robson, Raymond Massey, Leslie Banks ( qui fut le comte Zaroff !), et même le tout jeune James Mason, au rôle conséquent, mais non crédité au générique ! On sait que les relations ne furent jamais faciles entre Korda et Mason. Représailles ? Le mystère demeure...

Bande-annonce du film de ce soir : 


 A plus !

Fred .