dimanche 18 février 2018

CINEMA DE MINUIT - LE CRIME DE MONSIEUR POTTIER...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 55 (Misère !), sur F3 : Si j'étais le Patron (1934), de Richard Pottier...




Au début des années 1930, le jeune Jacques Prévert fait feu de tous bois.

En rupture de ban avec le mouvement surréaliste, il est contacté par le groupe de théâtre militant Octobre, proche du Parti Communiste , pour leur écrire des brûlots contestataires. Il s'en débrouille si bien que le groupe y gagne en renommée et est régulièrement convié à jouer dans les usines , durant les manifestations, souvent à chaud.
Son frère Pierre, également membre du groupe, est, lui, féru de cinéma. Grimpant les échelons, il devient assistant, et permet à son frère d'écrire son premier film, Baleydier, dont le rôle principal est joué par Michel Simon ! Etrangeté de l'Histoire, cette première oeuvre sera mise en scène par le sinistre Jean Mamy, qui sera, dix ans plus tard, le plus actif des cinéastes collabos, ce qui lui coûtere la vie à la Libération.
Mais ce film , ainsi que le suivant, Ciboulette, première oeuvre de Claude Autant-Lara, sont des échecs cuisants.
Heureusement, les frères Prévert n'en ont cure : ils viennent de parvenir à monter le financement de leur premier film à eux, un délire surréaliste et irrévérencieux, L'Affaire est dans le Sac. 



Le film fait scandale, surtout auprès de l'extrême-droite, qui dévaste les salles de projection.
Les frères sont ravis. Mais bon. Ni le groupe Octobre, ni les provocations cinématographiques ne nourrissent leur homme.
Prévert se résout  alors à proposer (discrètement) ses services au cinéma commercial, au cinéma du samedi soir. Il faut savoir que , dans cette première partie des années 30, la production de films était prolifique et anarchique : tout le monde s'improvisait producteur de films, et il suffisait de signer un ou deux noms connus pour qu'un film se fasse. Et le résultat était souvent une cornichonnerie.
Si j'étais le Patron s'inscrit , visiblement, dans cette lignée . Ici, nous avons en tête de pont, un des jeunes premiers les plus choyés de l'époque , Fernand Gravey.


A ses côtés, dans un de ses premiers rôles importants, on trouve celle qui sera quelques mois plus tard une des plus belles garces du cinéma français face à Gabin dans Pépé le Moko et Gueule d'Amour : Mireille Balin.


Mais le cador du film, bien oublié aujourd'hui , mais très populaire à l'époque, c'est l'insubmersible artiste de music-hall, danseur, chanteur, qui s'apprêtait à prendre sa retraite quand le parlant lui fit les yeux doux : Max Dearly.

Sans oublier les indispensables seconds rôles Pierre Larquey et Madeleine Guitty, éternelle concierge.
Il fallait bien ça pour porter cette petite histoire assez anodine et populiste d'un jeune inventeur (Gravey) , bombardé directeur à la place de celui-ci (Dearly) afin de relancer l'entreprise !
Quand on pense à l'agit-prop du groupe Octobre !
Si le dialogue est cosigné par le redoutable René Pujol ( Trois Artilleurs au pensionnat, le Comte Obligado, Titin des Martigues !), la patte de Prévert ( pourtant non crédité !) se fait bel et bien sentir , et donne au film un supplément d'âme dont il a bien besoin, car ce n'est pas la mise en scène qui va relever le niveau.
Car le film a également le douteux privilège d'être la première oeuvre de monsieur Richard Pottier, cinéaste franco-hongrois , et qui restera comme un des plus grands nanardeurs de l'histoire du cinéma national !
Drôle de rencontre, drôle de mélange. Mélange qui perdurera un certain temps, puisque le duo se reformera dès l'année suivante, pour... Un Oiseau Rare, programmé la semaine prochaine !
On s'en reparle !

A plus !

Fred.


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