dimanche 30 décembre 2012

HOMMAGE A JEAN-LOUIS CHAUTARD ET GERARD GRANDJEAN...

Bonjour les amis !

Pour le Cinéma de Minuit, reportez-vous à l'article du 23/12, consacré au diptyque de Fritz Lang "Le Tigre du Bengale/Le Tombeau Hindou" , dont la deuxième partie est diffusée ce soir...

Quand on parle de chansons Rive Gauche, on est pas sexy. Votre interlocuteur, nourri, soit aux bêleries grand public type Nolwen Leroy, soit aux décaleries branchouilles type Biolay, ou pour qui l'Histoire de la Chanson commence avec Johnny Hallyday, réprimera un baillement et s'en ira discuter du dernier film de Nolan à l'autre bout de la pièce.
La Rive Gauche, pour le commun des mortels, c'est un bonhomme pas connu et mal habillé, qui, pipe au bec, pastiche Brassens dans un cabaret minuscule, en espérant des jours meilleurs.
Pour la mémoire collective, la Rive Gauche, c'est "Misère" de Coluche.



Et les nombreux documentaires naphtalinés réalisés à la va-vite,et pas seulement par Jacques Pessis, n'ont pas aidé à dé-ringardiser cette image.
Alors que la Rive Gauche, c'est une époque. Une époque où l'on sortait de quatre années d'occupation, et où l'on considérait que c'était un devoir de chanter, jouer, en toute liberté, loin des conventions. Et la Rive Gauche, c'est également une génération. Un vivier insensément riche, qui vit débuter  Brassens, Brel, Ferré, Barbara, Aznavour, Boby Lapointe, Anne Sylvestre, pour ne citer que les plus connus. D'autres, également talentueux, seront fauché par l'atroce et mercantile vague yé-yé du début des années 60...
En enfin, ce sont des lieux : "L'Ecluse", "Les 3 Baudets", "Milord l'Arsouille", et bien d'autres, situées rive gauche de la Seine... Cabarets minuscules, le plus souvent arrière-salles de commerces déjà existants...
Pour conter cette histoire sans nostalgie, aigreur et faux-fuyants, il fallait un documentariste intelligent. Yves Jeuland, avait, jusqu'ici , signé des documentaires "sociétaux" de première catégorie : "Bleu, Blanc, Rose" (2002) sur l'histoire de l'homosexualité en France...


Ou encore "Le Président" (2010), où il a suivi l'ahurissant Georges Frêche...


Cette précision, cette absence de concessions, Jeuland l'applique à son sujet, évitant l'anecdote pour saisir le coeur de ce qu'il faut bien aussi appeler une mode... S'appuyant sur des archives rares et des témoignages classieux ( Aznavour, Jean Rochefort, Henri Gougaud et bien d'autres), il nous fait vivre le quotidien, souvent peu reluisant, de ces cabarets. Certains des artistes de cette époque en sortent grandis (Barbara, "snobée" par ses collègues quand elle leur lisait ses premières chansons), d'autres sont écornés : Gainsbourg, dont l'éthique semblait se résumer à la posture du moment, et , surtout, Jean Ferrat, suspect d'avoir "cannibalisé" la carrière de sa talentueuse épouse, Christine Sèvres :


Même si vous n'aimez pas la chanson à texte, ruez-vous sur ce documentaire passionnant.
Il s'appelle Il est Minuit, Paris s'éveille. Il est (re)diffusé ce lundi à 23 H 55, et dispo sur ARTE+7 pendant encore quelques jours...

3 vidéos bonus :

Barbara chantant "Les Boutons Dorés"  en 62 :


Aznavour en 1955 :


 Et enfin, Gainsbourg, et sa "Recette de l'Amour Fou"...



 A plus.
Fred.



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