samedi 30 juin 2012

CINEMA DE MINUIT : ENTREMETS FRANCO-RUSSE..

Bonjour les amis !

Dimanche soir, à 00 H 25, sur France 3  : "Cagliostro" (1927) de Richard Oswald...

Lundi dernier, dans l'émission de Pascale Clarke sur Inter, les Chroniqueurs Culturels étaient invités à débattre autour de la restauration des films. C'est peu de dire que le débat fut médiocre , l'animatrice et les intervenants mélangeant tout, la HD, la 3D et la colorisation, négligeant ce qui est le coeur de la restauration : la PRESERVATION des films. Le film présenté ce soir est un exemple de cette mission fondamentale. "Cagliostro" production de prestige de l'année 1927, était un film perdu. Comme les 2/3 de la production muette mondiale. Il ne restait qu'une moitié de copie, en 9, 5 mm, provenant de copies "Pathé-Baby" ! La Cinémathèque Française, malgré tout, s' y est collée ! Et le résultat est là , incomplet mais REGARDABLE.
Langlois disait  : "Il ne suffit pas de conserver les films, il faut les montrer"... Là voilà, la légitimité de tous les fonds investis dans les restaurations de films : permettre de sauver , de redécouvrir ce patrimoine. Comme on restaure un tableau, un château...
"CAGLIOSTRO" est un film produit par la mythique firme Albatros, fondée par des russes blancs, qui, en fuite, sont venus se réfugier en France, à Monteuil, en 1920; En quelques mois, cette firme va devenir une des plus renommées du pays, faisant travailler aussi bien des exilés, tels le comédien Ivan Mosjoukine, le réalisateur Victor Tourjansky, que d'ambitieux débutants nationaux  , tels  Marcel l'Herbier, avec "Feu Mathias Pascal", en 1924 :



Ou le jeune René Clair, et ses "Deux Timides " en 1928 :


Malgré un succès international toujours grandissant, les Films Albatros vont être durement touchés par l'arrivée du parlant : le coût de production des films , déjà important, grimpe d'un coup, et les nombreux comédiens russes ne peuvent plus y être employés, à cause d'un accent trop prononcé. L'identité de la maison en prend un coup.
Le dernier film important produit par la firme date de 1936  : "Les Bas-Fonds" de Renoir, d'après l'oeuvre... du russe Gorki !


Albatros s'éteint à l'aube de la Seconde Guerre Mondiale. Elle restera un jalon important pour la première génération de cinéastes français. Et , très vite, la Cinémathèque naissante s'attachera à faire connaître et à montrer ces films oubliés. On voit que cette oeuvre continue...

A plus.
Ou à ce soir, à Gencay .
Fred.


vendredi 29 juin 2012

FRED ABRACHKOFF FAIT SON CINEMA !!!!

Bonjour les amis !

Pour bien commencer les vacances, venez donc faire un tour au Cinéma de Gençay , qui fête ses vingt ans !

Demain samedi, à partir de 20 H, j' y servirai un Viandox spécial septième art, suivi d'un (vieux) film choisi par ses soins !

Et Dimanche, à 17 H, l'excellent Benoît Delépine viendra, en personne, présenter le film (bon) qu'il a réalisé avec son complice Gustave Kervern, "Le Grand Soir" !



Alors, viendez nombreux, bande de limaces, ce n'est qu'à 20 minutes de Poitiers, et , comme dirait l'autre, la route est droite !

Bonus:


A plus.
Fred.

samedi 23 juin 2012

CINEMA DE MINUIT : CLARY AU BAL DU DIABLE...

Bonjour les amis !

Demain soir, à 00 H 20 , sur France 3 : "Le Destin Fabuleux de Désirée Clary" (1942) de Sacha Guitry...


Nous sommes en 1942, en plein coeur de l'Occupation Allemande, époque trouble s'il en est pour le père Sacha. Durant cette période, il réalise deux films : "Donne-moi tes yeux" , où le personnage interprété par Guitry devient aveugle et qui est, pour certains critique, la métaphore inconsciente ou non de l'aveuglement de l'auteur à cette époque.
Et il réalise également ce "Destin Fabuleux", plus ambigü. En effet, si cette évocation romanesque d'une des plus célèbres fiancées de Napoléon n'a pas grand'chose de politique , elle glorifie quand même l'Empereur, aux prises... avec l'impérialisme allemand.  Argument que Guitry utilisera pour sa défense lors de ses soucis, au moment de l'épuration.
Ce sont également les années de son mariage avec Geneviève de Séréville, qui fut la seule de ses épouses à prendre son nom et à devenir Geneviève Guitry .

Les témoignages sont contradictoires au sujet du couple : pour certains, cette jeune fille, recontrée en 1937, est trop jeune pour lui (elle a 24 ans, il en a 52 !) et lui en fera voir de toutes les couleurs ! Pour d'autres, elle amena un salutaire grain de folie dans la vie trop bien rangée de Sacha, qui avait ainsi fait fuir sa précédente femme,  Jacqueline Delubac.
En tous cas, elle ne fut pas tendre sur l'attitude de son mari durant l'Occupation : "Ce fut alors une période de manœuvres qu'il pensait habiles et qui nous effrayaient, car Sacha ne comprenait rien à la politique. Il avait un fond d'ingénuité, une confiance quelquefois excessive, qui l'amenaient à porter des jugements téméraires sur les gens qui gravitaient autour de lui. Dans cette période, il ne fut pas bon psychologue, ni suffisamment objectif."
Signe de son incroyable naïveté : le 23 Juin 1944, deux semaines après le débarquement allié, il fait projeter son nouveau documentaire  , intitulé : "De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain"...
Deux mois plus tard, il dormait en prison. Geneviève, elle, était déjà partie pour des cieux plus cléments.
C'était le début d'une aigreur et d'un sentiment d'injustice qui allait exploser, quelques temps plus tard, notamment dans "Le Diable boîteux" (1948) :


Et, pour finir, un extrait de "Désirée Clary" , évidemment "vendu" par le Maître :


A plus.
Fred.


lundi 18 juin 2012

LA FIN D'UNE EPOQUE...

Bonjour les amis !

Ségo, Bayrou, Guéant, Morano, Lefebvre... Mine de rien, c'est toute une partie de la génération 2007 que l'on vient d'envoyer aux fraises... Epoque de droite hargneuse , de gauche prout-prout et de centre mou qui restera, je pense, de sinistre mémoire...
Sinon, qu'écrire qui n'ait déjà été écrit ?
Signaler le pathétique "C'est un succès, mais ce n'est pas un triomphe" d'Hortefeux, digne du maire de Champignac ?
Pointer, malgré la profonde antipathie que j'ai pour elle, la cruauté de David Pujadas envers Nadine Morano, lui demandant, en direct, "Alors, est-ce que vous avez gagné ?" ?
Relever l'incongruité d'une Marion Maréchal-Le Pen, annonçant sa victoire comme une soirée bain moussant d'étudiants de droit ?
Croire encore au politique avec l'échec de sa tante Marine ? Mais, à seulement 130 voix d'écart, peut-on vraiment y croire ?
Rappeler les incroyables penchants mélodramatiques de madame Royal, parlant de trahison, de victoire volée, des trémolos dans la voix, oubliant ainsi que son parachutage fut peut-être violent et à l'opposé de la démocratie participative qu'elle promeut depuis des années ?
D'ailleurs, à ce propos, hier soir, un homme m'a ému. Olivier Falorni. Olivier Falorni, qui, face à Martine Aubry et Laurent Fabius, n'a pas hésité à rappeler qu'il souhaitait sièger aux côtés du PS et de la majorité présidentielle qu'il a toujours soutenu... Martine Aubry ,avec ce regard sec de secrétaire de mairie obtue qui m'a fait voter contre elle aux primaires, a alors rétorqué : "Je n'ai rien à répondre à monsieur Falorni".
Nous y voilà . La bonne vieille arrogance socialiste. Cette bonne vieille logique d'appareil. Il va falloir que nos chers éléphants comprennent que cette majorité leur a été donnée pour qu'ils puissent travailler, construire, protéger. C'est un blanc-seing à l'exécutif, pas aux personnes. Que nos nouveaux maîtres ne croient pas qu'une quelconque discipline de parti empêchera l'électorat de gauche, toutes tendances confondues, de dénoncer les compromissions, les gaffes, les renoncements, les mesquineries. Viendra un temps , que je souhaite lointain, où madame Aubry devra peut-être quémander le soutien de monsieur Falorni. J'espère pour elle alors qu'il fera passer , lui, des convictions personnelles avant sa fierté.
A côté de tant de postures, le "ouf" de soulagement de NKM, annonçant ses résultats sur un coin de pupitre à Longjumeau, paraissait bien humble...

Dernière minute : les saloperies commencent et les réglements de compte aussi... Ah, non, non, pas à l'UMP, au PS...

A plus.
Fred.






dimanche 17 juin 2012

CINEMA DE MINUIT : LEWIN ET LA VERTU...

Bonjour les amis !

Ce soir , à 00 H 05 sur France 3 : "The Moon and Sixpence" (1942) d'Albert Lewin...


Ne vous fiez pas à  l'affiche, putassière bien comme il faut : Albert Lewin était un homme de goût, qui faisait des films de goût. Ami de Renoir, producteur, scénariste , puis réalisateur à la Mgm, il resta pourtant toujours un dilettante, ne réalisant que six films en quinze ans !
"The Moon and Sixpence" est sa première expérience derrière la caméra . Ce film, adapté du roman de Somerset Maugham librement inspiré de la vie de Gauguin, traite du rapport de l'homme à l'art, thème que Lewin, collectionneur lui-même, affectionnera toujours particulièrement. Il est le premier volet d'une trilogie que l'auteur poursuivra en 1945, avec le (fameux ! ) "Portrait de Dorian Gray" :




Et, enfin, en 1947, avec le (plus académique, pour moi) "Private Affairs of Bel-Ami" :


(Désolé, je n'ai trouvé que cette bande-annonce en espagnol...)

Cette trilogie se caractérise par la présence de George Sanders , qui trouve avec Lewin certains de ses plus beaux rôles, que ce soit en peintre tourmenté ou en dandy décadent. On remarque aussi , dans les deux derniers, la présence de la toute jeune , touchante (et assez sexy !) Angela Lansbury (eh oui ! Jessica Fletcher !). Mais , dans ces trois films également, Lewin utilise une astuce assez originale pour l'époque : au milieu d'un film en noir et blanc, il insère quelques séquences couleurs... quand il filme des tableaux ! Le procédé est évidemment particulièrement impressionnant dans "Dorian Gray"...

 (Encore en Espagnol, désolé...)

Quelques temps plus tard, en 1951, Lewin réalise son film le plus connu, qui deviendra culte, "Pandora", avec James Mason et Ava Gardner...


Si un seul film devait résumer le romantisme hollywoodien, ce serait celui-ci. L'emploi , cette fois-ci total ,de la couleur y est admirable. Mason et Gardner réussissent à être à la fois sensuels et profonds. Un des plus beaux films d' Hollywood, toutes périodes confondues...

Que s'est-il passé ensuite ? Mystère et boule de gomme , mais les deux derniers films de Lewin, "Saadia "(54) et "The Living Idol" (57) ne sont que d'obscurs nanars , incroyablement indignes de leur auteur...

Lui a-t-il manqué du courage, de la détermination, pour livrer une oeuvre  plus aboutie, et surtout, plus conséquente ? Ce qui apporterait, hélas,  de l'eau au moulin de ceux qui affirment péremptoirement que le talent ne suffit pas, quand il est dénué d'ambition...

A plus.
Fred.

samedi 9 juin 2012

CINEMA DE MINUIT : NOIR ET BLANC SUR ROUGE, RIEN NE BOUGE...

Bonjour les amis !
Demain soir dimanche, à 00 H 05, sur France 3 : "La Danse Rouge" (1928) de Raoul Walsh...

Bien difficile, en vérité, de trouver beaucoup d'infos sur cette oueuvre méconnue de papa Raoul, dont c'est l'avant-dernière oeuvre muette. Le synopsis est d'ailleurs un condensé de ces histoires romantiques et historiquement contestables qui fleurissaient alors : une jeune révolutionnaire russe est chargée d’assassiner le Grand Duc Eugène. Mais, bien évidemment, elle en tombe amoureuse...
Et comme beaucoup de productions hollywoodiennes de l'époque, c'est également un "véhicule", c'est-à-dire un film destiné à mettre en valeur une étoile du studio. Ici, le studio, c'est la Fox, et l'étoile, c'est Dolorès Del Rio.

 D'origine mexicaine, Dolores doit justement son premier grand succès à Walsh, qui la fait exploser en 1926, dans "What Price Glory".


( Une bande-annonce rare, mais en pleine décomposition !)

Il la dirigera ensuite dans "The Loves of Carmen" et ce "Red Dance". Ces deux années seront, en fait, les plus belles de sa carrière.
En effet, si l'arrivée du parlant ne stoppe pas sa carrière, elle est rapidement reléguée dans des productions secondaires. La cause : un caractère bien trempé, et des opinions progressistes qui dérangent. En 1934, elle refuse un rôle dans "Viva Villa", film qu'elle considère comme anti-mexicain. Ce qui attire l'attention des autorités sur son cas. Considérée comme une "rouge" , elle est, après cet incident, rapidement exclue des studios.
En 1941, elle rencontre et séduit le jeune Orson Welles, qui produit et co-dirige pour elle, avec Norman Foster "Voyage au Pays de la Peur" :


Mais le film est un échec , et la comédienne abandonne définitivement Hollywood pour le Mexique...
Elle fera cependant un retour furtif en 1947, sous la direction de John Ford, dans "Dieu est Mort" , qui traite... de la révolution mexicaine !


Extrait du film de demain soir,  pour finir:


A plus.
Fred.


samedi 2 juin 2012

CINEMA DE MINUIT : LAISSEZ-VOUS DONC CURTIZER...

Bonjour les amis !

Demain soir, à 00 H 20, sur France 3 : "Stolen Holiday " (1937) de Michael Curtiz...


Michael Curtiz est un phénomène . Il est presque Hollywood à lui tout seul.
Né en Hongrie, où , déjà , il tourne un nombre incalculable de films, il arrive en 1926 aux Etats-Unis, et signe un contrat avec la jeune Warner Bros. Il y restera jusqu'en 1954, après  avoir réalisé... plus de 80 films  (dont cinq en 32, et sept en 33 !) !
Il demeurera pendant toutes les années 30 et 40 un pilier du studio, l'homme qui pouvait se tirer de toutes les situations.
Dès 1928, on le charge de la première superproduction semi-sonore du studio, "L'Arche de Noë".


Il s'en tire avec les honneurs (malgré plusieurs figurants noyés durant le tournage du déluge !).
Lorsqu'au début des années 30, l'Universal décroche le cocotier avec sa série de films d'horreur, Curtiz est chargé de contre-attaquer . Il livre alors plusieurs oeuvres très réussies, supérieures mêmes à certains films Universal : "Dr X", "The Walking Dead" et le superbe "Masques de Cire "(1932- en Technicolor bichrome ):


En 1935, il est chargé de lancer un jeune beau gosse australien répondant au nom d'Errol Flynn : ce qui donnera une série de chefs d'oeuvre : "Capitaine Blood", "La Charge de la Brigade Légère", "L'Aigle des Mers", et le célébrissime "Robin des Bois" , qu'il arrache des mains du tâcheron William Keighley :


(En Technicolor trichrome, à présent !)

Mais les relations entre Flynn et Curtiz sont exécrables. Il faut dire que , sur un plateau, Curtiz est dictatorial, odieux, fou. La caricature de metteur en scène hystérique que l'on voit dans les cartoons, c'est lui, avec son accent hongrois. Un jour, sur le tournage de "Dive Bomber", un film de guerre, il s'échinera à vouloir faire faire demi-tour, armé d'un mégaphone , à ... une escadrille d'avions de chasse, située loin, loin, dans le ciel. Ne supportant pas son impuissance, il fera alors une véritable crise de nerfs. Flynn demandera alors à bosser avec Raoul Walsh.
Ca ne ralentira pas l'activité de Curtiz, qui, dans les années 40, signera (entre autres) le superbe "Mildred Pierce" (1945) avec Joan Crawford, et l'immortel "Casablanca" ( 1942), bien sûr .



Après la guerre, s'il continue à être très actif, ses films deviennent moins marquants... Il faut dire que les executifs du studio commencent à le prendre pour un vieux chnoque, et lui confient de plus en plus des projets tordus...
Il quitte la Warner à 65 ans, mais continue à tourner . Si la plupart de ses derniers films sont anecdotiques, il réussit quand même, trois ans avant sa mort, en 1958, à offrir à Elvis Presley un des ses meilleurs films : "Bagarre au King Creole" :


Tout ça pour dire que Curtiz, à lui seul, est un gros gros jalon du cinéma hollywoodien, trop souvent sousestimé, paradoxalement, pour sa capacité à s'adapter à tous les genres... Ce serait pas une qualité , ça ?

( Je n'ai pas trouvé de bande-annonce du film de ce soir, TRES rare. Je sais simplement qu'il s'inspire, lointainement, de l'affaire Stavisky, mais que le ton est plutôt à la romance. Avec Kay Francis, une des grandes stars Warner de l'époque.)

A plus.
Fred.