dimanche 2 août 2015

CINEMA DE MINUIT - QU'EST-CE QUI FAIT COURIR MIHALY ?

Bonjour les amis !

Dimanche, à 00 H 20 sur F3: L'Indésirable/L'Expulsion(1914),de Mihály Kertész (Michael Curtiz)...


Je pensais être bien informé sur le cas, si particulier, du sieur Michael Curtiz... Je savais qu'il était l'un des réalisateurs maison les plus prolifiques de la Warner Bros , où il restera de son arrivée aux Etats-Unis, en 1928, à 1958, allant jusqu'à mettre en scène 7 films dans la même année , dont une sacrée portion de bons films et une poignée de chefs-d'oeuvre : Casablanca et Les Aventures de Robin des Bois , entre autres, excusez du peu ...



Je savais aussi qu'il avait fait ses gammes dans son pays d'origine, la Hongrie.Mais ce que j'ignorais, c'est que sa boulimie de tournage datait de cette époque-là, et qu'elle fut précoce : Mihály Kertész signe son premier long métrage en 1912 , et en 1914, il aligne ... 5 films , dont l'Indésirable , présentée ce soir. Son record semble être atteint en 1916 et 1918, où il enchaîne 9 tournages par an !


Quel est le secret du bonhomme ? Eh bien, d'après les témoignages recueillis, il apparaît que Curtiz ne vivait que par et pour le cinéma, du matin au soir, sept jours sur sept . Il ne s'arrêtait jamais . Son perfectionnisme en faisait un pur tyran sur les plateaux , parfois en dépit du bon sens : on le vit un jour, sur le plateau d'un film de guerre, incendier un escadron d'avion de chasse qui passait à l'arrière-plan, pour les obliger à faire demi-tour ! Cette quasi-folie lui valut des inimitiés, notamment celle de son acteur fétiche, Errol Flynn, qui lui devait ses plus beaux succès , mais qui exigea de le faire remplacer par Raoul Walsh, ne supportant plus son sale caractère...
Il n'empêche que Curtiz fit toujours, toujours, preuve d'un savoir-faire à toute épreuve, passant du western au polar , du film d'aventures au mélodrame, avec la même maîtrise. La Warner lui doit même ses deux plus beaux films d'épouvante, les seuls à même de concurrencer la firme Universal, maîtresse du genre : Doctor X et Masques de Cire...







Il s'avère donc que Curtiz/Kertész fut , dès ses débuts, un bourreau de travail. S'il est vrai que, plus on fait, plus on apprend, le film de ce soir est une vraie curiosité. Curiosité concernant, d'abord, le style du réalisateur : lors de sa projection récente à l'Institut Lumière, de nombreux cinéphiles ont loué la mâturité,  déjà évidente du monsieur : on peut rapprocher cet instinct très sûr de celui d'un John Ford, dont les westerns des années 10 contiennent déjà en germe ( et en forme !), les points forts de ses chefs-d'oeuvre ultérieurs.


Mais l'intérêt du film réside également dans sa nationalité : il nous reste, à vrai dire, peu d'éléments du cinéma hongrois des temps héroïques : L'Indésirable , mélodrame rural en pays magyar, est donc l'occasion de découvrir comment le cinéma premier s'exprimait dans les petits pays, loin de la France, de l'Italie, de l'Allemagne, et, un petit peu déjà, des Etats-Unis, qui dominaient alors le marché...
Vous l'avez compris : ce film, comme vous, je ne l'ai jamais vu. Et je ne vais pas le louper.

Quelques images de la restauration du film, opérée à Amsterdam :

 A plus !

Fred.


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