mercredi 12 juin 2013

LES COLONELS OU LA ZAPETTE...

Bonjour les amis !



Peut-on mettre un pays à genoux ?
Peut-on exercer sur lui une pression telle qu'un gouvernement devienne fou ?
Nous pensions tous que c'était impossible. Et surtout dans notre vieille Europe, si tempérée, si assagie par les souffrances du passé.
Tiens, beurre.
Alors même que les plus grandes instances mondiales ont admis que cette histoire de rigueur à outrance dans les pays endettés était une terrifiante erreur politique ET économique, voilà-t-y pas que la Troïka, cette obscure bande d'experts , a tellement réussi à foutre les pétoches au premier ministre grec que son gouvernement a décidé , soudainement et radicalement, de fermer, depuis aujourd'hui minuit , toutes les télévisions et toutes les radios publiques du pays. 
Toutes.  Pas une, qu'on aurait privatisée. Non, non, toutes.
Par chez nous, on explique que la Troïka a exigé la suppression de deux mille emplois publics d'ici à la fin Juin. ( Déjà, v'là la gueule de l'ultimatum). Et que cette mesure "permet" la suppression de 2600 emplois ( y'en a un peu plus, je vous le mets quand même ?).
Dans le même temps, le gouvernement annonce qu'une nouvelle entité sera créée ... à l'automne prochain.
Soyons clairs : à partir d'aujourd'hui, et jusqu'à l'automne, au mieux, il n'y aura plus d'information publique en Grèce.  Pour s'informer, les Grecs devront aller à des sources ( télé, radio, journaux) privées. Exclusivement. 
Les syndicalistes évoquent la dictature des Colonels de sinistre mémoire. Pardon, car ce fut une belle saloperie, mais concernant le rapport à l'info, ce qui se passe ici est pire . Oh, oui, je pèse mes mots : c'est pire.
Car même la plus fasciste , la plus dure des dictatures avait conscience du pouvoir et de l'importance de l'information, qu'elle transformait en propagande pour asseoir son pouvoir. Les démocrates, eux, considéraient la liberté de l'information comme une condition sine qua non à l'exercice de la démocratie , donc, logiquement financée par l'Etat, le contribuable.
Cette décision est donc la démonstration implacable de la folie libérale. De la démence comptable. De l'obsession de l'équilibre recette/dépenses.Et de la mort du politique , dévoré par l'économique.  Qu'importe que le pays soit en totale déliquescence, on continue à déchiqueter le cadavre, à lui nier son identité. Une belle ligne jaune vient d'être franchie. Dorénavant, il n'y aura plus de limites. Demain, un gouvernement pourra , au nom des économies, fermer TOUS les bureaux de poste ( il y a des livreurs !), TOUS les hôpitaux ( il y a des cliniques !), TOUS les commissariats (il y a des milices !) au nom de l'économie. En toute rationalité irrationnelle.
Et il serait niais de croire que la Grèce a exagéré et qu'une telle chose serait impossible chez nous . L'arithmétique est une science exacte, qui ne s'embarrasse ni de psychologie, ni de particularismes. Il n'y aura pas d'états d'âme , nulle part, si on décrète qu' il n'y a pas assez de sous dans le cochonnet.
Le comptable, s'il n'est que comptable, est un grand malade. Pas de pot, c'est lui qui tient la seringue.
Nos télés publiques, molles et sottes, vont s'étonner que, dans quelques jours, la Grèce soit (peut-être) à feu et à sang. Et, avec leur empathie de complaisance, elles vont le déplorer. Ne comprenant pas que , si ce pays se bat, c'est aussi pour sauver la peau de Hees et de Pujadas.
Eh ouais, on ne choisit pas toujours ce qu'on sauve.

A plus.
Fred.


1 commentaire:

  1. Les populations semblent avoir fait une croix sur les questions du devenir commun qui semblent trop terrifiantes à regarder en face. On nage en pleine aliénation de masse et personne ne semble vouloir ni pouvoir prendre la mesure de ce qui va nous tomber sur la gueule. Orwell dans sa tombe doit rire jaune. La seule question c'est: quand et comment s'arrêtera la chute dans cet abîme que nous nous sommes imposé?
    Enfants de demain innocents...

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