dimanche 6 novembre 2011

TIENS, FUME, STEVEN, C'EST DU BELGE !

Bonjour les amis !

J'avoue que la tintinophilie m'a toujours un peu dépassé. Depuis mon enfance, j'ai toujours trouvé ce petit reporter asexué assez fadasse, et ses aventures, disons, trop simples, trop "probables" (même avec un yéti !).
Ado, j'ai pris conscience des travers "politiques" des créations d'Hergé : une certaine misogynie (la Castafiore !), un regard colonial plongeant sur toutes les civilisations visitées par le reporter ( de la Chine à l'Australie) et surtout un racisme flamboyant, qui explose littéralement dans Tintin au Congo, pourtant "redessiné" en 48, mais que l'on trouve également dans la figure de Rastapopoulos, espèce de synthèse de ce que le petit blanc appelait le "Métèque".
Certes, il faut remettre tout cela dans le contexte de son époque, mais , malgré cela, le manque d'humour, de distance , ces histoires aussi carrées que leurs bulles, m'ont toujours gêné aux entournures.
Je leur ai toujours préféré la magie des aventures de Spirou.
Oh, certes, au départ, le personnage du petit groom créé en 1938 par Rob-Vel avait à peu près le charisme d'une bouteille d'eau.


Et puis, et puis, on le fit sortir de son hôtel, on lui fit adopter un petit écureuil, Spip, et son deuxième dessinateur, Jijé, lui adjoignit un partenaire, Fantasio, plagiat d'un personnage d'une BD américaine :



Mais surtout, surtout, en 1946, le destin de Spirou et Fantasio fut confié au jeune André Franquin.
Franquin installa alors ses personnages dans des univers ô combien drôles et poétiques :le village de Champignac, d'abord, avec son Comte, inventeur flegmatique, sorte de Tournesol aérien, et son maire, bedonnant et suffisant , inaugurant avec fierté un feu rouge... sans carrefour !



Au fil des albums, Franquin "lâche" le réalisme pour des univers et des pitchs toujours plus fous, où les animaux (gorille, rhinocéros ... et même murène !)tiennent une place de plus grande... A tel point qu'en 1952, il finit par en inventer un, d'animal, et pas des moindres, le Marsupilami.


( Extrait de l'adorable "Nid des Marsupilamis", à lire absolument...)

Et tout ce petit monde enrichit l'univers jusqu'ici conventionnel du petit groom. Celui-ci, à qui Franquin écrit volontairement des dialogues assez naïfs, n'en est pas pour autant oublié, et demeure un personnage dynamique, volontaire, sans être gnan-gnan.
Spirou apparaîtra même comme un businessman, responsable de son journal, dont Fantasio est le rédacteur en chef, quand ils devront tous deux affronter la tornade... Gaston Lagaffe, à partir de 1957 :




Bref, les carcans sautent : Fantasio, qui était le farfelu, devient le garde-fou... Spirou le sage se détend, devient à l'occasion ridicule, et il lui arrive même, à l'occasion,de jurer, comme dans la planche ci-dessus...

Quand il abandonne le personnage en 1969, Franquin en a fait le prétexte à des aventures toujorus plus délirantes. Il y a , pour moi, à peu pès la même distance entre Hergé et Franquin qu'entre Disney et Tex Avery.
Ses successeurs ont connu parfois des difficultés. Mais la liberté prise par Franquin leur a permis d'emmener le personnage où ils voulaient , pour le meilleur (Fournier , Tome et Janry), ou pour le pire (Nic et Cauvin !), alors, que , sans continuation autorisée, les 24 albums de Tintin se fossilisent, se couvrent de poussière, faisant du catalogue Casterman une espèce d'étrange musée de la BD d'antan...
Redécouvrez donc les aventures de Spirou et Fantasio, et toute l'oeuvre de Franquin ( Gaston, Modeste et Pompon, ou les superbes Idées Noires, chez Fluide...). Je suis sûr que ça vous plaira ! Sinon, vous pouvez toujours vous replonger dans Tintin au Congo !


Brrr...

A plus.
Fred.

1 commentaire:

  1. Tiens Fred, une image qui illustre un peu ce billet : http://www.fabricetarrin.com/blog/index.php?2011/11/06/796-fanart-tintin
    à très vite!

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