dimanche 29 juillet 2012

CINEMA DE MINUIT - GASSMAN RETURNS...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 15, sur France 3 : "Brancaleone s'en va-t-aux croisades " (1970) de Mario Monicelli...



Nous voici , avec ce film, au coeur du coeur de la Comédie Italienne. Le film est signé Monicelli, qui va poser les fondations du genre en 58 avec "Le Pigeon" , où jouaient Toto, Claudia Cardinale, Mastroianni... et Gassman, sur lequel je vais m'arrêter un peu.

Dès le milieu des années 40, le jeune Gassman est un des acteurs les plus prometteurs de sa génération... sur les planches. Il y joue Shakespeare, Cocteau, la plupart du temps mis en scène par Luchino Visconti (rien que ça). Mais entre lui et le cinéma, il y aura un malentendu qui durera une bonne quinzaine d'années. En effet, comme tout bon théâtreux qui se respecte, il méprise le 7ème art, qui le lui rend bien, en lui confiant des rôles fades et sans valeur, à l'exception du fameux "Riz Amer" de Giuseppe de Santis (1949), où, manque de pot pour lui, on ne remarque que  les jambes de Silvana Mangano (car elles le valent bien) :





La MGM le fait même venir à Hollywood au milieu des années 50, espérant l'imposer en latin lover. Manque de chance à nouveau, il ne joue que dans des films académiques et lourds, tels "Rhapsodie" , aux côtés de Liz Taylor :


La mayonnaise ne prend pas et Gassman rentre en Italie. Pendant ce termps, de jeunes réalisateurs mordants ont fait leurs classes. Ils ont pour nom Risi et Monicelli. Un certain Ettore Scola écrit pour eux. Ils ont dans leur "écurie" de comédiens Alberto Sordi, Toto et Mastroianni. Gassman les rejoint pour "Le Pigeon'. Le film est un triomphe et une révélation pour le comédien, qui se découvre un tempérament comique.




La machine est lancée et s'accélère. En 1959, Risi lui offre "Il Mattatore" , histoire d'un escroc transformiste capable d'incarner une pleïade de personnages pour arriver à ses fins... Et, en 1960, les mythiques "Monstres" , où, avec Tognazzi, ils immortalisent une fichue galerie de sales types et de paûmés...


En 1966, il retrouve Monicelli pour un nouveau défi : une farce médiévale : "L'Armée Brancaleone". Brancaleone est un chevalier incapable, qui, flanqué d'une armée de loqueteux, va tenter de conquérir un lopin de terres dans les Pouilles ... On s'en doute, le Moyen-Âge y est montré sous un angle bien peu reluisant...


Le succès du film est tel qu'une suite est mise en chantier quelques temps plus tard. C'est ce film que le CDM présente. Il est à noter que les critiques considèrent ce deuxième opus comme égal, voire supérieur au premier, ce qui est assez rare pour être signalé....

Extrait du film de ce soir : 


A plus.
Fred.


lundi 16 juillet 2012

CINEMA DE MINUIT : FORD SAUVE DES EAUX...

Bonjour les amis !

Dimanche prochain, à 00 H 35, sur France 3 : "Upstream" (1927) de John Ford...


Il y a quelques semaines, ici même, je vous parlais du drame des films perdus, de ces dizaines et dizaines de films muets dont on a perdu la trace et qu'on ne retrouvera jamais. Sauf miracle.
Et les miracles, ça existe. Le film présenté ce soir est le fruit d'un miracle.
Dans l'ouvrage "John Ford" signé Patrick Brion et sorti en 2002, il est encore considéré comme "Film Perdu".
C'est en début d'année 2010 que l'on découvre , dans les Archives du film néo-zélandaises , que l'on découvre l'existence de 75 (!!!) films datant de 1898 à 1929. Ce qui était déjà en soi un évènement. Et c'est en Juin de la même année qu'un archiviste de l'Académie des Oscars identifie "Upstream" dans le lot...
La découverte ayant été faite chez les néo-zélandais, c'est le plus célèbre d'entre eux, Peter Jackson, qui s'est chargé de la restauration du film, dans ses studios.
L'occasion de redécouvrir un des rares fragments de l'importante oeuvre muette de Ford : 70 films, dont seuls 15 % ont survécu  !!
Parmi les survivants, on notera le plus ancien , "Straight Shooting" (1917). son septième , où il dirige son ami et premier mentor, l'acteur cow-boy Harry Carey :


ou, de la même époque, "Bucking Broadway", retrouvé en 2002 dans les archives...du Centre National de la Cinématographie, en France !


Mais le muet le plus connu de Ford, et qui l'imposera, déjà, comme un des plus grands cinéastes de sa génération, est "Le Cheval de Fer" (1924) , vaste fresque contant l'épopée du rail au Far-West :


A plus.
Fred.

dimanche 15 juillet 2012

CINEMA DE MINUIT - SHAKESPEARE SPAGHETTI...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 55 sur France 3 : "Roméo et Juliette" (1964) de Riccardo Freda...





 "C'est une adaptation très fidèle du texte, mais j'ai introduit quelques événements western de mon cru."

Gloups ! Voici une des rares citations, dûe au réalisateur lui-même, que j'aie pu trouver sur ce film, un des moins connus de son auteur. Celui-ci laissait également entendre que le jeu des acteurs laissait un peu à désirer, ce qui est toujours gênant sur un Shakespeare. Par contre, en ce qui concerne les "évènements western", Freda est certainement plus à son affaire.
Il est en effet , dans l'après-guerre, le maître du cinéma à grand spectacle à l'italienne. Son nom est d'abord associé à celui du futur Peppone, Gino Cervi. Ils lancent tous les deux leur carrière en 1942 avec un premier film qui est un coup de maïtre : "Don Cesar de Bazan" :







 On vante alors, à juste titre, ses scènes d'action très enlevées. Il se consacre ainsi pendant plusieurs années à la cape et à l'épée, avant de retrouver Gino Cervi dans une oeuvre plus ambitieuse : "L'evadé du Bagne" (1947) , nouvelle adaptation des Misérables d'Hugo :




Dans les années 50, il se lance dans le péplum, signant un "Spartacus", dix ans avant la version de Kubrick, et surtout, en 1953, "Théodora, impératrice de Byzance" , avec en vedette, son épouse de l'époque, Gianna Maria Canale , où il fait encore preuve d'un grand sens des scènes d'action :


Quand Joseph Mankiewicz monta, dix ans plus tard, le fameux et dispendieux "Cléopâtre" avec Burton et Taylor, Freda ne manqua pas de déclarer : "J'ai bouclé mon film. Avec 350 millions de lires. Ce que la Fox et Mankiewicz ont dépensé en eau minérale et en bière sur le plateau de Cléopâtre".
Cinéphile acharné, Freda s'attaque ensuite à tous les genres. Il rend hommage à Feuillade avec "Les Vampires" et à Sir Alfred avec... "L'effroyable secret du Dr Hichcock" !


 En fonction des modes et des demandes, il retourne au Peplum ("Maciste en Enfer"), se risque dans l'espionnage ( "Coplan FX18 casse tout" !) ou même le mélo ("Les Deux orphelines") avec autant d'efficacité spectaculaire.
Ce dilettantisme le conduit à être snobé par une grande partie de la critique...Mais admiré de quelques irréductibles. Parmi eux, Bertrand Tavernier. Quand, dans les années 80, l'activité de Freda se ralentit, il lui offre un poste de conseiller artistique sur "La Passion Béatrice", et, surtout, au début des années 90, il lui offre, sur un plateau, de tourner "La Fille de D'Artagnan". Hélas, Freda, malade, est contraint de renoncer. Tavernier tournera donc le film lui-même, en s'efforçant, notamment dans les scènes d'action , de retrouver la patte Freda....



A plus.
Fred









































samedi 7 juillet 2012

CINEMA DE MINUIT - MELO A L'ITALIENNE...

Bonjour les amis !

Dimanche soir, à 00 H 55, sur France 3 : "Le Mensonge d'une Mère" (1950) de Raffaello Matarazzo...

Ce n'est plus un secret pour personne, Patrick Brion a ses "chouchous" : Julien Duvivier, Albert Lewin, Richard Thorpe reviennent souvent dans le CDM. Mais depuis quelques années, il nous propose également , à intervalles réguliers, les oeuvres d'un réalisateur considéré par certains comme le maître du mélo italien : Raffaello Matarazzo.
J'avoue , au vu des oeuvres précédemment diffusées, que je ne partage pas son enthousiasme. J'ai d'abord de grosses réserves sur le genre en lui-même : le mélodrame, genre politiquement réactionnaire par excellence, qui enseigne au public le sacrifice, l'acceptation du malheur, de l'injustice et de la souffrance. Genre geignard, tire-larmes, où il faut la splendeur de la mise en scène d'un John Stahl ou d'un Douglas Sirk pour transcender ce propos souvent douteux. Et encore : le meilleur film de Sirk, "Imitation of Life" est en même temps d'un racisme latent assez insupportable...


Matarazzo a démarré , lui, dans la comédie dans les années 30. Après la guerre et un exil forcé en Espagne, il se tourne vers la mélodrame, sur le conseil de ses amis cinéastes, dont Mario Monicelli. "Le Mensonge d'une Mère" est sa première incursion dans le genre, et, d'après les spécialistes, la plus réussie.
Ses plus fieffés défenseurs disent que son cinéma témoigne d'un d'un "sens profond du désespoir, de la passion amoureuse, du destin" (Jean A.Gili, grand spécialiste du cinéma italien) .Mouais. Personnellement, je trouve que les qualités de  ses films proviennent plus du "contexte" cinématographique de l'époque (l'empreinte du néo-réalisme) que du talent du réalisateur et de scénarios empruntés à la presse du coeur.
Il est intéressant de noter que Matarazzo fera frequemment appel au même tandem d'acteur pour incarner ses héros : Yvonne Sanson et Amadeo Nazzari. Aucun des deux ne m'a franchement épaté jusqu'ici.
Mais on doit quand même à Matarazzo une grande idée, qui va marquer le Cinéma Italien : celle de demander au jeune compositeur Nino Rota se tourner vers la musique de film... Ce qui donnera une des plus belles oeuvres qui soient. Exemple parmi tant d'autres :




Enfin bref, comme on disait dans le temps dans "Télé Poche" : selon votre goût...

Extrait :



A plus.
Fred.