dimanche 18 mars 2018

CINEMA DE MINUIT - CREME A LA NANA...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 30, sur France 3 : Nana (1955), de Christian-Jaque...


Nana, neuvième volume de la série des Rougon-Macquart de Zola, a connu un nombre impressionnant d'adaptations filmées : six au cinéma, trois à la télévision.
Il faut dire que le sujet est on ne peut plus cinématographique : l'irrésistible ascension d'une cocotte (prostituée de luxe) durant le Second Empire. L'occasion, aurait dit Truffaut , de faire faire de jolies choses à une jolie femme... fort peu vêtue. Le parfum de scandale hérité du roman peut aider, à l'occasion.
La version la plus connue, et la plus renommée à juste titre, est celle de Jean Renoir, signée en 1926, hommage à peine voilé du jeune cinéaste à son maître d'alors, Erich Von Stroheim...


La version de ce soir est ô combien plus opportuniste, mais tout de même réussie et intéressante : c'est le film le plus abouti de Christian-Jaque pour sa muse d'alors : Martine Carol.


On a peine à imaginer aujourd'hui ce phénomène que fut Martine Carol pour le public (essentiellement masculin !) des années 50. Dans un cinéma français qui ne fut érotisé que par le prisme des personnages de garces incarnées par Viviane Romance, Mireille Balin ou Ginette Leclerc, elle incarna , après la guerre, un nouveau type de femme sensuelle, par la grâce d'un seul film : Caroline Chérie .


Par ce personnage de jeune aristocrate délurée, insolente et déterminée, la jeune starlette accéda au vedettariat à la vitesse de l'éclair, et devint la première sex-symbol nationale , à la surprise générale.
Christian-Jaque , cinéaste déjà reconnu (Les Disparus de Saint-Agil, l'Assassinat du Père Noël), la rencontra sur le tournage d'Adorables Créatures (diffusé la semaine prochaine au CDM) , épousa ce fragile bijou et se mit en tête de lui fournir des écrins. L'atout maître de Martine était son corps, et son absence de complexe à s'en servir . Il fallait lui faire jouer des personnages sulfureux, ce qui fut fait : Lucrèce Borgia, Madame du Barry, Lysistrata dans Destinées, et, donc , Nana.
Le réalisateur, malin, évacua toute la dimension sociale du livre, et en fit un mélodrame luxueux et ironique. 
Pourquoi ce film-ci résiste-t-il mieux que les autres films de Martine Carol ? Eh bien, d'abord, parce que la magie de la coproduction offre au film un budget confortable qui lui permet de soigner une reconstitution, il est vrai, assez remarquable, et en couleurs. Ensuite, en embarquant le trio Henri Jeanson-Jean Ferry-Albert Valentin à l'écriture, Christian-Jaque mobilise le meilleur de la Qualité française, pour un résultat bien supérieur aux travaux d'Anouilh (!) sur Caroline Chérie ! Ajoutez à cela un casting trois étoiles : Charles Boyer, Jacques Castelot, Jean Debucourt, et vous emballez encore mieux le film.

Enfin, et c'est le plus important, Martine Carol trouve en Nana le personnage qui lui est le plus proche. On ne peut pas ne pas faire le parallèle entre la demi-mondaine allant de succès en succès par la simple magie de son charme, et la jeune actrice limitée devenue trop vite la Coqueluche de Paris.
Christian-Jaque fera utilement remarquer que Martine, enfin mise en confiance par son succès, avait travaillé d'arrache-pied et donné sa meilleur composition.
Elle restait une beauté fatale, servie par des costumes ahurissants, mais pas que. 
Nana fit  monter à son actrice une marche de plus. Son film suivant, Lola Montès, et l'émergence du mythe Bardot, lui feront dégringoler tout l'escalier d'un seul coup. Rude métier. Mais c'est une autre histoire, déjà contée ici.

Extrait : 


A plus !

Fred.


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