dimanche 19 février 2012

CINEMA DE MINUIT - CHAUFFE MARCEL !

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 20 sur France 3 : "La Vie de Bohême" (1943-45) de Marcel L'Herbier...


Il y a presque deux Marcel L'Herbier.
Il y a d'abord un des piliers du cinéma muet français "artistique". A la sortie de la Première Guerre Mondiale, il comprend que l'ère de la domination de Gaumont et Pathé sur le cinéma mondial est bien fini, et que le cinéma à grand spectacle viendra dorénavant d'Hollywood. Il décide alors d'orienter le cinéma vers l'art, de le libérer , et de lui adjoindre les grands artistes de son époque.
Son film le plus connu de cette époque est "L'Inhumaine" (1924) , où il bénéficie des talents du peintre Fernand Léger et de l'architecte Robert Mallet-Stevens pour les décors , de Darius Milhaud pour la musique, et du jeune Autant-Lara pour les costumes. Ce film est aujourd'hui considéré contre un des principaux manifestes de l'avant-garde française .



Son succès est retentissant dans le monde entier. L'Herbier devient alors l'ambassadeur de ce qu'on n'appelait pas encore le "cinéma d'auteur". Il réalise ensuite "Feu Mathias Pascal" (1925), sans doute son meilleur film, puis "L'Argent" (1929).
Et puis, et puis, et puis ... vint le parlant.
Comme beaucoup de cinéastes ambitieux de cette époque, L'Herbier ne comprend pas cette évolution, il la rejette , pire, il la méprise. Et lui, le virtuose du cinéma sans parole, devient rapidement un balourd du cinéma sonore. (La même mésaventure arrive à son contemporain Abel Gance ).
Ses films des années 30 sont ainsi aisément oubliables. Il retrouve un poil de sa superbe dans les années 40 , avec "La Comédie du Bonheur" (1940) et "L'Honorable Catherine "( 1942), qui lui permettent de faire preuve d'une légèreté qu'on ne lui connaissait pas.



Même chose pour cette "Vie de Bohême" (1943),portée par la musique de Puccini, qui, hélas, fut maudite, pour cause de coproduction avec l'Italie : la chute de Mussolini et le débarquement allié en Sicile incitèrent son producteur français à ranger le film dans un placard, d'où il ne sortit qu'en 1945, dans l'indifférence générale...

Si la carrière artistique de l'Herbier s'anecdotise après 1930, il n'en est pas de même pour sa mission de défense du cinéma français . Qu'on en juge :
-En 1936, il participe à la création de la Cinémathèque Française...
-1937 : co-fondateur du Syndicat CGT des Techniciens...
-1943 : Fonde l'IDHEC, qui deviendra la FEMIS (Eh, oui, c'est lui !)
-Après guerre, il est le premier président du Comité de Défense du Cinéma Français, qui se battra, entre autres, contre l'hégémonie du film américain...

Beau palmarès, non ?


A plus.
Fred.

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