dimanche 26 février 2012

CINEMA DE MINUIT - IL SENTAIT BON LE SABLE CHAUD...

Bonjour les amis !

Ce soir, sur F3, à 00 H 15 : "La Bandera" (1935) de Julien Duvivier...


Alors, attention, les amis,ce soir, grand classique, jalon de l'histoire du cinéma français, mètre-étalon du film "de légionnaire", et surtout, surtout : L'éclosion du mythe Gabin !

D'abord vedette de music-hall, Gabin fit ses premiers pas devant une caméra en duo avec sa première femme et partenaire de scène, Gaby Basset, dans de petites comédies musicales, comme "Chacun sa Chance" (1930) :



Après leur séparation, Gabin continue à apparaître au cinéma, mais sans trouver vraiment sa place : marin naïf dans "Pour un soir" (31), bidasse fainéant dans "Les Gaietés de l'Escadron" (32), ou mauvais garçon dans "Coeur de Lilas" (32) où il chante son tube de l'époque :"La Môme Caoutchouc" :



Bref, comme dirait l'autre, le cinéma de l'époque avait envie de le faire bosser, mais ne savait pas trop comment...

Quelque chose s'ébauche en 1933, avec "Le Tunnel" de Kurt Bernhardt, où Gabin joue un ingénieur du rail : il est encore un cadre , mais l'on sent bien que le personnage est très à l'aise avec les ambiances de travail, les mains dans le cambouis.
La rencontre Gabin/Duvivier se fait en 1934, à l'occasion de "Maria Chapdelaine" où l'acteur incarne un trappeur. Là aussi, on constate qu'un certain romantisme perce sous la rudesse de l'acteur.
C'est alors que Duvivier, en collaboration avec le scénariste Charles Spaak, décide d'adapter un roman de Pierre MacOrlan, dont l'action se situe au coeur de la Légion Espagnole, la Bandera. Le personnage joué par Gabin s'y engage après avoir tué un homme par amour pour une femme. Mais il est rattrapé par son passé, et enfin meurt en héros, sous les balles de l'ennemi.
Cette fois, on y est : le héros marqué par le destin, l'amitié virile, l'amour impossible et enfin la mort tragique . Le public et tout le cinéma français ne s'y trompent plus : ils ont trouvé l'acteur idéal, à la fois viril et fragile, solide et fou, qui traverse le film comme une âme en peine, à la recherche de l'amour.
C'est une variation de ce personnage que l'on retrouvera aussi bien dans "Pépé Le Moko" ou "La Belle Equipe" du même Duvivier, que dans "Le Jour se Lève" et "Quai des Brumes " de Prévert et Carné, ou encore dans "La Bête Humaine" et "La Grande Illusion" de Renoir, et, là, j'en passe et des sublimes...
Bien plus tard, quand un Gabin vieilli incarnera les patriarches à grande gueule, il se montrera reconnaissant envers Duvivier ( qu'il appelait "Juju-la-terreur" car il était tyrannique sur le plateau) en acceptant , en 1956, le rôle principal d'un de ses plus beaux films : "Voici le Temps des Assassins" :



Il y retrouve un peu de la flamboyance d'antan...

A noter qu'à l'époque de sa sortie, le film était alors dédié... au Général Franco, fondateur de la "Bandera". Cette dédicace fut retirée par Duvivier à l'issue de la Guerre d'Espagne.
Certes, le film a vieilli, surtout au niveau de ses valeurs. Mais il reste un superbe modèle de cinéma d'avant-guerre, au niveau de l'écriture, de la mise en scène et de l'interprétation (pleiade de seconds rôles excellents !)... Toute une époque , quoi !

Extrait :



Bonus : photo des deux exilés Gabin et Duvivier sur le tournage de" L'Imposteur", à Hollywood, en 1942...

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