samedi 22 novembre 2014

CINEMA DE MINUIT- STANLEY, JE RESUME...

Bonjour, les amis !


Dimanche dernier, sur F3, à 00 H 20 : Fear and Desire (1953), de Stanley Kubrick...

- Un ragoût froid sur une île en feu...
- Tu viens de donner une excellente définition de la Guerre... 

- Nous sommes tous des îles, des parties d'un univers fait d'îles...

- Je suis le Magicien ! Me voici maintenant Poisson !

Ce type de dialogues ampoulés et obscurs, le premier film de Kubrick en est truffé. Comme je l'évoquais la semaine dernière, les années 50 regorgeaient des petits films fauchés, réalisés par de jeunes loups voulant édifier le public avec leur vision du monde . Ils utilisaient le plus souvent le genre de la SF pour s'exprimer : Arch Oboler , et surtout, le fameux Ed Wood, noyaient leurs productions déjà vacillantes sous des flots d'aphorismes involontairement comiques...


Prétentieux et maladroit, le film l'est , incontestablement . Les interprètes déclament leurs répliques avec des trémolos dans la voix . Et même les idées formelles fortes ( les soldats des deux camps sont incarnés par les mêmes acteurs), sont au service d'une allégorie balourde, nous résumant l'homme et sa misère en 62 minutes chrono.
Mais . Mais il y a, dans ce pudding indigeste, un oeil. L'oeil d'un cinéaste. Les nanardeurs que j'ai évoqués savaient à peine où placer leur caméra, et étaient bien incapable d'en sortir la moindre émotion. Kubrick, quand il fait taire ses personnages, sait créer une émotion dramatique, une atmosphère de tension où l'espace (la forêt) , et les personnages font enfin corps et nous touchent . C'est particulièrement évident dans la scène où le soldat le plus fragile du groupe surveille, et enfin tue sa belle prisonnière (très bien coiffée pour une prisonnière, au passage)...Là, et dans une étrange scène de discussion de salon entre deux ennemis, l'émotion , le malaise, affleurent. Et l'image est magnifiquement travaillée pour une oeuvre aussi fragile.

 
 Il n'est pas étonnant que Kubrick ait attiré l'attention des gens du métier avec ce film bizarre. Derrière le pétard mouillé du film de guerre subverti, les plus clairvoyant ont su repérer un futur talent.
Peut-on deviner le futur auteur de Folamour, de 2001, de Barry Lyndon, dans cette oeuvre- ci ?
Franchement, je ne pense pas. Les kubrickiens trouveront bien des dizaines de correspondances entre cette oeuvre et les suivantes, mais, si l'on est de bonne foi, on conviendra qu'un océan de maîtrise et de maturité sépare ce coup d'essai du vrai film de guerre de Kubrick, Full Metal Jacket...



A plus.

Fred.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire