vendredi 14 février 2014

CINEMA DE MINUIT - L'HISTOIRE DE MIREILLE...

Bonjour les amis !

Dimanche soir, à 23 H 35 ( encore merci, les JO !) sur F3 : La femme que j'ai le plus aimée (1942) de Robert Vernay...


Quel générique, mes amis ! Arletty, Noël-Noël, Tissier, Baroux, Lefèvre, Luguet, etc... Pas de doute : nous sommes en présence d'un film à sketches, tous ces monstres ne tiendraient pas dans le champ en même temps, ou du moins pas longtemps, à moins d'être dans un Cluedo façon Agatha Christie, à l'image du Marie-Octobre de Duvivier en 59 :


Non, ici, nous avons bien affaire à un film à épisodes, dont le prétexte, est , comme souvent, un dîner, où chacun des protagonistes masculins raconte aux autres son histoire d'amour douloureuse. Ce dispositif est signé Yves Mirande.


Ô combien oublié aujourd'hui,  Mirande fut un des plus fameux boulevardiers des années 30, alors aussi populaire que Guitry . Le cinéma parlant le sollicita très vite , afin de tailler des dialogues sur mesure aux monstres sacrés de l'époque. Ceux-ci, gourmands de son verbe, voulant tous y passer, Mirande trouva la solution du film à sketches pour contenter tout le monde. Le plus fameux étant Café de Paris (1938).
Mais la formule s'épuisa rapidement. Et , à l'écoute, le dialogue de Mirande, certes agréable,  paraît beaucoup plus daté que celui d'un Guitry, d'un Jeanson, ou même d'un Carlo Rim.
Un détail intéressant apparaît dans l'affiche du film : la mise en valeur marquée de l'actrice Mireille Balin au détriment de ses petites camarades Arletty, Michèle Alfa et Renée Devillers, qui, pourtant, comme elle, n'apparaissent que dans un sketch; Cet éclairage donne une idée de la popularité de la dame à cette époque.

F

Foin de Ginette Leclerc ou de Viviane Romance, Mireille Balin, c'était la vamp du cinéma français d'avant-guerre. Ce titre, elle le doit à deux films : Pépé Le Moko et Gueule d'Amour, où, les deux fois, elle cause la perte de Jean Gabin. Un Gabin enfantin, éperdu, détruit par son amour pour une femme passionnée, volcanique et destructrice

Ces deux films la suivront, et lui assureront une notoriété notable durant l'Occupation, malgré une tentative ratée à Hollywood.  Mais il faut être honnête, cette popularité sera également due à sa liaison tumultueuse et bruyante avec notre Tino Rossi national. Leur engueulades homériques dans les restos et boîtes de nuit du pays firent les choux gras de la presse pas encore appelée people.
Après leur séparation, elle s'éprend d'un jeune officier de la Wehrmacht . Et c'est là que ça se gâte. A la Libération, elle s'enfuit avec lui, mais ils sont arrêtés dans le Sud de la France par les FFI; Elle est battue et violée avant d'être incarcérée. Quand à lui, son corps ne sera jamais retrouvé. Jugée pour collaboration, elle est libérée en 1945. Mais sa carrière est brisée. Son image de garce l'a rattrapée, elle est devenue, aux yeux du public, son personnage. Pauvre et malade , elle ne doit son salut qu'à l'association La Roue Tourne, qui la prendra en charge jusqu'à sa mort, en 1968, et lui évitera la fosse commune. Eh oui, à la fin des années 60, ça pouvait encore se passer comme ça.

En 1961, la télévision lui propose tout de même de parler de Gueule d'Amour :

 
A noter qu'à ses funérailles, un seul représentant du métier était là : le réalisateur Jean Delannoy.
Chic métier.

A plus.
Fred.





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