dimanche 15 décembre 2013

CINEMA DE MINUIT - PARIS MUTUEL...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 15 sur F3 : "Sous le Ciel de Paris" (1951) de Julien Duvivier...


Après la Seconde Guerre Mondiale, Julien Duvivier , le cinéaste autrefois fêté de Pépé Le Moko, de La Belle Equipe, de La Fin du Jour, et ensuite exilé à Hollywood, a un peu de mal à retrouver ses marques dans son pays natal. Le film qui marque son retour est Panique, en 1946, avec Michel Simon, splendide mais très noire adaptation des Fiançailles de Monsieur Hire de Simenon :


Mais la critique et le public cherchent l'espoir après des années de terreur : la patte pessimiste de Duvivier passe mal , de même que celle de Prévert et Carné pour leurs Portes de la Nuit, sorti la même année... Pour se ressourcer, le cinéaste part donc tourner en Angleterre ( Anna Karénine avec Vivien Leigh) et en Espagne ( l'obscur Black Jack) . A son retour, il entreprend Au royaume des Cieux, avec Reggiani, gros échec également.
N'ayant plus grand'chose à perdre, il décide alors de monter un projet plus original, conçu avec le concours de l'ancien jeune premier René Lefèvre .


Le héros de ce nouveau film sera... Paris. Ce fantasme de filmer une ville avant de raconter une histoire n'est pas nouveau, notamment concernant la ville-lumière : René Clair s'était déjà livré à l'exercice dans Paris qui dort en 1925...


... Et dans Sous les Toits de Paris , en 1930...


Vous noterez la similitude des titres, encore plus troublante quand on sait que Lefèvre était un des acteurs fétiches de Clair...
Bref, ces deux-là veulent rendre hommage à Paris, et pour cela , ils vont utiliser une forme inédite  : le film choral . Enfin, inédite :  il est intéressant de noter que la même année, Luciano Emmer , en Italie, utilise la forme chorale pour son Dimanche d'Août... Lequel a copié l'autre ?
Quoi qu'il en soit, pas de héros dans ce film, mais une multitude de petits personnages, qui vont se croiser, s'ignorer , se déchirer, vivre, mourir... sous le ciel de Paris !
Voilà qui est enthousiasmant, en tous cas sur le papier. Hélas, hélas, hélas, René Lefèvre n'est ni Charles Spaak ni Henri Jeanson, et son univers pèse peu lourd face , encore une fois, à l'amertume du père Juju . Celui-ci mêle maladroitement une grande liberté narrative ( caméra à l'épaule, tournage en extérieur, ciné-reportage) et des personnages le plus souvent sortis de la littérature à deux sous ( une vielle dame pauvre, un sculpteur sadique, un couple d'amoureux tragique, un brave chirurgien), le tout devenant une espèce de grand fourre-tout stylistique. Pour tâcher de lier tant bien que mal le tout, Duvivier fait appel à Jeanson pour un commentaire dit par François Périer, riche en mots d'auteur , certes, mais qui ne parvient pas à donner une unité, une vision d'ensemble , un discours sur Paris. 
Ce qui fait que la chanson, demeurée célèbre, et créée ici par Jean Bretonnière, avant d'être reprise par Piaf? Montand et Gréco, se suffit presque à elle-même et fournit un portrait plus simple, et peut-être plus juste, de Paris :




On remarquera dans la distribution foisonnante  la jeune Brigitte Auber , que Hitchcock remarquera et fera tourner dans La Main au Collet, ainsi que , curiosité supplémentaire, la présence de deux  "chansonneurs" plutôt rares à l'écran  : d'abord, le vétéran Georgius , véritable légende des années 20-30, où il chantait des chansons loufoques et surréalistes, comme le fameux Lycée Papillon (1936)...


... et le jeune Pierre Destailles, à la carrière discrète , faite dans les cabarets, et qui laissera tout de même à la postérité une des plus belles chansons de l'après-guerre, Tout ça parce qu'au bois de Chaville...


 Le tournage terminé, Duvivier part pour l'Italie, cette fois, tourner LE film qui lui remettra enfin dans la course, et qui sera même un de ses plus jolis succès commerciaux : un certain Petit Monde de Don Camillo, avec Fernandel et Gino Cervi...


Extrait du film de ce soir :


A plus !
Fred.





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