dimanche 6 mai 2018

CINEMA DE MINUIT - LA REVOLUTION SIFFLERA TROIS FOIS...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 30 sur France 3 : El Chuncho (1967), de Damiano Damiani...


Suite au succès inattendu de la trilogie de "l'Homme sans Nom" ( Pour une Poignée de Dollars, Et pour Quelques Dollars de Plus, Le Bon , la Brute et le Truand) jouée par Clint Eastwood sous la direction de Sergio Leone, le western italien se sent pousser des ailes. Il faut dire que ce succès est international , et qu"il parvient même à atteindre la terre maternelle du genre : les Etats-Unis. Début d'une production fantasque qui alternera le meilleur et le pire, et qui , surtout , mettra une bonne vingtaine d'années à être reconnue par une critique dédaigneuse, ne jurant que par le vrai western, le western américain.
Néanmoins, une certain catégorie d'intellectuels se réjouit de la fin de la main-mise américaine sur le genre : les intellectuels de gauche. Parmi eux : Franco Solinas.
Journaliste très proche du Parti Communiste Italien, Solinas devient scénariste dans les années 50 pour Rossellini, Comencini, et Francesco Rosi, avec qui il écrit Salvatore Giuliano.

 
Il écrit aussi pour Sergio Sollima, qui lui propose un western : Colorado.



Nous sommes en 1966, et en Europe comme aux USA, la grogne monte , sur les campus et ailleurs, contre l'impérialisme américain en général et l'intervention au Vietnam en particulier.
Solinas et Sollima font de leur film un réquisitoire contre les intérêts privés américains, qui mijotent une conspiration dont est victime un pauvre péon mexicain, poursuivi par un chasseur de primes impitoyable.
Chez Solinas, le mexicain est toujours victime de l'américain.
On retrouve cette thématique, traitée de façon encore plus franche, dans El Chuncho. 
Cette fois, c'est un émissaire des USA (Lou Castel) , qui va manipuler un groupe de révolutionnaires mexicains pour faire abattre leur leader , El Chuncho ( Gian Maria Volonte).
Le film est une dénonciation à peine transposée de l'action mortifère de la CIA dans les pays d'Amérique Latine.
Damiano Damiani, jeune réalisateur lui aussi préoccupé de questions sociales, suit à fond, et livre ce qui est, encore à ce jour, le mix le plus réussi entre deux genres emblématiques du cinéma italien de l'époque : le western et le film politique.
Croisement superbement résumé par la présence de Gian Maria Volonte . Révélé par les Leone-Eastwood, il glissera assez vite vers le cinéma coup de poing, dont il deviendra l'emblême (Enquête sur un Citoyen au-dessus de tout Soupçon, la Classe Ouvrière va au Paradis).


Mais , comme souvent chez Damiani, l'ensemble de la distribution est surprenante. Quelle drôle d'idée d'avoit choisi Lou Castel pour jouer l'américain...


Ce suédois naturalisé italien , qui sera , plus tard, voué aux cinéastes exigeants (Fassbinder, Wenders, Garrel), venait tout juste d'être révélé par Marco Bellochio dans Les Poings dans les Poches...
Ce qui ne le destinait pas au western. Alors l'hypothèse la plus probable reste qu'il a été choisi ... pour sa sale gueule, idéale pour jouer un salaud de Ricain.
Présence insolite également, celle de la belle belle Martine Beswick...

 
... qui sera, de toute éternité, une des plus belles Hammer Girls, notamment dans Docteur Jekyll & Sister Hyde ou les Femmes Préhistoriques...

... Et enfin l'halluciné Klaus Kinski, qui, à cette époque, promenait son hystérie de western en western, ce qui nous éloignait singulièrement de Gary Cooper... 


 Cette distribution hors du commun n'est pas pour rien dans la réussite de l'ensemble. La presse conservatrice américaine (et la CIA ?) ne s'y trompera pas, puisque c'est entre autres pour contrer l'infleunce de ces films et les dénigrer que sera inventé, outre-atlantique, le terme de western-spaghetti.
Certains critiques de cinéma , concernant ces westerns italiens de gauche, osent même le terme western zapatiste.  Il y a pire compliment.

A plus !

Fred.

 


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