dimanche 12 mai 2013

CINEMA DE MINUIT - EN VOITURE, THERESE !!

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 20 sur France 3 : "Thérèse Raquin" (1953) de Marcel Carné...


Très bonne idée de placer ce film-ci dans ce cycle "Littérature et Cinéma" tant il illustre à merveille les distances qu'une adaptation peut prendre avec le matériau d'origine.
Dans le "Thérèse Raquin" de Zola, Thérèse  et son amant sont un véritable couple diabolique, qui décide sciemment d'éliminer le mari Raquin , sous couvert d'accident, afin de pouvoir vivre leur liaison au grand jour.
Hantés par la culpabilité et le fantôme du mari, leur amour devient haine, et ils finissent par se suicider !
Carné, brouillé avec Prévert; décide avec  son nouveau partenaire  Charles Spaak de modifier considérablement l'intrigue et le caractère des personnages. Thérèse Raquin, mariée trop jeune , devient la victime de la médiocrité de son mari et de la mère de celui-ci, une atroce bonne femme. L'amant devient donc la planche de salut de la jeune femme , et le crime, devenu presque fortuit, est une libération. Pour préserver l'intensité dramatique, les auteurs inventent donc de toutes pièces un personnage de maître-chanteur, témoin du crime , qui sera une nouvelle menace au bonheur des tourtereaux...
Nous sommes bel et bien ici dans ce cinéma français d'après-guerre, décrivant une société mesquine et etouffante, et que la Nouvelle Vague désignera (abusivement) sous le terme de Tradition du Mépris.
Il n'empêche, Carné , qui commençait alors à se perdre, retrouve ici une bonne partie de sa créativité de metteur en scène , à tel point que certains critiques considèrent le film comme le dernier exemple de cinéma expressionniste français , et que d'autres ont écrit que le film était supérieur au roman !
Sans aller jusque-là, force est de constater que nous sommes en présence d'un très beau film classique ( et non pas académique) porté par une distribution particulièrement brillante :

Tout d'abord , Simone Signoret, bien sûr :


Alors au sommet sa première carrière, démarrée avec Dédée d'Anvers, d'Yves Allégret, en 47, elle vient toutefois d'essuyer un échec cuisant avec Casque d'Or , de Jacques Becker, que l'Histoire du Cinéma classe aujourd'hui comme un pur chef d'oeuvre ...


L'amant, c'est Raf Vallone, ancien footballeur et journaliste, comédien très fin mais trop souvent abonné aux rôles de "beaux gosses" depuis sa prestation dans Riz Amer (1949 ) de Giuseppe de Santis...


Quand aux seconds rôles , ils sont carrément épatants :


Jacques Duby, particulièrement convaincant dans le rôle du médiocre Raquin, est avant tout un acteur de théâtre : son principal titre de gloire est d'avoir joué , des années durant, seul en scène, le monologue L'Oeuf de Félicien Marceau...


Sa détestable mère est jouée par l'imposante Louise  Sylvie, qui, après une carrière théâtrale démarrée au début du siècle, est devenue l'incontournable vieille dame du cinéma français...


Quand à Roland Lesaffre, qui joue le maître-chanteur, c'est l'acteur fétiche de Carné, qu'il emploiera dans tous ses films à partir de La Marie du Port ... Ils eurent ensemble une relation sentimentale , qu'il décrivait comme relevant de l'"homosensualité".... Qu'en termes gracieux...

Bonne séance !
A plus.

Fred.


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