dimanche 29 avril 2012

CINEMA DE MINUIT : DEUX PROIES POUR LE PRIX D'UNE...

Bonjour les amis !

Acte I

Dimanche dernier, à 00 H 20, sur France 3 : "La Proie" (1948) de Robert Siodmak...


 Je ne reviendrai pas sur la régulière excellence des films de Siodmak, j'en ai déjà parlé ici. Mais il faut bien avouer que la Fox  a mis un certain temps à réaliser qu'elle avait un trésor sous contrat : En effet, "Les Tueurs" , qui révéla le réalisateur aux yeux d'Hollywood, est un film Universal, le studio passant plus de temps à prêter Siodmak qu'à l'employer...





Cette erreur fut rectifiée avec "Cry of the City". Le film est en effet assez emblêmatique de ce que pouvait être un film noir hollywoodien bien mené. Au niveau de la mise en scène, tout au moins. En effet, le scénario, opposant un gentil flic et un méchant malfrat, donne raison à la loi et est assez moralisateur; Mais Siodmak transcende joyeusement le matériau : le flic devient un monomanique inquiétant, omnubilé par sa chasse à l'homme, et le malfrat un gosse des rues paûmé, malade, seul.
Pour incarner ces deux figures, Siodmak a à sa disposition deux "cadors" du cinéma des années 40 .
Le flic, c'est Victor Mature :


Quel bel homme, me direz-vous ! Ca tombe bien, c'est pour ça qu'on l'a remarqué ! Ce beau gosse, considéré par la Fox comme le "Betty Grable (star sexy de l'époque) mâle", fut très vite abonné aux rôles où il pouvait exhiber sa belle musculature, comme dans "Samson et Dalila" (1949) de Cecil B. De Mille :



Acteur limité, il est quand même assez convaincant dans "La Proie", ainsi que dans quelques autres films noirs de la Fox, tel "Le Carrefour de la Mort"...
Lucide et doté d'un fieffé sens de l'humour, il se considérait comme la "plus grande fraude d'Hollywood" et, quand on lui demandait son métier, répondait : "golfeur"...

Le malfrat, c'est Richard Conte :

Conte, est , à l'instar de Richard Widmark, intimement lié au film noir américain. Il ne fera presque que cela de l'aube des années 40 à la fin de sa carrière, toujours dans des rôles de mauvais garçon. Il y excelle, faisant passer une belle humanité chez la pire des charognes. Charismatique, juste, bluffant, il n'a , à mon avis, pas la place qu'il mérite dans le panthéon hollywoodien. C'est lui qui porte le film de bout en bout.

Acte II : 

Ce soir, à 00 H 20, sur France 3 : "La Proie du Mort" (1941) de W.S.Van Dyke.
(On remarquera l'imagination débordante des distributeurs français...)


Changement d'univers : nous sommes à la très conservatrice MGM. Changement d'époque aussi : nous sommes avant l'entrée des EU dans le conflit mondial. Le Film Noir n'est pas encore un genre très répandu : la Warner produit des films de gangsters , et , chez Mayer, on parle de films "criminels". Comme on a une haute idée du pays,ces films criminels, on préfère les situer... en Europe, et même en Angleterre, le pays de Sherlock Holmes. C'est le cas ici, où l'on retrouve les so british George Sanders et Robert Montgomery ( papa d'Elisabeth, et futur réalisateur de la fameuse "Dame du Lac" , premier film tourné en caméra subjective )...



La réalisation du film est d'abord confiée à un certain Robert Sinclair, mais , jugé peu efficace, il est remplacé par son exact contraire, W.S. Van Dyke, surnommé "One-take-Woody" (une-prise-Woody) à cause de sa rapidité d'exécution des tournages.
Van Dyke, bien oublié lui aussi, est pourtant un réalisateur souvent talentueux, responsable de la série des "Introuvables" avec William Powell et Myrna Loy, et surtout de "Tarzan l'homme-singe" avec Johnny Weissmuller...



Mais ce palmarès n'empêcha pas les comédiens d'être excédés par ce changement soudain de metteur en scène. Ingrid Bergman, qui venait d'arriver à Hollywood, se sentit rudoyée, elle qui était habituellement chouchoutée par son mentor David O.Selznick; Quand à Montgomery, il snoba le metteur en scène durant tout le tournage... D'après certains critiques, il refusa même de JOUER, au sens expressif du terme , ce qui donne la plus étrange de ses compositions, et fait du film une véritable curiosité...

Bande-annonce :



A plus.
Fred.

vendredi 27 avril 2012

UNE FÊTE PRESQUE GÂCHEE...

Bonjour les amis !
Voilà comment ça aurait dû se passer : Hollande en tête, Mélenchon à 15 %, et Marine renvoyée à ses chères études boulangistes... Au lieu de cela, nous avons vu, certes, Sarkozy se faire chourer la première place en beauté, mais nous avons vu, et c'est grave, ô combien, le Front National se présenter comme la future force d'opposition de droite, quand la droite sera devenue l'extrême-droite. Résultat des courses  : Hollande va très certainement être notre prochain président, certes, mais il va hériter d'un pays malade. Malade d'une droite explosée, tirée entre son passé résistant et son passé collaborateur, et portée par une jeunesse inculte. Mais également malade , il faut bien regarder les choses en face, d'une gauche qui a échoué à être la porte-parole des faibles, des précaires, des ouvriers, des chômeurs. La gauche , et même l'extrême-gauche, reste le parti des classes moyennes, des fonctionnaires, des artistes. Mélenchon n'a pas démérité, oh non, mais il a échoué ( pour l'instant !) à incarner une voix contestataire de gauche rassembleuse. Comme si la misère donnait aux gens le goût du vide, le désir de mort. La seule bonne nouvelle de cette élection est donc le probable renvoi de Sarkozy. On aurait envie de lui botter mille et mille fois le derrière : non seulement il a incarné , pendant cinq ans, une République cynique, inculte et intéressée, mais il a fait baisser de manière significative le niveau de la politique en France. Et sa manière de récupérer sans scrupules presque mot pour mot certaines thèses du FN est le dernier épisode d'une sage piteuse, immorale, dégueulasse. On disait que le FN devait beaucoup à Mitterrand. Il devra encore plus , dans les années qui viennent, à Sarkozy, à son mépris des autres et surtout de lui-même.
A plus.
Fred.
Bonus (cliché, mais j'ai pas mieux) :
PS : On me dira que je vends la peau de l'ours. Et si Sarkozy repasse ? Je n'imagine même pas cette hypothèse. Question d'hygiène.

jeudi 19 avril 2012

CINEMA DE MINUIT - PROLOGUE...

Bonjour les amis !

Dimanche soir, à 00 H 20, Sur France 3 : "La Proie" (1948) de Robert Siodmak...


Pour cause de planning chargé, je vous parlerai de ce film dans le courant de la semaine prochaine...

A plus.
Fred.

dimanche 15 avril 2012

CINEMA DE MINUIT - LA BEAUTE CACHEE DES LAIRDS, DES LAIRDS...

Bonjour les amis !

ce soir, à 00 H 20, sur France 3, début d'un cyle "Films Noirs" avec "Hangover Square" ( 1945) de John Brahm...


John Brahm est connu des historiens du cinéma pour deux films noirs flamboyants : "Jack L'Eventreur" (1944) et ce "Hangover Square", où il dirige Laird Cregar, dont ce sera le 16 ème... et dernier film.


Venu de Broadway, où il jouait Oscar Wilde, Cregar est remarqué par la Fox au début des années 40. Après quelques seconds rôles dans des films importants, il se fait remarquer en flic inquiétant dans le premier film noir du studio : "I Wake up Screaming " (1941) :



Ce qui l'amène , l'année suivante, à jouer le superbe "grand méchant" de "Tueur à Gages", aux côtés de Veronica Lake et Alan Ladd :



Sa carrière est lancée, mais son physique massif et imposant le condamne aux rôles charismatiques et négatifs. Sa rencontre avec Lubitsch n'y changera rien , le cinéaste de l'élégance lui confiant, dans son "Ciel peut attendre", le rôle... du diable !



C'est en 1944 que le drame se joue . La rencontre John Brahm/Laird Cregar s'avère miraculeuse, et "Jack l'Eventreur" (1944) est un énorme succès. Cregar devient une star, mais il y joue, une fois encore, le rôle d'un assassin.
L'acteur n'en peut plus. Il voudrait jouer des rôles positifs , des jeunes premiers, mais les producteurs lui rient au nez. Il décide alors de s'imposer des cures d'amaigrissement drastiques et se gave d'amphétamines pour tenir le coup.



Mais les producteurs , s'acharnant à renouveler le succès de "L'Eventreur", lui confient dans "Hangover Square" le rôle d'un compositeur atteint de folie meurtrière.
Cregar perdra son pari de façon définitive : à l'issue d'une opération à l'estomac, il succombe à une crise cardiaque le 2 Décembre 1944.
Hollywood n'était pas tendre avec les "ronds" . Une dizaine d'années plus tard, Raymond Burr, pour sortir des rôles de tueurs et d'hommes de main, s'en ira... à la télévision incarner l'avocat Perry Mason...

Bande-annonce de "Hangover Square" :



A plus.
Fred.

lundi 9 avril 2012

LA GRANDE PARADE DES DESSINS ANIMES DU LUNDI DE PÂQUES...

Bonjour les amis !

En hommage aux poules et aux lapins qui se sont fait bouffer tout crus ce week-end, voici quelques cartoons de circonstance :

Tout d'abord, "Porky's Poultry Plant" (1936) de Frank Tash(lin) :



Ensuite, "Happy-Go-Ducky", un Tom & Jerry de 1958 :



Et, enfin, à déconseiller aux âmes sensibles, la "Silly Symphonie" la plus cucul-la-praloche de Disney (c'est dire ! ) : "Funny Little Bunnies" ( 1934 - Tout est dans le titre ! ):



Enjoy !

A plus.
Fred.

vendredi 6 avril 2012

CINEMA DE MINUIT - TITANIC, GROSS MALHEUR...

Bonjour les amis !

Dimanche soir, à 00 H 20, sur France 3 : "Titanic" (1943) de Herbert Selpin et Werner Klingler...


A l'occasion de la sortie 3D du pachyderme de James Cameron, le CDM nous offre une autre version du fameux naufrage, celle produite... par l'Allemagne nazie !
Et en effet, nous sommes ici en pleine propagande : le film repose sur l'opposition entre le lieutenant allemand Petersen, et les infâmes entrepreneurs, qui poussent le navire à sa perte, et qui sont évidemment... anglais.
Le film est hélas, surtout connu pour ses coulisses sordides. Le réalisateur Herbert Selpin, dont c'est le deuxième film, était d'un naturel colérique et franc. Et ses délarations sarcastiques sur la guerre, qui était en train de mal tourner pour le Reich, arrivèrent aux oreilles de Goebbels, qui le convoqua dans son bureau... où il le fit arrêter par la Gestapo.
Le lendemain, il fut retrouvé pendu dans sa cellule, officiellement "suicidé", ce qui ne trompa personne.
Ce fut donc Klingler qui termina le film...qui ne sortit pas. Goebbels craignait en effet que les scènes de panique, assez réussies, n'évoquent aux Allemands les bombardements alliés qui s'accentuaient alors sur le pays...
A naufrage, naufrage et demi...

Bande annonce :



Ainsi que celle , tant qu'on y est, de la version britannique de 1958, "Atlantique Latitude 41", signée Roy Ward Baker :




A plus.
Fred.