dimanche 4 mars 2012

CINEMA DE MINUIT - UN PEU DE VIE DANS TON ART, UN PEU D'ART DANS TA VIE !

Bonjour les amis !

Ce soir, à OO H 20 sur France 3 : "Entrée des Artistes" (1938) de Marc Allégret...


Si je devais un jour démontrer à un néophyte la grandeur du cinéma français d'avant-guerre, je lui projetterais "La Grande Illusion" ou "Le Jour se lève"...
Mais si je devais démontrer au même néophyte la grandeur de certains dialoguistes d'avant-guerre, je lui projetterais "Drôle de Drame" signé Prévert, ou... "Entrée des Artistes" signé Henri Jeanson.
En effet, malgré sa renommée, le film d'Allégret n'est pas le chef d'oeuvre que l'on croit. J'ai déjà écrit ici ce que je pensais du style (ou de l'absence de style) du metteur en scène. La petite bluette amoureuse qui est le coeur du film est assez niaise, et si les jeunes comédiens (dont certains promis à un grand avenir, comme Odette Joyeux, Michel Vitold, Roger Blin et Bernard Blier) se débrouillent plutôt bien, ils sont complètement dévorés, le mot est presque faible, par celui qui joue leur professeur de théâtre, et qui l'était , d'ailleurs, pour certains, dans la vie : Louis Jouvet.
Car le film doit sa réussite à la rencontre de ces deux monstres-là : Jouvet et Jeanson.
Journaliste affûté, critique redoutable, authentique langue de pute, Henri Jeanson avait ses têtes. Et il donna les meilleures répliques du film à son grand ami Jouvet. A tel point que certaines répliques du film sont à présent attribuées à Jouvet, dont la plus fameuse : "Un peu de vie dans ton art, un peu d'art dans ta vie"...
La même année, Jeanson joua le même tour à Marcel Carné sur "Hôtel du Nord" , délaissant le tandem de vedettes Annabella/ Jean-Pierre Aumont pour les seconds rôles Arletty et Jouvet, ce qui donna , entre autres , la séquence d'anthologie suivante :



"Entrée des Artistes" est donc un festival Jouvet, qui marque chacune de ses apparitions de sa morgue, de sa distance, assénant de son articulation spécifique d'ancien bègue des sentences définitives sur le théâtre, comme dans cet extrait :



Même les théâtreux, qui trouveront avec raison que cette vision du spectacle est bien datée, conviendront que c'est un délice pour les oreilles...

Jeanson retrouvera encore Jouvet , et le théâtre, presque dix ans plus tard ,en 1946, dans "Le Revenant" de Christian-Jaque, plus fort, plus noir, plus vrai...



A plus.
Fred.

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