samedi 25 août 2012

CINEMA DE MINUIT - CERTAINS L'AIMENT JEUNE...

Bonjour les amis !

Demain soir, à 00 H 20, sur France 3 : "Mauvaise Graine" (1934) de Billy Wilder et Alexandre Esway...


Si le régime nazi a eu un seul mérite, c'est celui de provoquer un monstrueux courant d'air artistique qui emmena les plus grands talents germaniques, dégoûtés ou carrément en danger, à émigrer aux Etats-Unis, la plupart après avoir fait un crochet par Paris. Fritz Lang réalise ainsi en 34  son seul film français : "Liliom".


Billie ( il n'a pas encorer américanisé son nom) Wilder, contrairement à Lang, est loin , à cette époque, de s'être fait un nom. C'est un  jeune scénariste , qui s'est tout juste fait remarquer en 1929, grâce aux "Hommes le Dimanche", véritable manifeste collectif d' une nouvelle génération de cinéastes allemands, puisqu'y a contribué non seulement Wilder, mais aussi Robert Siodmak,  son frère Kurt, Fred Zinneman et Edgar G.Ulmer...


Il signe ensuite une dizaine de scénarios en Allemagne, avant d'émigrer et de se voir donner sa chance comme réalisateur, en tandem avec un autre émigré, Alexandre Esway, qui , lui restera en France, où il dirigera entre autres, à plusieurs reprises, Fernandel.
C'est le huitième film de Darrieux, qui a 16 ans à l'époque. Le film est un véhicule pour elle, où , malgré tout, on décèle l'ambition du jeune Wilder. En effet, auteur du scénario, il aborde , sur un mode léger, un théme assez audacieux pour l'époque : la délinquance juvénile. Et surtout, comme pour "Les Hommes le Dimanche", il privilégie le tournage en extérieur, allant  jusqu'à tourner des séquences au Bois de Boulogne ou Place de la Concorde sans autorisation et même en caméra cachée !
Le personnage principal masculin est incarné par  Pierre Mingand, que l'on associait souvent à Darrieux... quand Albert Préjean n'était pas libre !






Peu de temps après le tournage, Wilder prit le bateau pour les Etats-Unis, où la Paramount l'engagea ... comme scénariste, entre autres pour Mitchell Leisen et Ernst Lubitsch ("La Huitième Femme de Barbe-Bleue") . Il faudra neuf ans pour qu'on lui confie à nouveau une caméra, en 1942, pour "Uniformes et Jupons Courts", point de départ de la carrière que l'on sait...


A plus.
Fred.



dimanche 19 août 2012

CINEMA DE MINUIT - DD, LE TICKET GAGNANT...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 01 H 15, sur F3 : "Un Mauvais Garçon" (1936) de Jean Boyer...


Il y a des films français des années 30 qui sont difficilement regardables aujourd'hui. Le plus souvent, ils étaient déjà mauvais à l'époque de leur sortie, et le temps n'a rien arrangé. Et puis il y en a qui tiennent remarquablement le coup. Qui ont vieilli, certes, mais à qui l'âge , au lieu de moisissure, amène de la patine. "Un Mauvais Garçon" fait partie de cette catégorie.
A l'époque du tournage, Danielle Darrieux a 18 ans et elle est déjà la plus grande vedette féminine française (on ne disait pas encore "star"). Il est difficile d'imaginer sa popularité, si ce n'est par une sélection des magazines ciné de l'époque.




(Hi hi ! J'aime beaucoup celle-là...)

Modèle pour les filles, convoitée par les garçons, elle est alors considérée comme une actrice pétillante, légère , bien plus spontanée et juste que nombre de comédiennes de son époque (des noms ? Euh... Renée Saint-Cyr, Orane Demazis ou Marie Bell ...). Le réalisateur Henri Decoin, qu'elle épouse en 1935, confiera plus tard qu'elle était une actrice de "première prise", que les répétitions avaient tendance à figer... Decoin qui l'encouragera à quitter le registre de la comédie légère pour des rôles plus "sérieux" comme "Mayerling " , également en 36...


Elle a ici pour réalisateur Jean Boyer, nanardeur fameux, mais qui, dans les années 30, faisait preuve d'un soin et d'une légèreté qu'il perdra par la suite...Jean était le fils de l'auteur de chansons Lucien Boyer, et s'il ne fut pas un grand cinéaste, il avait , comme son père, le don d'écrire des chansons à succès. Ce sont ces chansons, sur une musique de George Van Parys, qui portent le film...Tout d'abord, une chanson qui lança une expression populaire : "Je n'cèderai pas ma place / pour un boulet d'canon" : 


Et , surtout, un tube des tubes de l'époque, encore aujourd'hui incontournable dans les anthologies et les baloches musette : "C'est un mauvais garçon" : 

L'interprète de ces deux chansons est également , ces années-là, en alternance avec Albert Préjean, le partenaire privilégié de Darrieux. Il s'appelait Henry Garat, et était, lui aussi, extrêmement populaire, depuis son premier succès , en 1931, dans le film "Le Congrès s'amuse" , où il chantait un autre classique : "Avoir un Bon Copain"...


Hélas, sa destinée fut une des plus tristes du cinéma de cette époque. Plus beau gosse que bon acteur, sa carrière fléchit extrêmement rapidement après "Un Mauvais Garçon" . L'Occupation  ne lui offre que des navets, et l'âge lui est fatal. Cocaïnomane, ses excès de tous genres lui occasionnent de plus des ennuis de santé. Au début des années 50, il tente un come-back dans un Cabaret des Champs-Elysées, mais le coeur et le corps n'y sont plus.. Il meurt dans l'oubli à l'aube des années 60. Il est le symbole même de ces vedettes du début du parlant balayées par l'arrivée de plus solides qu'eux : Gabin, Fresnay ou Blanchar...

A plus.
Fred.


dimanche 12 août 2012

CINEMA DE MINUIT - ZZZZZ...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 30 , sur F3 : "Verdi" (1953) de Raffaelo Matarazzo (Pff ! Rôlala !)...

Je ne sais pas si vous avez déjà remarqué, mais entre le 1et et le 15 Août, tout s'arrête. Les gens et les choses entrent dans une sorte de torpeur. Une hibernation estivale, en quelque sorte. Hélas, le CDM ne fait pas exception à la règle. Une semaine après nous avoir infligé le pénible "Fils Prodigue", qui plus est, dans un format "timbre-poste", ce qui est ennuyeux pour un film en Cinémascope ( notamment pour les gens sujets à la conjonctivite), et à peine plus d'un mois après nous avoir fait subir une matarazzerie, rebelote !! Le père Brion en a-t-il un vieux stock dans son garage ? Ou est-il parti en vacances à La Cinémathèque de Toulouse, laissant les manettes à un stagiaire lituanien maniaco-dépressif ? Je n'en sais rien, mais en tous cas, je n'ai pas grand'chose à dire sur ce film. Et je n'en ai pas envie. Acteurs et film inconnus au bataillon, espoir de bonne surprise bien mince. Et plutôt que de me lamenter sur un présent bien gris, je préfère guetter l'éclaircie qui s'annonce au loin.
En effet, je ne sais pas si vous avez remarqué aussi, après le 15 Août, c'est la pré-rentrée. Les choses et les gens sortent doucement du sommeil et font craquer leurs articulations. Le CDM fait de même. J'ai donc le plaisir de vous annoncer qu'à partir de la semaine prochaine, commence un cycle "Patrimoine Français" entamé par deux films avec Danielle Darrieux : "Un mauvais Garçon" (1936), fameux succès de Jean Boyer, puis "Mauvaise Graine" (1934), premier film de ... Billy Wilder !
Ca, c'est de la programmation qui donne envie de chanter : "La Crise est Finie-eu" !






Hommage bien mérité à celle qui, surnommée "DD", fut la première grande star féminine française du parlant. Et qui est toujours vivante. Et qui, du haut de ses 95 ans,  vous emmerde tous.









A plus.
Fred.



dimanche 5 août 2012

CINEMA DE MINUIT - THORPEUR...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 40, sur France 3 : "Le Fils Prodigue" (1955) de Richard Thorpe...


Dans la famille "chouchous contestables de Patrick Brion" , après Matarazzo il y a trois semaines, voici venir Richard Thorpe.
Incontestablement popularisé par la 3ème chaîne et le CDM depuis plus de trente ans, Thorpe demeure tout de même un mystère pour nombre de critques et de cinéphiles. Comme Curtiz et Van Dyke, déjà évoqués ici, c'est un réalisateur prolifique et tout-terrain, surtout depuis son entrée à la MGM, en 1935. Mais la ressemblance s'arrête là, car Thorpe est un réalisateur impersonnel et, surtour, inégal. Très inégal. On ne peut même pas parler pour lui de "bonne" ou de "mauvaise" période, car il peut livrer, la même année , un bon film et un ratage. Les exemples les plus criants en sont ses deux "fameux" films de cape et d'épée : "Ivanhoe" en 1952...


...et "Les Chevaliers de la Table Ronde" en 1953 :


Autant le premier est un véritable classique, palpitant et classieux, autant le second est raide, bavard et ennuyeux. Même équipe, même studio, même réalisateur. L'ensemble de la carrière de Thorpe est ainsi, quel que soit le genre abordé : le bonhomme est capable du meilleur ( "La Main Noire" , excellent thriller avec... Gene Kelly, "Le Prisonnier de Zenda", justement renommé, ou encore "Trois Petits Mots", comédie musicale méconnue)...


... et du pire : "La Vallée de la Vengeance", western raté, "Quentin Durward", ou encore, et c'est la mauvaise nouvelle : "Le Fils Prodigue" que le CDM propose ce soir...
Authentique kitscherie, destinée à promouvoir le Cinémascope naissant, et échec commercial cuisant, ce film ne vaut que pour la beauté et les formes généreuses de sa comédienne principale, Lana Turner :

 (Ah bah oui, j'vous avais prévenus)...

Davantage  mannequin (et quel mannequin ! ) que comédienne, Lana Turner finissait ici sa ( brillante) carrière à la MGM. Elle allait rejoindre Universal où l'excellent  Douglas Sirk allait enfin lui offrir un écrin de valeur : "Le Mirage de La Vie", top du top des mélodrames :


A plus.
Fred.