samedi 29 septembre 2012

CINEMA DE MINUIT - UN CASTING A DAMNER UN SEIN...

Bonjour les amis !

Demain, soir, sur F3, à 00 H 25 : "La Chaleur du Sein" (1938) de Jean Boyer...


Après "Un Mauvais Garçon" diffusé il y a quelques semaines, nous retrouvons le prolifique et si inégal Jean Boyer. Ici, il adapte une pièce signée par l'obscur André Birabeau. Classé parmi les "auteurs gais", comme on disait à l'époque, il est l'auteur pour le théâtre de "On a trouvé une femme nue" ou encore d'"Une Sacrée Petite Blonde" ! Ca laisse songeur...
Soyons clairs : comme il le fera très souvent, Boyer s'appuie ici sur ses acteurs , 5 "monstres sacrés " absolument tous terrains. D'abord, Arletty .

Arletty qui est alors dans sa période faste , tournant jusqu'à quatre films par an . Cette année 1938, elle tourne dans "Le Petit Chose" , de Maurice Cloche, d'après Daudet, et, bien sûr, dans le fameux "Hôtel du Nord" de Carné et Jeanson, avec Jouvet :


Ensuite, Michel Simon, qui , depuis l'échec du "Boudu sauvé des eaux" de Renoir, dont il était acteur et producteur, n'était plus très regardant sur les choix de ses films.


Ami d'Arletty, ils se retrouveront souvent sur les plateaux, pour le "Fric-Frac" d'Autant-Lara ou "Circonstances Atténuantes" , encore de Boyer, où ils créent la mythique chanson "Comme de Bien Entendu" :

On trouve également deux fameux seconds rôles : Pierre Larquey et Gabrielle Dorziat.




Dorziat est déjà une doyenne du théâtre français quand le cinéma la happe, dans les années 30. Il ne la la lâchera plus jusqu'au milieu des années 60. Jouant aussi bien des mères attentionnées que des douairières tyranniques, elle tiendra la dragée haute aux plus grandes gueules du cinéma français , d'Harry Baur à Gabin en passant par Fresnay, sans jamais tomber dans la caricature...
Autre grande dame du théâtre : Marguerite Moreno .
Elle entre très jeune à la Comédie-Française, côtoie Stéphane Mallarmé, Paul Valéry ( qui dira d'elle qu'elle était la seule actrice à savoir dire des vers), Colette et Sarah Bernhardt. Après s'être tournée vers le registre de la comédie, elle est, elle aussi, captée par le cinéma dès le début du parlant,  pour des rôles de grande vieille dame fofolle ou cassante. Elle fut l'une des actrices fétiches de Guitry , et le grand public se souvient d'elle dans "Le Roman d'un Tricheur".



 Néanmoins, son plus beau rôle au cinéma, et un des ses derniers,  fut  dans le "Douce " d'Autant-Lara (1943) en marâtre sans pitié :


Bref, ce film promet d'être un régal de numéros d'acteurs... Ce qui est une des délicieuses spécificités du cinéma français des années 30...

Extrait du film, avec Simon et Moreno :



A plus.
Fred.


lundi 24 septembre 2012

LES CAVES SE REBIFFENT...

Bonjour les amis !

Que se passe-t-il dans le monde merveilleux de la promotion audiovisuelle ?
Episode 1 : Jeudi matin, Joey Starr, en tournée de promotion pour la probable bouse "Les Seigneurs", colle un lapin de dernière minute à l'émission matinale de Pascale Clark, pourtant une de ses plus gloussantes groupies...
Episode 2 : le même Joey Starr, invité le même jour sur RTL-TV, prend la mouche après un "chut" (??!!!) du présentateur et bousille carrément l'interview, au grand dam de Gad Elmaleh, également invité...


Episode 3 : vendredi, la chanteuse Jenifer colle à son tour un lapin de dernière minute à Catherine Ceylac et à son émission "Thé ou café" sur France 2. L'animatrice vexée conseille alors à la chanteuse de changer de métier...
Episode 4 ou "le pompon" : le manager de la chanteuse justifie le lapin de Jenifer en arguant qu'elle "n'aime pas parler d'elle" !

Je n'aime pas beaucoup parler de ces incidents médiatiques qui sont un peu le degré zéro de la polémique. Mais il n'est pas interdit de rêver . Et si c'était une vague de fond ? Si ces "peoples", "bons clients", "artistes populaires" , que leurs bailleurs de fonds somment d'aller vendre le dernier navet ou la dernière ritournelle sur tous les plateaux, dans tous les studios pendant quinze jours, si ces marionnettes-là refusaient tous, un beau jour de jouer le jeu ? De balancer les mêmes clichés insipides, les mêmes qualificatifs calculés pour appâter le chaland ? Si les caves se rebiffaient ?

Eh bien, les journalistes , dépités, désoeuvrés, n'auraient plus qu'une seule solution :
inviter des artistes qui n'ont pas d'actualité !
Délivrés de l'obligation de résultat et de la parade mercantile, journaliste et invité pourraient enfin passer aux choses sérieuses...

I have a dream !

A plus.
Fred.

dimanche 23 septembre 2012

CINEMA DE MINUIT - IL EST LIBRE, MAX...

Bonjour les amis !

Ce soir, à OO H 25, sur France 3 : " Divine" (1935) de Max Ophüls...


Wow ! Derrière l'écran, que du beau linge ! D'abord le jeune Max Ophüls. Comme le Billy Wilder de "Mauvaise Graine" , Ophüls, juif,  s'est enfui de l'Allemagne nazie pour se réfugier en France. Là-bas, il avait pourtant commencé à se faire remarquer en tant que metteur en scène, notamment avec "Liebelei", inspiré de la pièce de Schnitzler, avec en vedette Magda Schneider, la maman de Romy :


( On notera au passage la ressemblance troublante entre Magda, sa fille, et même sa petite-fille, Sarah Biasini...)

Mais en France, Ophüls repart à zéro, qui plus est dans un cinéma français alors fort xénophobe. Le 6 Fèvrier 34 est passé par là... "Divine" est donc une commande, et qui plus est une commande de seconde main : le film devait être à l'origine réalisé par le piteux Jean Tarride...
Mais Ophüls bénéficie quand même d'un scénario et de dialogues signés par madame Colette elle-même.
Celle-ci traverse alors une mauvais passe financière ( ça coûte cher, la patée pour chats !) et le cinéma parlant nouveau-né a besoin de dialoguistes... Colette fournira beaucoup dans ces années-là, mais paradoxalement, ses contributions cinématographiques ne vaudront jamais les adaptations de ses oeuvres par d'autres...
La distribution est plus inquiétante.. Le rôle principal féminin est en effet incarné par Simone Berriau.


Sa renommée, Berriau la doit surtout à l'Opéra-Comique , où elle chante dès le milieu des années 20. Mondaine, amie des arts et lettres , comme on dit, elle se lie d'amitié avec, excusez du peu, Jouvet , Chaplin ... ou Colette . En 1935, un problème de cordes vocales lui fait abandonner le chant. Elle se lance alors dans le cinéma, où elle ne restera pas dans les mémoires, même si Ophüls lui offre son meilleur rôle, pas dans "Divine" ,mais dans son film suivant, "La Tendre Ennemie" (1936).
En 1942, elle se recycle , avec cette fois un grand bonheur : elle devient directrice du Théâtre-Antoine, poste qu'elle occupera jusqu'à sa mort , en 1984 . On lui doit, et ce n'est pas rien, la création de pièces de Jean-Paul Sartre, de Pinter ,d'Arthur Miller ... En 1956, elle donne également sa première chance au jeune Peter Brook...
Son partenaire masculin est Georges Rigaud.

Argentin d'origine, il est révélé par "Quatorze Juillet" de René Clair . Il traînera sa silhouette jusqu'à l'Occupation, où il repart pour l'Argentine... Il mène à partir de là une carrière internationale, mais dans des rôles de plus en plus secondaires  il ne cessera cependant jamais de tourner jusqu'à sa mort, en 84 également.
Ces deux comédiens paraissent  un peu faiblards pour porter cette histoire déjà balourde d'une fille de la campagne s'essayant au music-hall et perdant ses illusions...
Plus intéressants sont deux des seconds rôles présents dans le film : Gina Manès, d'abord .


 Véritable icône du cinéma muet français, on la surnommait "La Vamp aux yeux d'émeraude". Elle passe avec succès le passage au parlant... mais prend le risque, en 1931, de faire une pause, pour partir ... tenir une cantine routière près de Marrakech, au Maroc ! Quand elle revient deux ans plus tard, les places de séductrices sont prises .Elle surnagera alors difficilement, de seconds en troisièmes rôles, et sera même dresseuse de tigres à Médrano !

Et puis l'on aperçoit également, dans ce film ... Philippe Hériat.






Philippe Hériat , comédien et assistant depuis le début des années 20, et qui , parallèlement, écrivait des romans.  Il obtient  le Prix Renaudot en 31 pour "L'Innocent ". Ce qui changera la donne .  Il publiera en 1939 le premier volume de sa fameuse saga "Les Boussardel". "Divine" est son dernier film en tant qu'acteur.

Bref, un film sans doute mineur, à voir par curiosité....

A plus.
Fred.









vendredi 21 septembre 2012

DROIT DE SUITE...

Bonjour les amis !

Quelques remarques en vrac sur le sujet qui nous occupe depuis quelques jours :

Il s'avère que les 250 pinpins , déjà pas nombreux, donc, qui ont soi-disant mis le feu aux rues de Paris samedi dernier n'étaient en fait que... 180 !
Hum. Toute cette histoire devient carrément ridicule. Combien on parie que si, demain, il y a un seul manifestant dans la rue, les journaux titreront quand même "Peur sur la Ville" ?

*

Hier, dans "La-Bas si j'y suis" sur Inter, Daniel Mermet regrettait que Charlie Hebdo ne prenne pour cibles que les musulmans, et n'ait pas d'autres centres d'intérêts. Bon, le connaissant comme on le connait, je suppose que ce bon Daniel voulait parler d'Israël. Comme quoi, lui non plus, il n'a pas vu le rabbin sur la couverture. C'est dingue, les effets de la crise : plus personne peut se payer l'ophtalmo...

*

Le Prix Albert Londres est remis à la pathétique Dorothée Olliéric ( ça rime !), envoyée spéciale de France 2 à Tunis, qui a posé cette question ahurissante à une ressortissante française mise sous surveillance :
- Et vous, vous en voulez à Charlie Hebdo ?
Ce à quoi la brave dame répond , bien sûr :
- Ah bah oui, ah oui, je leur en veux !
 Le ressenti primaire comme vérité ultime. Le degré zéro. Le monde comme une cour de récré ou une émission de Delarue.
Bientôt, on demandera aux chômeurs :
-Vous n'avez plus de travail. Vous en voulez à François Hollande ?
Et aux riches :
- Vous êtes obligés de partir en Belgique. Vous en voulez à la France ?
Et surtout :
- Vous ne comprenez rien à ce qui se passe dans le monde . Vous en voulez à France 2 ?

*

Et  pour en finir, voici un dessin, datant, je crois, de la première affaire des caricatures, et qui résume assez bien la problématique qui nous occupe :


A part ça, il faudra vraiment que je vous parle de l'évêque Barbarin...

A plus.
Fred.


 



jeudi 20 septembre 2012

KSS KSS !

Bonjour les amis !

Hier matin, je suis allé acheter mon petit Charlie Hebdo à la Maison de la Presse de Nieuil. J'ai regardé la couverture, j'ai souri. Comme d'hab. Une fois rentré chez moi, j'ai parcouru le journal. Beaucoup de dessins autour des islamistes et de Mahomet. Normal, c'est l'actu. La matinée se passe.
A 13 H, j'allume la télé et tombe sur une Elice Lucet catastrophée qui m'annonce en vrac que Charb est sous surveillance policière, que les autorités religieuses sont outrées et que le gouvernement calme le jeu. Je me dis que tiens, c'est mercredi, pas de blockbuster à se mettre sous la dent, alors on gonfle une petite provoc' locale, pour respecter la loi du kilomètre, voir l'article de lundi. La journée se passe.
Le soir, à 20 H, j'allume la télé et je vois mon Pujadas qui joue les Roger Gicquel en commençant son journal par "La France en Arlerte, la France qui se protège !" ( authentique, j'ai vérifié sur leur site !) . Un peu plus loin, il attire notre attention sur le fait que vendredi, c'est le jour de la prière, et que , samedi, une nouvelle manifestation est prévue. Cette info, il va nous la rebalancer deux-trois fois au cours du JT. Bon.
Comme l'époque est à la prise de risque, je vais en prendre un en me livrant à un exercice éthiquement contestable : le procès d'intention. C'est parti.
Je ne pense pas que Charlie air fait particulièrement preuve d'irresponsabilité en sortant ce numéro dans le contexte actuel . Le journal n'a fait que réaffirmer une position qu'il tient depuis des années, celui d'un athéisme militant et donc d'un anti-islamisme radical. Qu'il en ait profité pour vendre plus de journaux que d'habitude , on s'en fout, le Nouvel Obs fait bien des couvs de cul tout l'été pour les mêmes raisons...
Par contre, que les rédactions françaises , qui avaient déjà stupidement amplifié la manif de samedi dernier, en rajoutent une ENORME couche, c'est beaucoup plus grave. Soyons clairs : c'est la première fois, dans ma longue mémoire de téléspectateur, que j'assiste à la création d'une panique. A la base, il n'y a pas grand'chose, pas de violence, pas d'attentat, et on donne l'impression à la population que l'Etat d'Urgence est imminent. Que ça va péter ! (manif de Samedi...)
Pourquoi ? Certains disent déjà que c'est pour passer sous silence , pendant ce temps-là, la signature scélarate du Traité Européen. Cela voudrait dire que tout ce qui s'est passé les derniers jours aurait été conçu dans ce but, y compris le film islamophobe. Je n'y crois guère.
En revanche, il suffit de voir briller l'oeil de Pujadas pour se dire que , tout simplement, les rédactions françaises ... Souhaitent que ça pète. Veulent que ça pète. Pourquoi ? Parce que ça ferait de l'évenement. Des éditions spéciales. Des flashs. Des invités. Et pourquoi pas un grand débat en prime-time ?
Dopés au scoop, dépendants de la méga-info, disons-le, du coup de théâtre, du cliffhanger , les journalistes , surtout télé et radio, consciemment ou non, excitent  la bête. Souhaitent  le débordement. Poussent au crime.
Ce n'est pas Charlie qui "jette de l'huile sur le feu". Non, non.
Dans le JT de 20 h de France 2 diffusé hier, c'était flagrant. Vous pouvez aller voir vous-même, il est encore en ligne.
C'est juste une hypothèse. Un postulat. Mais la vache, depuis hier soir, c'est une chose qui me taraude.
Une dernière chose pour appuyer mon bidule : sur la couverture en question ( image ci-jointe) , il y a un rabbin qui pousse la chaise de l'imam. Cette couverture évoque donc  la mansuétude des autorités par rapport aux religions minoritaires en général.  Or, à ma connaissance, la présence de ce rabbin n'a jamais été évoquée par les média. Pourquoi ? Parce que cela nuance le propos. Et personne ne veut nuancer le propos. Au moins, jusqu'à samedi.


A plus.
Fred.

lundi 17 septembre 2012

LA LOI DU KILOMETRE...

Bonjour les amis !

La loi du kilométre m'agace.
La loi du kilomètre, c'est cette affirmation "magique", en cours dans les rédactions, qui dit que  plus les choses se passent près de chez eux, plus les gens s'y intéressent. Et on hiérarchise l'information en fonction de cette fameuse "loi".
Résultat : pendant toute la semaine dernière, l'embrasement du monde musulman suite à ce fameux film islamophobe diffusé sur Internet a été reléguée à la deuxième, voire troisième place du JT. Hier midi, le sujet a même été traité après les Journées du Patrimoine !!
Or cette histoire pue vraiment, quelque soit le bout par lequel on la prenne.
Parce que c'est ahurissant de voir qu'un simple film bâclé et haineux, lâché sur la toile, peut avoir de telles conséquences géopolitiques.
Parce qu'un ambassadeur américain a trouvé la mort lors de ces émeutes, et que ce n'est pas anodin, même si cette mort s'avère accidentelle.
Parce que la haine amène la haine, et que je n'ai aucune envie de voir ce mormon de Romney à la Maison Blanche dans les circonstances actuelles.
Et aussi parce qu'il y a un an, des experts en géopolitique  nous expliquaient qu'il y avait fort peu de chances de voir la Tunisie, l'Egypte, la Lybie, sombrer dans l'islamisme. Qu'ils étaient trop "occidentalisés" pour ça.
Tiens, beurre...
L'Histoire nous a appris qu'une minorité bête et violente PEUT imposer sa loi à une majorité qui a peur. En ce moment, en Egypte, à Tunis, les laïques ont peur... Génial...
Et je ne parle pas des bonnes âmes, qui trouveront toujours des raisons pour excuser les fantiques au nom de la lutte contre l'impérialisme américain...
Bref, on sous-estime ce climat international.
Par contre, que 250 pinpins, salafistes ou pas, désoeuvrés ou non, voilés ou nu-têtes, viennent faire les intéressants à deux pas de l'Elysée, et là, on fait l'ouverture du JT !! Le ministre Valls-expulseur-de-roms arrive en trombe, s'indigne, agite les bras comme un vulgaire Guéant et se pose en garant de l'ordre !! Le nouveau nom pour "dangereux méchant" n'est pas "musulman" (comme j'ai pu le lire sur certains réseaux sociaux ) , mais salafiste. La France de 2012 s'est trouvée de nouveaux croquemitaines. Et l'extrême-gauche, de nouveaux martyrs douteux.
Or, 250 personnes, à Paris, ce n'est rien. Il y a plus de monde à l'entrée des Galeries Lafayette le premier jour des soldes...
Donc, la loi du kilomètre joue le rôle d'une loupe, certes, mais une loupe déformante. Si il y a de l'inquiétude à avoir, c'est dans l'avenir de ces révolutions arabes, sur laquelle la religion est en train de chier, comme elle l'a toujours fait.
Tiens, d'ailleurs, à ce propos, il faudra que je vous parle du père Barbarin...

A plus.
Fred.

Bonus : l'attitude des média français me rappelle celle de ces gardes, guettant l'arrivée de John Cleese/Sir Lancelot dans "Sacré Graal"...



dimanche 16 septembre 2012

CINEMA DE MINUIT - LA FEMME DE L'ATLANTIDE...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 25, sur F3 : "L'Atlantide" (1921) de Jacques Feyder...



( De bien jolies affiches, pour le coup, j'en mets deux...)

Il est difficile de s'imaginer aujourd'hui le succès que rencontra , à l'aube des années 20, "L'Atlantide",  roman de Pierre Benoît. Cette histoire de deux officiers perdus dans le désert du Sahara, rencontrant un royaume inconnu dirigé par Antinéa, fille de Neptune, permit à la France d'oublier la misère consécutive à la Première Guerre Mondiale. Ce mélange de romantisme, d'évasion  coloniale et de fantastique avait tout pour atterrir sur le grand écran. On dénombre au moins quatre versions filmées du roman.
Celle qui est proposée ici est la première, tournée peu de temps après le sortie du roman . Elle est dûe à Jacques Feyder, dont c'est le premier long métrage.


Feyder fut considéré longtemps comme un des plus grands cinéastes de la première moitié du XXème Siècle. Son étoile pâlit sous les coups de boutoir des critiques de La Nouvelle Vague, qui l'éreintèrent, lui et René Clair, afin de mieux encenser Renoir...
Cinéaste d'origine belge, Feyder fait ses classes dans les années 10, à la Gaumont, aux côtés de Louis Feuillade ( on l'aperçoit, faisant de la figuration dans "Les Vampires"), puis il passe à la réalisation de courts métrages.
"L'Atlantide" est son premier "grand" film , et ce n'est même pas une métaphore. Il dure en effet trois heures ! (certaines fiches techniques indiquent même 3 H 30 !) Pour son coup d'essai, le réalisateur a bénéficié d'un budget considérable, qui lui a permis d'aller tourner sur les lieux mêmes de l'action, au Sahara ! Grande innovation pour l'époque...
Cette dimension documentaire , ainsi que la renommée du livre, expliquent sans doute le succès commercial du film. Qui, il faut bien le dire, a vieilli. Trop long, il pâtit également d'une distribution assez fade : Jean Angelo, Georges Melchior (qui jouait Fandor dans les "Fantômas" de Feuillade) et surtout l'actrice principale, Stacia Napierkowska, ancienne partenaire de Max Linder , qui ne parvient pas à donner à Antinéa le charme et le magnétisme indispensables au personnage...


A l'image de ce film, tout n'a pas bien supporté les outrages du temps, dans l'oeuvre de Feyder, mais il ne faut , en tous cas,  pas passer à côté de son chef d'oeuvre, "La Kermesse Héroïque" (1935), fleuron du réalisme poétique et hommage réussi à la Flandre et à ses peintres...


Quand à l'Atlantide, on la reverra en 1932, sous la houlette inspirée de Pabst ( avec la belle Brigitte Helm, vue dans "Métropolis", et... Jean Angelo, reprenant son rôle dix ans plus tard !) :


Ou en 1961, dans la version foutraque et kitschissime d'Edgar G.Ulmer...


Extrait du film de ce soir :


A plus.
Fred.

PS :  RIP Pierre Mondy, qui disait, à propos de sa prestation en Napoléon dans l'"Austerlitz" d'Abel Gance ( 1960) :""Pour interpréter Napoléon, il faut mettre la main dans son veston, regarder au loin et penser à ses impôts...".







vendredi 7 septembre 2012

CINEMA DE MINUIT - MIRLIFLORES EN COULEURS ?

Bonjour les amis !

Dimanche soir, sur France 3, à 00 H 25 : "Les Gaietés de l'Escadron" (1932) de Maurice Tourneur...


Ce film est peut-être le seul "vaudeville millitaire" , genre florissant au début du parlant, qui ait encore un écho aujourd'hui et soit régulièrement rediffusé... La raison en est simple : la distribution comprend trois "monstres sacrés" , Raimu, Fernandel et Gabin. Tous trois, s'ils avaient déjà de bonnes heures de vol sur les planches de music-hall, n'avaient guère plus de deux ans d'expérience cinématographique : Raimu , par exemple, venait juste de devenir une vedette populaire avec "Marius" et "Fanny"...


Fernandel, lui, commençait à se faire un nom dans quelques films, dont "Le Rosier de Madame Husson" :


Quand à Gabin, séparé de sa partenaire Gaby Basset , pour l'instant, il n'était pas grand'chose, si l'on excepte sa prestation dans "Coeur de Lilas" (1931) où il créa l'immortelle "Môme Caoutchouc" :


Maurice Tourneur, lui, était déjà un cinéaste réputé, et actif depuis les années 10. Il fut le premier cinéaste français à s'imposer à Hollywood, où il demeura de 1914 à 1927 , signant, entre beaucoup d'autres, "Le Dernier des Mohicans", "L'Ile au Trésor", ou "Victory" :


Nombre de critiques ne tarissent pas d'éloges sur ces "Gaietés" , saluant une satire grinçante de l'armée et des scènes hilarantes. Pour avoir vu plusieurs fois le film, j'avoue ne pas être de cet avis. D'abord, l'aspect satirique et antimilitariste se trouve déjà  dans l'oeuvre originelle de Georges Courteline. Ensuite et surtout, le film me semble contenir tous les défauts techniques du début du parlant : caméra paresseuse, action lente, jeu théâtral et son très très approximatif, parfois à peine audible (quoique la restauration récente aura peut-être corrigé ce dernier grief). Si Raimu compose en effet un capitaine Hurluret assez réjouissant, il semble comme en roue libre, et Fernandel itou. L'humour y est daté, et fait vraiment penser aux comiques troupiers type "Bach et Laverne" encore très populaires à l'époque. Bref, si je voulais faire partager à un ami néophyte mon amour pour le cinéma des années 30, je ne commencerai certainement pas par ce film-ci. Tourneur fera bien mieux les années suivantes...
Le seul intérêt de la nouvelle diffusion de ce film vieillot est qu'il s'agira peut-être (je n'ai pas réussi à avoir d'infos précises là-dessus) de la version restaurée récemment par Pathé , et qui comporte certaines séquences... en couleurs ! Certaines copies du film avaient été  , en effet, à l'époque, coloriées au pochoir ( c'est-à-dire artisanalement, image par image, par des petites mains !). Lors de la restauration, certaines scènes couleur  "survivantes" ont ainsi été intégrées à l'ensemble.
¨
Pour ma part, je reverrai le film depuis mon petit meublé douillet de la Vallée de la Jordanne, dans le Cantal, où je passerai la semaine...


A dans huit jours !
Fred.




mardi 4 septembre 2012

D'OU TU PARLES, TOI ?

Bonjour les amis !

A l'occasion de cette rentrée, le ministre vintage Vincent Peillon ( on le croirait sorti du Cartel des Gauches !) annonce le retour de l'enseignement de la "Morale Laïque" ! Bof pour le terme, qui évoque les taches d'encre, le sépia et l'encaustique, mais allons-y pour l'idée, quoiqu'il faudrait s'entendre dessus... Et d'ailleurs, de nombreux philosophes discutent déjà du bidule , et c'est bien normal.
Mais cette actu était aussi , pour moi, un test. Je me demandais si les médias iraient le chercher, LUI, pour donner son avis sur le sujet. Eh bien oui, évidemment, le système médiatique français, avec son Q.I. d'huître et sa mémoire de poisson rouge (ça sent la marée !) a donné droit dans le panneau : ils sont allé voir LUC FERRY !
Oui, Luc Ferry ! L'homme qui a séché l'école à l'Université Paris-Diderot pendant un an , tout en étant payé, et juste avant de toucher une grasse retraite pour solde de tous comptes, l'homme qui a balancé à moitié un de ses collègues en direct au Grand Journal, vient à présent nous parler de morale ! C'est énorme !
Al Capone n'était pas libre ?
Le professeur Servier était en vacances ?
Patrick Balkany n'était pas levé ?
La capacité d'amnésie, la paresse intellectuelle , les agendas d'une demi-page sont-elles une spécificité française ? Vous avez quatre heures...

A plus.
Fred.

En bonus et pour illustrer mon propos : le piteux clip de rentrée de Sciences-Po TV !!
Aspirants Journalistes de France, formez-vous à France 3 Limoges ! C'est moins cher et c'est pas pire !

dimanche 2 septembre 2012

CINEMA DE MINUIT - CINEMA D'OPERETTE...

Bonjour les amis !

Ce soir, sur France 3, à 00 H 20 : "Valse Royale" (1935) de Jean Grémillon...


Jean Grémillon, déjà évoqué ici à propos de son chef d'oeuvre "Lumières d'Eté", diffusé en Mars dernier au CDM, n'est pas seulement un des cinéastes les plus importants des années 30-40. Il est aussi, hélas et surtout, un cinéaste "maudit". Venu du documentaire à la fin des années 20, il commence à se faire remarquer en coréalisant avec le grand acteur de théâtre Charles Dullin le superbe "Maldone" :



En 1930, il réalise son premier film parlant "La Petite Lise", essai précoce de réalisme poétique :





 
.Hélas, le film est un échec cuisant, qui provoque son renvoi de la firme Pathé-Natan et sa quasi-mise au ban de la profession. Il va ainsi pendant quelques années de basses besognes en fades commandes.
"Valse Royale" fait hélas partie du lot de cette traversée du désert. Le projet est monté pour tenter de rebooster (déjà) la carrière d'Henry Garat ( voir chronique CDM du 19/08). Il appartient à la vogue déjà faiblissante des opérettes filmées. Il faut savoir qu'au début du parlant, les producteurs et le public ont particulièrement goûté ces historiettes musicales , situées en général quelque part dans l'empire austro-hongrois ( les critiques de l'époque les appelaient d'ailleurs des "viennoiseries"). L'exemple venait d'Hollywood, où Lubitsch, en particulier, avait donné ses lettres de noblesse au genre, avec "Parade d'Amour " dès 1929 :


Le genre connut alors un vrai succès , pendant quelques années, avant de lasser. Garat s'étant principalement illustré dans ce genre , il devait s'écrouler avec lui. "Valse Royale" ne rencontra pas le succès escompté.
La partenaire de Garat est ici Renée St-Cyr.


Comment dire ? Très populaire à l'époque, Renée Saint-Cyr , dans ses rôles d'alors, laisse aujourd'hui perplexe. son jeu souvent faux, ses attitudes figées passent difficilement la rampe .
Elle aurait tranquillement sombré dans l'oubli si elle n'avait pas été la maman de... Georges Lautner, qui, dans ses productions des années 60-70, lui donna des seconds rôles de choix, souvent dialogués par Audiard, comme ici , aux côtés de Paul Meurisse dans "Le Monocle Rit Jaune " (1964) :


Ce qui  lui permit, en fin de carrière, d'être l'une des "gardiennes du bon goût" du mythique "Palace" !


A plus.
Fred.







samedi 1 septembre 2012

LE CHANGEMENT, C'EST PAS MAINTENANT ...

Bonjour les amis !

Il ne nous aura même pas fallu attendre la rentrée des classes pour assister aux premiers reniements du gouvernement socialisto-normal.
Le plus anodin fut celui sur le blocage du prix des carburants. Au fond, personne n'y croyait, à ce gadget, qui faisait un peu "on rase gratis" ou "on fait sauter les contredanses". Qui allait se couper un bras pour faire plaisir à Auto-Plus ? Les producteurs de pétrole ? Ils ont les cartes en main. L'Etat ? Il a besoin de sous, c'est pas le moment de baisser les taxes. Restent les distributeurs, toujours avides de se faire de la bonne publicité . Donc , c'est parti, Leclerc et Super U annoncent le carbu à prix coûtant ... pendant un mois ! Après, il sera toujours temps de faire de la promo sur autre chose, puisque tout va augmenter...
Le reniement le plus fourbe concerne la fameuse "règle d'or" , limitant les déficits publics à 0,5%. Se vautrant dans l'indignation pour refuser son inscription dans la constitution il y a quelques mois,  les socialistes , en tous cas une majorité d'entre eux, seraient prêts à l'accepter dans le cadre de la ratification du Traité de Bruxelles. Pas joli, joli. Et dangereux.
Mais le reniement le plus spectaculaire et le plus dégoûtant est bien sûr celui qui concerne le sort réservé aux Roms. En effet, en France, on continue à détruire des camps de roms... sans solution de secours durable. Est-ce à dire que Valls = Guéant ? Mais non, voyons ! Là où Guéant expulsait les roms par racisme et aigreur ( oh le méchant !), Valls le fait par humanisme et charité (oh le gentil !) :



Notre camarade Hervé Guyonnet peut en prendre de la graine : quel beau tour de prestidigitation !
Tout ça pour dire, les amis, que vous avez intérêt à vous procurer rapidement des pastilles Rennie ou du bicarbonate de soude : nous allons avoir beaucoup de couleuvres à avaler, cette année !

Haut les coeurs !
A plus.
Fred.