dimanche 4 janvier 2015

CINEMA DE MINUIT - LA FIEVRE MONTE A MEXICO...

Bonjour les amis !
Bonne année à tous !

Ce soir, à 00 H 15, sur France 3 : Susana la Perverse (1950) , de Don Luis Buñuel...

Ah, que voilà un titre et une affiche comme je les aime !
Ce film méconnu appartient à la période mexicaine du cher Buñuel. Après avoir travaillé en Espagne, en France, le chouchou des surréalistes avait trouvé refuge aux Etats-Unis. Mais, suspecté de marxisme, il se voit à nouveau contraint à l'exil en 1947. Il atterrit à Mexico , où il se retrouve à mettre en scène sa première comédie musicale, Gran Casino ...
C'est un échec. C'est son association avec l'acteur-réalisateur d'origine espagnole Fernando Soler qui va le remettre à flot , d'abord, avec Le Grand Noceur, une comédie ...


 ... puis avec cette Susana, un pur mélodrame, tournant autour d'un démon au visage d'ange , la Susana du titre (Rosita Quintana)...


... échappée d'une maison de redressement, qui trouve refuge dans l'hacienda d'un brave homme, interprété par le sieur Soler...


... et qui, en deux coups les gros, séduit et corrompt toute la maisonnée, d'où le titre .
Mais le véritable pervers, dans l'histoire, c'est évidemment Buñuel. Le scénario est en effet typique des conventions réactionnaires de l'époque. La fille pauvre abandonnée est moralement perdue, et dangereuse : les possédants,  au lieu d'en avoir pitié, doivent s'en protéger, au risque d'y laisser leur peau. Toute une mentalité que le réalisateur vomissait.
Alors, il pervertit le film de l'intérieur, ne cherchant pas à camoufler la sottise du scénario : il l'amplifie, au contraire, poussant les comédiens à en faire trop, accentuant les rebondissements, et faisant de son anti-héroïne une créature sensuelle et libre, un démon désirable. Car le comble, dans cette histoire catho et misogyne, c'est que le désir féminin y occupe une place de choix...
Buñuel n'est pas dupe du caractère arriéré de son pays d'accueil . Juste avant d'attaquer le tournage de Susana, il tourne Los Olvidados, film semi-documentaire sur les bidonvilles de Mexico, un de ses chefs-d'oeuvre...



Durant toute sa carrière mexicaine, il alternera films personnels et films de genre, qu'il dynamitera joyeusement ... Puis, il reviendra en France, pour nous donner encore quelques bijoux, dont , évidemment, Belle de Jour, un de mes films préférés...


Extrait du film de ce soir :



A plus et meilleurs voeux !

Fred.



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