vendredi 19 octobre 2012

PIEGE DE KRISTEL...

Bonjour les amis !

Comme c'est étrange... Il suffit d'un décès pour réveiller de vieilles icônes profondément assoupies.
Sylvia Kristel, c'était Emmanuelle. Point final, hélas. Certes, elle avait travaillé avec Chabrol, Mocky ou Robbe-Grillet, mais de ces films-là, personne ne se souvient. Sylvia Kristel était à peine une actrice. C'était , comme dirait l'autre, la grande gagnante d'un concours de circonstances.
"Emmanuelle" fut d'abord un roman sulfureux, publié à la  fin des années 50, prétendument autobiographique, et signé Emmanuelle Arsan. Vendu presque sous le manteau, il devient un livre-culte. Un livre cuculte, pourrait-on écrire.
Au milieu des années 70, la société française traverse une drôle crise, et son cinéma aussi. Dans la foulée de Mai 68, le cinéma prend de plus en plus de libertés, montre des corps nus, des comportements sexuels libéres, et dans le même temps, sadisme et perversion ne sont plus tabous. Une partie du public se rue dans les salles,  l'autre moitié, scandalisée , hurle à la décadence, à la vulgarité. Jean Royer, le très puritain Maire de Tours, était le fer de lance de France réac et coincée...
L'érotisme au cinéma était commercialement rentable, mais souffrait d'une mauvais réputation. Comment changer ça ? En mettant en chantier un film érotique "convenable", un film érotique presque "grand public".
Yves Rousset-Rouard, futur producteur des "Bronzés" , et le photographe Just Jaeckin adaptèrent alors "Emmanuelle". Cette histoire d'une femme de diplomate coincée  découvrant peu à peu l'amour charnel dans un Bangkok pour touristes était à la fois assez coquine pour attirer les coquins, et assez soft et exotique  pour séduire des bourgeois curieux de s'encanailler.
On choisit Sylvia Kristel pour sa plastique, et le sobre Alain Cuny pour s'attirer, en plus de ça , le public intello.
Bonne combinaison : le film fut un triomphe, totalisant huit millions d'entrées. L'érotisme " à la Emmanuelle" devint un phénomène de société.
Et pourtant, pourtant... c'est un gros navet. Risible, caricatural, mièvre... et finalement, trop conventionnel pour être vraiment érotique. Parole de p'tit cochon, l'érotisme a besoin d'une pointe de perversion, de subversion, pour être autre chose qu'une démonstration de gymnastique entre deux couchers de soleil...


Jaeckin lui-même fera bien mieux dans le genre, quelques temps plus tard, avec "Histoire d'O", plus noir et moins neuneu...
Quand à Sylvia Kristel, elle tourna dans des suites ( "Emmanuelle 2 : l'Antivierge" (!!!), puis , marquée à vie, elle se tourna vers la peinture...
La mise en place du classement X, en 1975, accentua encore plus le décalage entre une pornographie" libertaire" , et un érotisme "bourgeois"... Décalage qui, selon certains, se perpétue encore aujourd'hui...

A plus.
Fred.

Bonus : les seules choses que l'on puisse sauver de ces films, ce sont leurs chansons !








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