vendredi 6 novembre 2015

CINEMA DE MINUIT - UNE ANNEE PARTICULIERE...

Bonjour les amis !

Dimanche soir, à 00 H 20 sur F3 : Dommage que tu sois une Canaille (1954), de Alessandro Blasetti...


Nous entrons pour quelques semaines dans un cycle Cinéma Italien qui démarre avec un film qui a le mérite d'aligner trois noms parmi les plus évocateurs de la production transalpine de l'Age d'or : De Sica, Loren, et Mastroianni. 
S'agit-il pour autant d'un chef d'oeuvre ? Non. Plutôt d'une étape.
Au milieu des années 50, le néo-réalisme ne fait plus recette.
Il ne fait plus recette auprès des jeunes auteurs en devenir, les Fellini, Pasolini, Monicelli, qui vont chercher d'autres formes, plus féroces,  susceptibles de dépasser le simple constat social, penchant parfois dangereusement vers le misérabilisme.
Il ne fait plus recette auprès des ses fondateurs même, Rossellini, Visconti, et même De Sica, qui vont tourner leur génie vers des imaginaires plus fous, plus forts.
Et surtout, il ne fait plus recette auprès du public italien, fatigué de retrouver sur grand écran ses malheurs du quotidien.
Mais , en attendant que toutes ces frustrations aboutissent à l'explosion artistique des années 60, les producteurs, malins et aux aguets, vont trouver la parade : ils vont garder la cosse du néo-réalisme, tournage en extérieurs, vraies gens, détails authentiques... pour raconter des petites histoires gaies qui vont charmer le public, lui permettre de se reconnaître , tout en appréciant le miroir tendu. On va appeler ca gauchissement le néo-réalisme rose.
Le film qui va marquer le début, et la réussite de ce courant est le fameux Pain, Amour et Fantaisie, de Luigi Comencini...


Le film est le modèle du genre : un petit village typique, où tous les gens sont de braves gens, pittoresques mais braves, un acteur populaire (De Sica) incarnant un carabinier décalé mais sympathique, et... une ravissante sauvageonne (Gina Lollobrigida) incarnant la santé, l'optimisme, la gouaille et la beauté de la femme italienne.
Le film de ce soir est dans la droite lignée de ce courant. On y retrouve De Sica, cette fois en voleur, et père d'une voleuse , qui n'est autre que Sophia Loren.

Sophia Loren est d'abord une création de la presse du coeur, comme on appelait alors la presse people. Elue Miss Elegance à 17 ans, elle pose dans moult romans-photos et n'hésite pas à apparaître seins nus dans ses premiers (et mauvais) films. En 1952, elle signe un contrat important avec le producteur Lombardo qui va la sortir de ces marécages, notamment en la signant pour le formidable Or de Naples de... De Sica ! (Eh oui, il est partout, celui-là !). Elle obtient enfin son premier grand rôle dans  une étrange version filmée de Aïda , de Verdi... où tous les acteurs sont doublés pour le chant !!



Mais le film de ce soir marque un palier important dans sa carrière , d'abord parce qu'elle peut enfin y exposer pleinement une fantaisie de jeu, qui, alliée à sa sensualité naturelle, fait des ravages. Et ensuite, parce que c'est sa première rencontre avec  Marcello Mastroianni.


Le jeune Mastroianni arpente les plateaux depuis la fin des années 40, mais jour de malchance. Il joue parfois dans des films marquants , mais les producteurs s'en défient, à tel point que sur le Dimanche d'Août de Luciano Emmer, il est doublé par Alberto Sordi !


Pour sa carrière aussi, le film est important : le rôle de ce chauffeur de taxi naïf, victime d'une trop belle fille , lui vaudra l'affection du public, et le tiendra dans des emplois de brave gars pour quelques années, avant que Visconti et Fellini, entre autres, ne révèlent sa grandeur aux yeux du monde.
L'alchimie entre Loren et Mastroianni est évidente. Ces deux-là ne joueront pas moins d'une douzaine de fois ensemble , le sommet de leur complicité étant atteint dans la superbe Journée Particulière (1977) , d'Ettore Scola...


Mise en scène tranquille, tranquille, par le vétéran Alessandro Blasetti, cette adaptation lointaine de Moravia  est plaisante, notamment grâce à l'abattage réjouissant de ses trois interprètes. On peut y voir, à toutes toutes petites touches, l'embryon de cruauté qui caractérisera  la grande Comédie Italienne. Mais bon, il faut de bonnes lunettes.
En tous cas, le succès du film sera tel que , quelques mois plus tard, cette fois sous la caméra de Mario Camerini, le trio se reformera pour un film du même acabit, Par-dessus les moulins..




Bande-annonce du film de dimanche :


A plus !

Fred.

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