dimanche 3 novembre 2013

CINEMA DE MINUIT - LE NOM DES VALJEAN...

Bonjour  les amis !

Ce soir, à 00 H 10 sur France 3 : "Les Misérables" (1ère époque) de Raymond Bernard (1934)...


Mesdames et messieurs, voici, devant vos yeux ébahis, la plus belle adaptation du roman de Victor Hugo, et la plus complète : elle se divise en effet en trois parties, que le CDM diffusera successivement. 
Pendant des années, il a été difficile de se faire une idée précise de la valeur du film, tant les copies existantes étaient fatiguées... et fatigantes pour l'oeil du cinéphile. 
Mais , merveille des merveilles, Pathé s'est sorti les doigts et vient de livrer une restauration aux petits oignons !
Je dispose donc de trois articles pour vous faire un topo sur ces "Misérables" . Je vais en profiter : cette semaine, je vais vous parler des versions qui ont précédé celle-ci. La semaine prochaine, je m'attacherai à cette version, la meilleure, et je concluerai en évoquant celles qui lui ont succèdé.
Il faut dire que l'ouvrage a connu pas moins de 34 versions : la plus récente datant de 2012, et la plus ancienne... de 1907, soit 55 ans après la sortie du roman, elle s'appelle On the Barricade et elle est réalisée par la première femme cinéaste, Alice Guy. 



Ce film très court ne reprend que l'anecdote de Gavroche et de la Commune. La première adaptation complète de l'oeuvre est... américaine, et elle est signée par James Stuart Blackton, surtout connu pour avoir été un des créateurs du dessin animé, entre autres avec son fameux Humorous Phases of Funny Faces (1906) , ancêtre du morphing...


La France reprend la main en 1914, avec une version en 4 parties, signée Albert Capellani... Et après la Première Guerre, tout le monde s'y met.
Frank Lloyd, à Hollywood, dès 1917...

... le grand feuilletoniste français Henri Fescourt propose, lui, en 1925, une version de 6 heures , avec, dans le rôle de Valjean, Gabriel Gabrio, que l'on retrouvera dans le Regain de Pagnol, en 36...




Cependant que le Japon (!) se fend de trois versions successives, la parlant n'arrête pas l'engouement pour l'oeuvre d'Hugo : la première adaptation  sonore sort à Hollywood en 1929 ...
Ce qui fait, en un peu plus de vingt ans, une bonne dizaine de Misérables...
Comment expliquer cet engouement ? En bien, peut-être, tout simplement, par la grandeur et l'ambition du roman. Le Père Hugo souhaitait livrer une fresque humaniste accessible à tous. Il s'est donc inspiré d'une forme  alors en vogue, celle du feuilleton quotidien qui paraissait dans les journaux. Il a choisi des personnages forts, qu'il a montré en situation de force , puis de faiblesse, il a montré des injustices, incitant le lecteur à l'identification, il a multiplié les péripéties, a travaillé sur la durée , pour favoriser l'attachement ( ou la détestation - Javert) aux personnages, s'inspirant aussi bien des leçons de Balzac que de celles de Dumas, et utilisant un langage populaire qui lui valut les reproches, à l'époque, d'autres auteurs plus "précieux" ( Flaubert, Lamartine).
Et ça, tout ça, le cinéma adore, le cinéma est preneur. Le cinéma est mouvement. Si le feuilleton à épisodes a eu tant de succès , et en a encore aujourd'hui, c'est qu'il ne prend pas le temps de figer les idées, il les fait avancer. Les Misérables, c'est à la fois un western et un manifeste politique. Une statue antique et un dessin animé. Il est amusant de voir à quel point les personnages et les situations présentées sont , à 90 % , fidèles au roman, juste parfois un peu édulcorées. On a beaucoup plus souvent trituré Dumas, par exemple.  Les Misérables ont une structure tellement forte, une mécanique tellement implacable que le public de cinéma s'y retrouve toujours...
Alors, où se situe la différence qualitative entre toutes ces versions, et pourquoi celle de Raymond Bernard est-elle la meilleure ? Eh bien, c'est une question d'incarnation, et c'est ce que nous verrons la semaine prochaine...

Extrait de la version de ce soir...


A plus.
Fred.


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