dimanche 3 août 2014

CINEMA DE MINUIT - UN BEAU BOUT DE SOUFFLE...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 45, sur F3 : Le Deuxième Souffle (1966), de Jean-Pierre Melville...


C'est avec ce ( grand !) film que s'installe  définitivement le mythe Melville , mis en place... par Melville lui-même ! Excellent publicitaire et producteur avisé autant que metteur en scène talentueux, sans doute inspiré par la méthode Hitchcock ( un des seuls réalisateurs que tout le monde pouvait reconnaître dans la rue !), Melville fait de chacun de ses films un évènement, d'abord en se mettant en avant, avec un look soigneusement étudié , fait d'un grand chapeau de cow-boy , de lunettes noires et de déclarations tranchées.


Nul doute que ce double  lui a été inspiré par le personnage d'écrivain vaniteux que lui a confié Godard dans A Bout de Souffle  :



Toujours est-il que Melville veut maintenant prouver et faire savoir qu'il est un auteur , et même, selon ses dires, LE premier auteur complet du cinéma français. Il achète ses propres studios, les Studios Jenner, pour y tourner ses films, et met à l'arrière-plan ses collaborateurs, comme ici, José Giovanni, pourtant auteur du roman original dont sont extraits la grande majorité des dialogues du film.
Giovanni et Melville se sont heurtés tout le long de la préparation du film , notamment sur la distribution. Melville voulait Ventura en flic, Paul Meurisse en truand . Giovanni voulait l'inverse, il avait raison, et il fut écouté. Pour le rôle du parrain de la mafia, Melville voulait... Tino Rossi !! Revenu à la raison, il prit l'inégal, mais ici assez puissant Raymond Pellegrin. Simone Signoret fut envisagée pour le rôle féminin, mais Melville ne la portant pas dans son coeur , il la remplaça par Christine Fabrega, seule véritable faiblesse du film.
Car si Melville était égomaniaque et tyrannique sur le plateau ( Ventura , eh oui, en bavait des ronds de chapeau), Le Deuxième Souffle est bel et bien un magnifique polar, un des plus beaux et des plus singuliers du Cinéma Français. Tournant le dos au pseudo-réalisme de Bob le Flambeur et de Deux Hommes dans Manhattan, le metteur en scène filme la cavale rédemptrice d'un homme , et son jeu de chat et de souris avec le flic qui le pourchasse. Il filme tout cela de façon très lente, mais très intense, s'attachant aux respirations, aux regards, aux non-dits de ces bonhommes pris dans une mécanique qui les dépasse. Melville trouve ici son style singulier, bourru , épuré, et très masculin, qu'il accentuera  encore plus avec Delon dans Le Samouraï, l'année suivante :



Et malgré tout le respect  que j'ai pour la mémoire d'Alain Corneau ( Ah, Série Noire !), son remake, en 2007, de ce bijou, ne fut que le codicille superflu d'une fort belle carrière...
 
 
Bande-annonce :

A plus !

Fred.


 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire