mardi 20 septembre 2011

SIMENON AU CINEMA - ANNEES 30...

Bonjour les amis !

Evoquer les adaptations simenoniennes au cinéma est une gageure, tant cette oeuvre fut exploitée. Ce qui peut paraître paradoxal : beaucoup de dialogue, peu d'action et de rebondissements. Mais la recherche de la fameuse "atmosphère simenonienne" a tenté moult metteurs en scène. J'aborderai, donc, de temps en temps, ce vaste chantier, décennie par décennie, sinon, on ne s'en sortira pas.
Heureusement, le premier chapitre de cette évocation ne va pas être le plus compliqué. On ne dénombre en effet, durant cette décennie, que trois adaptations, françaises, tournées entre 1932 et 1933, et mettant toutes en scène... le commissaire Maigret !
On notera la vivacité des réalisateurs et des producteurs, le premier roman "Maigret" ("Piotr-le-Letton"), étant sorti en 1931 !
Et c'est le père Renoir qui ouvre le bal, avec "La Nuit du Carrefour".


Comme pour toute oeuvre du "patron", on a écrit un peu tout et n'importe quoi sur ce film. Une anecdote a même longtemps circulé, comme quoi, lors de la première projection, on oublia une bobine, ce qui a donné au film tout son "mystère" !!
Mouais... Mystérieux, le film l'est. Jouant avec les clair-obscurs, des effets de montage secs, une intrigue relativement confuse, le film a une atmosphère incontestable. Mais il souffre également des défauts inhérents aux débuts de la production parlante : un enregistrement sonore déficient, qui n'arrange rien à la compréhension des répliques de l'actrice principale, Winna Winfried, à l'accent prononcé, des scènes d'intérieur statiques et longues, qui s'opposent à la vivacité des scènes muettes. Pierre Renoir, frère du réalisateur, joue Maigret avec charisme, mais un peu en retrait, comme si les contours du personnage restaient à dessiner. A l'arrivée, plus une curiosité, une curiosité audacieuse, qu'une véritable réussite.
Mais laissons le maître raconter, avec sa faconde légendaire, la "tournaison" (dixit) de ce film (archive de 1962):


Aux deux frangins Renoir succèdèrent les deux frangins Tarride, quelques semaines plus tard, avec "Le Chien Jaune" .


Cette fois, Jean Tarride est derrière la caméra, et Abel joue Maigret. J'ai eu toutes les peines du monde à trouver des infos sur ces deux-là, et bien qu'ayant vu le film, en 2008, au Cinéma de Minuit, je n'en ai absolument aucun souvenir ! On va donc dire qu'il est oubliable... La seule curiosité de ce film est que c'est Simenon lui-même qui en a écrit l'adaptation. Expérience qu'il renouvellera peu.

Enfin, en 1933, Julien Duvivier se lance dans l'aventure de "La Tête d'un Homme".


J'avoue, que, pour moi, ce film est un des plus beaux "Maigret" jamais tournés. L'atmosphère y est étouffante de bout en bout. Les personnages y sont tordus, marqués, pervers, presque surnaturels, à l'image de l'inquiétant Valéry Inkijinoff. Au milieu de cet univers interlope, Harry Baur* en Maigret, qui, chapeau sur la tête et pipe au bec, campe enfin un commissaire tel qu'on l'attend : accoucheur des âmes, patient, rusé, félin. Contrairement au Renoir, les imperfections d'époque rajoutent ici au malaise, et contribuent à faire du film un étrange voyage dans un ailleurs... parisien !


Après ces trois sorties très rapprochées, il faudra attendre... l'occupation allemande, au début des années 40, pour que le cinéma se replonge (et grassement) dans l'oeuvre simenonienne...

A suivre prochainement.

A plus.
Fred.

* Harry Baur, très grand comédien de cette époque, idole de Gabin, scandaleusement oublié aujourd'hui, et à qui je consacrerai un cycle un de ces quatre...

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