mardi 23 septembre 2014

BRIGITTE, POURQUOI JE T'AIME, ET POURQUOI JE TE HAIS...

Bonjour les amis !

Et bon anniversaire, Brigitte !


On ne dit pas l'âge d'une dame, c'est malpoli, mais ce chiffre symbolique fait qu'aujourd'hui, on parle beaucoup de toi . Et dans la grande tradition médiatique actuelle, aux hommages lénifiants façon Drucker  vont succèder les billets crapoteux et faciles façon Christophe Conte.
Alors, avant de te cracher à la gueule, je voulais te rendre hommage.
Ton histoire récente a fait oublier à quelle point tu as été importante dans la vie culturelle, politique , et sociologique de notre pays, et d'une bonne partie du monde , Brigitte. Quand je parle de toi, je parle de ton personnage cinématographique, de l'icône, du modèle Bardot, oui, on peut le dire.
Avant toi, il y en avait eu, des sex-symbols : mais soit elles étaient hautaines et inaccessibles (Garbo, Dietrich), soit elles étaient dessalées et immorales (Jean Harlow, Viviane Romance). Et surtout, elles ne remettaient jamais en cause la suprématie masculine : elles souffraient par eux après les avoir fait souffrir, étaient battues, parfois tuées, mais ne sortaient jamais indemnes de leurs relations sulfureuses.


Celle qui t'a précédée  au rang de boute-en-train  du mâle français des années 50, la malheureuse Martine Carol, n'était elle-même qu'une "danseuse", un fantasme, dont les volontés n'étaient que des caprices, et dont les exigences avaient pour monnaie d'échange une complaisance certaine à se mettre au lit. La douce Caroline Chérie n'était qu'une prostituée soft...


Mais toi, c'était différent. Ca pouvait être différent. Ton mentor et mari, Roger Vadim, l'avait bien compris . Il faut dire que, déjà, dans tes premiers films, il y avait "ça", cette étrange impression, quand tu apparaissais, que tu emmerdais le monde entier, avec ce corps sublime qui n'appartenait qu'à TOI, ce sourire mutin qui n'avait peur de personne, et qui était prêt à dévorer le premier venu . Déjà, dans les films de Boisrond, dans les films de Willy  Rozier, ce naturel carnassier était là :


Vadim, publicitaire génial, n'a fait que braquer  le projecteur sur toi et t'a offert un sublime écrin : ce Et Dieu Créa La Femme, qui consacra ton personnage nouveau : une femme libre qui n'est pas une garce, qui est dépourvue de malice, mais qui, simplement, choisit qui et quand elle aime. Passionnée, certes, mais le temps que ça dure. Juste le temps que ça dure. Et quand c'est fini, c'est fini. Pas de drame. Les drames, ce sont les hommes qui les font, car ils sont possessifs et compliqués.
Je m'appelle Brigitte, je suis maîtresse de moi-même et de mon désir.


Vadim t'avait bien coachée : ce personnage, tu l'as gardé, envers et contre tout, même quand tu as décidé de baisser la garde scandaleuse pour séduire le public du samedi soir dans Babette s'en va-t-en-guerre...



... Même quand tu as décidé de chanter des chansons sucrées avec cette articulation qui n'appartenait qu'à toi...


... tu restais toujours cette petite cousine qui vous bottait le cul un instant avant de vous minauder autour l'instant d'après. Ce n'est pas exagéré de le dire : bien avant le développement du MLF, tu as appris aux femmes de l'ère gaullienne à dire non, à espérer un avenir meilleur, dans le dos de leurs maris qui ne bavaient que sur tes formes.
En cela, je t'admire, et j'admire ce personnage, mille fois plus fort, plus attachant que celui de la geignarde Marilyn, pauvre petite fille perdue sous médocs, qui voudrait tellement qu'on l'aime...
Quelle autre comédienne aurait pu, dans les années 70, incarner , sans être ridicule, un Don Juan au féminin, qui dominait par la séduction hommes et femmes ? Qui était assez fort pour ça ? Toi, Brigitte,  et ce fut le dernier cadeau de Vadim...


Mais déjà tu changeais. Tu as arrêté le cinéma d'un coup. Tu en avais marre. Les années, la fréquentation des cyniques , des paparazzis et des obsédés t'avaient endurcie, et tu avais un peu raté le coche de 68, en refusant de chanter avec ton cher Gainsbourg, Je t'aime Moi Non Plus... La femme commençait à rejeter l'icône.
Tu t'es d'abord jetée à corps perdu dans la défense des animaux. C'était gentil, et , mieux encore, ça faisait ricaner les chasseurs et éléveurs moustachus, qui avaient tous ton poster dans leur garçonnière mais ne te considéraient que comme un bout de viande.
Et puis tu as fait de drôles de déclarations. Tu aimais les animaux, mais tu n'aimais plus les hommes. Et au lieu d'agacer les brutes moustachues, tu leur as tourné autour, et tu as fini par en épouser une, hélas.
Le reste est triste, grinçant, et indigne de toi.
Tu es malheureuse, sûrement, diront les bonnes âmes. Ce n'est pas une raison pour tant de haine et tant de bêtise. 
Car tu n'avais pas le droit. Pas le droit de saboter cette lumière, cette aura, cette joie de vivre, cette liberté, en l'entourant de barbelés, de fiel, et de boue.

En regardant une belle femme qui te ressemble, aujourd'hui, on pourra se dire : peut-être, dans cinquante ans, ce sera une vieille dame aigrie et méchante.
Et ça , c'est triste.
Je te souhaite donc à nouveau un bon anniversaire, Brigitte, en hommage à ce que tu fus et ce que tu nous as donné.
Mais je vomirai jusqu'à ta mort la Mamie Facho que tu es devenue.

Tu n'avais pas le droit de pourrir ainsi la morale de la fable.

A plus.
Fred.

Galerie de photos 






 

2 commentaires: