samedi 22 février 2014

CINEMA DE MINUIT - LA PREUVE PAR CROIX...

Bonjour les amis !
Demain soir à 23 H 50 sur F3 : Les Croix de Bois (1931) de Raymond Bernard...

Alors, si jusqu'ici, ce cycle Patrimoine Français nous avait offert de vraies raretés, nous avons ce soir droit à une véritable tarte à la crème du CDM. Sans blague, je crois qu'en moyenne, celui-ci , il passe une fois tous les deux ans.
Le mérite-t-il ? Moui... Disons qu'il occupe une place importante dans l'Histoire du tout jeune Cinéma Français parlant.
Les Croix de Bois, c'est d'abord un roman de Roland Dorgelès, LE roman sur l'horreur des tranchées pendant la Première Guerre Mondiale, ex aequo avec Le Feu de Barbusse.
Publié en 1919, il connaît un immense succès, et constitue l'emblême de la littérature pacifiste de l'époque.
Le cinéma français, lui, restera longtemps prudent face à la Grande Guerre, si l'on excepte le flamboyant et engagé J'accuse d'Abel Gance (1919) :


Curieusement, l'avènement du parlant va voir la mise en oeuvre, en parallèle, de trois grosses productions  autour des poilus : aux Etats-Unis, Lewis Milestone et la Paramount adaptent A l'Ouest Rien de Nouveau d'Erich Maria Remarque :


Le film est d'une justesse émotionnelle impressionnante , et les combats, pourtant tournés en studio, sont très puissants. Le film remporte à juste titre l'Oscar 1930.
En Allemagne, G.W.Pabst tourne Quatre de l'Infanterie . Pabst, je l'ai déjà évoqué ici, est politiquement engagé . Son  oeuvre, aux nombreuses séquences hyperréalistes, se veut un hymne... à l'amitié franco-allemande, par-delà les frontières...


Goebbels ne s'y trompe pas et interdit le film en 1933.
Et chez nous, enfin, il y a Les Croix de Bois.
L'enjeu est important pour le réalisateur Raymond Bernard : s'il fut un des grands du muet français, son premier parlant , Tarakanowa , fut un échec public et critique . (Quelle idée, aussi, d'appeler un film comme ça...)
Plutôt que la polémique façon Pabst ou Gance, Bernard va donc plutôt chercher à produire une oeuvre sombre, réaliste, conforme aux souvenirs des anciens combattants, comme l'était le roman.
Et de ce côté-là, c'est une réussite : l'Armée Française met à la disposition de l'équipe de tournage des zones militaires et de manoeuvres. La légende veut qu'après certaines scènes d'explosions, d'authentiques cadavres soient remontés à la surface... Il fait appel , pour la figuration, à d'anciens poilus, et tous les comédiens principaux ont connu les tranchées : Charles Vanel, Pierre Blanchar, Gabriel Gabrio et même le poëte Antonin Artaud...
L'accent est mis sur la camaraderie, et la perte des illusions de jeunesse du jeune poilu, incarné par Pierre Blanchar.
Et c'est là, le hic. Car Pierre Blanchar, comme souvent, en fait des caisses.



 A coup de trémolos dans la voix, il mélodramatise le drame quotidien des soldats. Porteur du monologue final, il lui fait un sort , et en fait un envoi pompeux pour salle de patronage. C'est à cause de lui (Vanel, est , comme à son habitude, d'un naturel époustouflant), que le film, mis en scène magistralement, a vieilli, et bien vieilli, plus que les deux autres oeuvres susnommées.
Néanmoins, le public lui fit un triomphe, et il est aujoud'hui considéré comme un classique. Un classique, à mon avis, un poil surestimé.  Mais qui est à revoir, ne serait-ce que parce qu'il a bénéficié récemment d'une restauration rendant enfin justice à ses qualités esthétiques, notamment à ses contrastes...

Extrait : 




A plus.
Fred.











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