dimanche 24 mars 2013

CINEMA DE MINUIT - MALAISIE D'AMOUR...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 15, sur France 3 : "Amok" (1934) de Fédor Ozep...


Amok, en ethnonologie, désigne un comportement de violence  meurtrière observé dans diverses régions du globe. Le mot est malais car c'est après avoir observé ce type de comportement en Malaisie que des ethnographes ont commencé à théoriser la chose.
En 1922, Stefan Zweig  écrit une nouvelle intitulée Amok ou le Fou de Malaisie. Un médecin y rencontre une femme qui lui demande de l'avorter, l'enfant étant adultérin. Le médecin refuse dans un premier temps, mais, saisi par l'Amok, ici assimilé à une obsession amoureuse, il n'aura de cesse de retrouver cette femme pour la secourir. Il arrivera bien sûr trop tard, mais sauvera la réputation de la dame en mentant à son mari et à ses proches.
L'avortement étant un sujet particulièrement surveillé par la censure, l'adapter au cinéma était une gageure. La sortie du film fut d'ailleurs retardée pendant plusieurs mois. Mais l'audace ne paie pas toujours. Toutes les adaptations d'Amok (il y en eut 3 après celle-ci) furent des échecs artistiques, que ce soit la plus récente , sortie en 1993, avec Fanny Ardant, ou la version mexicaine de 1944, interprétée par Maria Felix :

AMOK AVEC MARIA FELIX

Pourquoi ces échecs ? Sans doute parce que, là où Zweig appuyait sur le conflit moral et psychologique entre le médecin et sa patiente, le cinéma ne garde que l'anecdote. Et l'anecdote de la nouvelle, c'est quand même un gros mélo.Il aurait donc fallu un grand cinéaste pour bousculer tout ça. Or, ici, nous avons Fédor Ozep.






Fedor Ozep connaît des débuts assez prestigieux dans son pays natal, la Russie, en étant , par exemple, le scénariste du grand Protazanov pour sa Dame de Pique adaptée de Pouchkine (1916).
Il passe à la réalisation en 1926 avec Miss Mend co-réalisé par Boris Barnet :

MISS MEND

Puis à la fin des années 20, il quitte l'URSS. Mauvaise idée . Ce vaillant petit soldat du cinéma muet ne se fera jamais vraiment au parlant. Il tournera en Allemagne, en France, aux Etats-Unis, et enfin au Québec, où il mourra à la fin des années 40, sans laisser aucune oeuvre majeure.
Il faut dire, que, dans le cas qui nous occupe, il n'est pas aidé par sa distribution.
La "fauteuse" est incarnée par Marcelle Chantal (eh oui, en ce temps, des actrices pouvaient s'appeler Marcelle Chantal) :


Le principal titre de gloire de la dame est d'avoir joué dans un des premiers films français (semi-)parlants, Le Collier de la Reine, en 1929. Soyons justes, cette ex-cantatrice a connu une jolie carrière dans les années 30, mais hélas, souvent  dans des histoires mélodramatiques ou pompières, où elle incarne, avec (trop de ?) classe, les demi-mondaines arrogantes,  les bourgeoises en faute, ou les reines contrariées. Le temps est un terrible arbitre : de tous les films tournés par Marcelle Chantal (et il y en eut quelques bons) , aucun n'est resté dans la mémoire collective. La faute à une actrice peut-être trop inscrite dans son époque.
Parmi les pépites de sa filmographie , signalons quand même "Au Nom de la Loi" de Maurice Tourneur (1931), un des premiers grands films policiers parlants...
Elle est , dans Amok,  confrontée à la raideur de Jean Yonnel de-la-Comédie-Française et à un Jean Servais très jeune, alors loin du comédien profond qu'il sera pour Jules Dassin ou Luis Bunuel...
Seul deux personnages hors-normes valent que l'on s'attache à ce film daté : d'abord, le fascinant  Valéry Inkijinoff, acteur russe d'origine bouriate qui, après avoir été le co-fondateur , excusez du peu, de la théorie de la biomécanique théâtrale, s'exilera comme Ozep et jouera, pendant plus de trente ans, presque tous les rôles d'asiatiques fourbes du cinéma européen...


Et ensuite, la mythique chanteuse Fréhel, qui, ici, comme elle le faisait régulièrement à l'époque, vient pousser la chansonnette, histoire de booster un projet bancal.

FREHEL DANS AMOK

A plus.
Fred.







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