samedi 17 janvier 2015

CINEMA DE MINUIT - ULMER DE TOUS LES VICES...

Bonjour les amis !

Demain soir, à 00 H 15, sur France 3 : L'Impitoyable (1948), d'Edgar G.Ulmer...


Edgar G.Ulmer est un cinéaste culte. Et maudit. Le symbole, pour toute une génération de cinéphiles , d'une certaine grandeur de la Série B. Et encore, c'est Série Z qu'il faudrait dire. C'est en effet à PRC, le studio le plus fauché, le plus minable d'Hollywood, qu'il réalisa son chef d'oeuvre, Détour , en 1945. Encore aujourd'hui, le film est considéré comme un classique du genre noir.



Le problème avec Ulmer, c'est qu'il est aussi un des plus grands mythomanes d'Hollywood, et que ses interviews sont pleines d'affabulations, d'oeuvres abusivement attribuées, d'anecdotes abracadabrantes.
Ainsi, pour expliquer pourquoi, en 1934,  après un des ses  premiers films , Le Chat Noir, (autre chef d'oeuvre, cette fois avec Karloff et Lugosi),  il fut soudainement mis au placard, il racontait que le fils du patron du studio Universal avait fait des avances à sa femme, qui ne se serait pas laissée faire...
Aussi ahurissante qu'elle soit, cette explication est à prendre ou à laisser, puisque RIEN n'explique la descente aux enfers qui suivit. Ulmer ne tournera en effet plus que pour des firmes pauvres, au budget serré, et en quatrième vitesse . Il tournera même des films "ethniques" en yiddish .
Il semble que le succès surprise de Détour lui porte bonheur : en 1946, il se retrouve à la tête d'une production indépendante mais importante : Le Démon de la Chair, avec Hedy Lamarr et George Sanders, le genre de stars qu'il n'avait pas l'habitude de côtoyer...Il s'en tire avec les honneurs et enchaîne sur ce Ruthless, moins prestigieux, mais où il a la chance de diriger une pointure comme Sydney Greenstreet et deux "dissidentes" de la Warner et de la MGM, Lucille Bremer et Martha Vickers.
L'Impitoyable est un peu le Citizen Kane d'Ulmer. Il conte, par toute une série de flash-backs , la vie peu glorieuse d'un homme ambitieux, que sa quête de richesse finit par détruire, au propre comme au figuré. L'obsession est une des thématiques récurrentes du réalisateur. Ici, il nous décrit un homme presque fou, loin de l'humanité contrariée du personnage immortalisé par Orson Welles.
Comme à son habitude, la noirceur, la crudité sont au rendez-vous. C'est déjà ce qui faisait la valeur du Chat Noir :


Immigré allemand, profondément marqué par l'expressionnisme, Ulmer est aussi un amoureux des images au fort contraste, des ombres projetées, de l'angoisse qui sourd. On retrouve tout cela dans le film.
Il serait injuste de ne pas mettre au crédit du film la composition de Zachary Scott, dans le rôle de l'ambitieux Horace Vendig.

   Acteur malheureux, lancé et presque aussitôt lâché par la Warner, Scott aura tout de même la chance d'être L'Homme du Sud, de Renoir, en 1945, avant de sombrer petit à petit dans la dépression...



Quand à Ulmer, l'éclaircie sera pour lui de courte durée : il retournera vite à ses productions fauchées, de The Man From the Planet X à La Fille du Docteur Jekyll en passant par une nouvelle version de L'Atlantide...
Parfois, pas toujours mais parfois, il en sortira des merveilles.

A plus!

Fred.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire