dimanche 3 mars 2013

CINEMA DE MINUIT - UN AMERICAIN A YONVILLE...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 15 sur France 3 : "Madame Bovary" (1949) de Vincente Minnelli...

 Dans un cycle intitulé "Littérature et Cinéma", il était difficile de passer à côté d'une "Madame Bovary" tant ce roman incarne la quintessence de la littérature française classique, et tant, pourtant réputé inadaptable , il a été adapté. Et même les meilleurs s'y sont collés  : Chabrol (1990) , et puis Renoir (1933)...


Tous les deux , pourtant talentueux, s'y sont cassés les dents (surtout Chabrol !) . En effet, comment rendre l'ennui, coeur du récit, sans être ennuyeux ?
Eh bien, Vincente Minnelli, lui , a trouvé la solution : il prend parti. Pour Emma Bovary. Alors que Flaubert avait, finalement, assez peu d'estime pour son personnage principal, aussi peu que pour l'univers hostile qui l'entoure, Minnelli en fait la victime aliénée des convenances et des préjugés de son époque, une jeune femme encore pleine d'illusions,  éprise de liberté, et que l'on brise. Par rapport au matériau original, c'est une trahison, mais une trahison hautement cinématographique. Et c'est pourquoi la version de Minnelli est considérée comme la meilleure transposition du livre au cinéma.


Rappelons à cette occasion que Minnelli ( mari de Judy Garland et papa de Liza) n'était pas qu'un (très grand !) réalisateur de comédies musicales ( Un Américain à Paris, Brigadoon, Tous en Scène, etc...). Il s'est essayé avec bonheur à  tous les genres, de la comédie ( Le Père de la Mariée) au drame, avec, entre autres, le sublime Comme un torrent (1958)...


Amateur d'art, influencé par la culture européenne, il était un des esthètes d'Hollywood, et les jeux de miroirs qu'il installe autour d'Emma, illustration du divorce entre ce qu'elle est et ce qu'elle aurait voulu devenir, préfigure les plus belles scènes des films d'Ophüls...

Emma Bovary, c'est Jennifer Jones.


Très belle actrice, sa carrière sera marquée par la passion que lui portera son producteur et mari David O.Selznick ( Autant en emporte le Vent, Rebecca) et sa rage d'en faire une star. Il y parvient tout d'abord, avec Le Chant de Bernadette (1943) et surtout le mythique Duel au Soleil (1946):


Mais ce film marque aussi les limites du système Selznick : intrusif, malade à l'idée que son égérie soit mal filmée, il épuise pas moins de SEPT réalisateurs !! Si le film est un chef d'oeuvre et un succès, les studios et les metteurs en scène se détournent peu à peu de Jennifer Jones,  par peur de devoir subir l'ouragan Selznick.
Le tandem mythique des "Archers",  Michael Powell & Emeric Pressburger, sollicités pour La Renarde (1950) verront leur travail massacré , voire retourné par Selznick...
L'échec de L'Adieu aux Armes , en 1956, marque la fin du succès pour le couple.  A sa mort, Selznick laisse sa veuve couverte de dettes...
Trop couvée, Jennifer Jones est néanmoins l'une des actrices hollywoodiennes les plus inoubliables, belle, charismatique, émouvante. Entourée d'une distribution apte à la valoriser ( Van Heflin, Louis Joudan... plus James Mason dans le rôle de Flaubert !), elle livre ici l'une de ses plus belles compositions...

Extrait : 


A plus.
Fred.


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