dimanche 28 octobre 2012

CINEMA DE MINUIT - PASSAGE DE TEMOIN...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 30 sur France 3 : "The Star Witness" (1931) de William A. Wellman...


Toujours Wellman, toujours la Warner, mais cette fois... un film policier, contant les mésaventures des membres d'une famille,  témoins d'exactions commises par un gang, et pourchassés par ce dernier.
Nous sommes en 1931, en pleine mise en place du "style Warner".
Remontons un peu le temps.
La firme montée par les Frères Warner au milieu des années 20 eut bien du mal à s'imposer et ne put jouer dans la cour des grands qu'à partir de 1927, avec cet incroyable coup de poker que fut... "Le Chanteur de Jazz", que l'Histoire a retenu comme le premier film parlant...


La Warner tint quelques mois sur cette innovation technique (le Vitaphone, son sur disque) avant d'être concurrencée , et même dépassée par les autres firmes , qui optèrent pour le son optique. A cette époque, selon la légende, le studio a survécu grâce au succès insensé des aventures ... de Rin-Tin-Tin !


Il manquait un style aux films Warner. On prête à Darryl F.Zanuck, nommé à la tête de la production du studio en 1931, les grandes lignes de ce style :
- d'abord , des films serrés, d'une durée limitée (entre 01 H 10 et 01 H 20), pour faire baisser les coûts et contraindre scénaristes, metteurs en scène et monteurs à pratiquer l'ellipse. Le parlant a eu en effet pour effet pervers de privilégier les plan-séquences interminables, bavards, théâtraux, qui permettaient d'éviter les raccords sons, encore problématiques...
- Ces précautions avaient pour but de privilégier l'action sur le dialogue. Pour mettre en pratique ce parti-pris, on décida de développer un genre musclé : le film criminel. Et Zannuck donna le coup d'envoi de cette nouvelle ère en produisant "Little Caesar", réalisé par Mervyn Le Roy, qui fit de Edward G.Robinson une star...


Suivront "L'Ennemi Public" et bien d'autres...
Le développement du film criminel permit également à Zanuck d'appliquer une autre de ses règles : présenter des personnages au plus proche du peuple, de l'homme de la rue, s'exprimant en argot et avec rudesse, y compris les femmes, ceci en complet décalage avec le glamour de la MGM  ( Garbo) ou de la Paramount (Marlène Dietrich) .
Ce souci de populisme s'exprima aussi dans l'autre genre ressucité par la Warner : la Comédie Musicale . En témoigne , entre autres, le magnifique morceau "My Forgotten Man" , hommage à l'ancien combattant devenu chômeur, chorégraphié par Busby Berkeley dans "Gold Diggers of 1933"...

Ce qui explique aussi pourquoi la classieuse Ruth Chatterton eut droit à des rôles de maquerelle ou de fille de cirque , dans les films diffusés précédemment...
Evidemment, cette forme de cinéma allait très bien avec la période "pre-code" et indignait les ligues de vertu...
Après 1935, tout en gardant une grande vivacité au niveau de l'écriture, du montage et de la mise en scène, avec des metteurs en scène comme Curtiz, Walsh ou Wellman, la Warner, soumise au Code de Production,  devra s'assagir et se tourner vers le mélodrame ( avec Bette Davis) et le film d'aventures ( avec Errol Flynn)...
Le film de ce soir est donc un pur film criminel de cet "âge d'or" Warner. On y retrouve, dans la distribution, Walter Huston, père de John, qui devait, quelques temps plus tard, trouver le rôle de sa vie dans l'étrange "Gabriel à la Maison Blanche" (1932) , de Grégory La Cava...


A plus.
Fred.



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