dimanche 15 octobre 2017

CINEMA DE MINUIT - LUIS SAUVE DES EAUX...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 15, sur F3 : Viridiana (1961), de Luis Bunuel...


A la fin des années 50, nul n'aurait misé gros sur l'avenir de la carrière de Don Luis Buñuel. Celui qui fut, à l'orée des années 30, avec Dali, le porte-drapeau du surréalisme cinématographique, avec Le Chien Andalou et l' Âge d'Or...




... Survivait au Mexique en acceptant des oeuvres variées , souvent commerciales, souvent fauchées, mais où, confiait-il, il ne s'était jamais renié. Certains de ces oeuvres apparaîtront d'ailleurs plus tard comme  fulgurantes (El, La Vie Criminelle d'Archibald de la Cruz).
Et puis un jour, à l'orée des années 60, un producteur, sans doute un fou, lui laissa carte blanche pour réaliser le film qu'il voulait. Qui plus est, pour des raisons financières, ce producteur choisit de délocaliser le tournage... En Espagne.
L'Espagne. Le pays natal de Buñuel où celui-ci n'avait plus remis les pieds depuis la fin de la Guerre Civile . Une Espagne alors franquiste jusqu'au bout du calot. Mais qui, miraculeusement,  laissa faire. L'Art, dans le pays, était évidemment au point mort, et le Directeur Général de la Cinématographie pensa pouvoir "récupérer" Buñuel, l'impossible militant républicain, pour la gloire du régime et de ses valeurs bigotes.
Le cinéaste avait en effet décidé de raconter la vie d'une sainte, Viridiana,mais...  en modernisant le sujet. Moderniser est un faible mot. Viridiana, ici, est une jeune novice (SIlvia Pinal), qui, avant de formuler ses voeux, vient saluer son vieil oncle (Fernando Rey). Celui-ci tombe éperdument amoureux d'elle et veut l'épouser. Elle refuse. Il se donne la mort. Devenue héritière, elle décide d'accueillir les mendiants du village dans la propriété, malgré l'hostilité de son cousin, un rustre qui l'attire. Mais les mendiants, en son absence, pillent la maison, puis tentent de la violer. Choquée, désabusée, elle accepte de continuer ses jours avec le cousin et sa maîtresse, la servante, formant ainsi un étrange ménage à trois.
On est loin, très loin, de l'hagiographie espérée par le gouvernement espagnol, qui, pourtant, visa le scénario sans rien y trouver à redire.
Le film est projeté au dernier jour du Festival de Cannes. C'est un triomphe critique (le film partagera, à la dernière minute, la Palme d'Or avec Une Aussi Longue Absence d'Henri Colpi) , et un énorme scandale. L'Osservatore Romano, organe officiel du Vatican , déclare le film "sacrilège et blasphématoire". Le gouvernement espagnol, furieux , vexé , interdit immédiatement le film sur son territoire, lui retire à postériori (!!!) son autorisation de tournage , et va jusqu'à obtenir le retrait de la nationalité espagnole pour le film, qui devient mexicain, comme son producteur.
Mais pour les cinéphiles et une partie du public, c'est le retour du trublion de l'Âge d'Or;
Pourtant, Buñuel niera toujours avoir voulu faire scandale. Ce qu'il voulait, c'était confronter une croyante sincère, enfermée dans ses certitudes et dans un couvent... Au monde réel, à sa dureté, sa cruauté et son animalité. Ce n'est pas un film-manifeste comme pouvait l'être Le Chien Andalou, c'est un film où un cinéaste, un grand cinéaste, affirme sa vision du monde.
Cinéaste dont la carrière est relancée : en 1963, il accepte la proposition d'un producteur français de filmer Le Journal d'une Femme de Chambre , d'Octave Mirbeau . Il rencontre à cette occasion un jeune scénariste : Jean-Claude Carrière. Le deuxième Âge d'Or (si je puis dire) de la carrière de Buñuel peut commencer.


Extrait du film de ce soir :


A plus !

Fred.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire