samedi 5 juillet 2014

CINEMA DE MINUIT - PAS D'ETE SANS BOB !

Bonjour les amis !

Demain soir dimanche, à 00 H 50, sur France 3 : Bob Le Flambeur (1955) , de Jean-Pierre Melville...


C'est avec ce film que Melville, déjà reconnu pour Le Silence de la Mer ou Les Parents Terribles , commença à écrire sa légende, celle DU réalisateur de polars français.  Pour être complet, il faut rappeler que ce qu'on appelle "le polar à la française" voit le jour en 1953, par une déflagration : celle du Touchez pas au Grisbi de Jacques Becker :


Personnages forts, mais authentiques, mise en scène au cordeau, travail de studio léché, acteurs irréprochables et virils, symbolisés par un Gabin vieilli mais puissant : le genre est né. Il donnera beaucoup, beaucoup, d'oeuvres d'inégale valeur , de la série B vulgaire aux films mémorables : Du Rififi chez les Hommes, Razzia sur la Schnouf...
Mais tous ces films s'inscrivent tout de même dans la continuité de la Qualité Française : travail de studio, scénarios bétonnés, mots d'auteur, acteurs confirmés.
Melville , pour son entrée dans le genre, décide de tourner le dos à tout ça . Il filme une partie des plans à Pigalle, et dans d'autres quartiers de Paris, donnant un aspect documentaire à une histoire qui ne l'est pas : en effet, inspiré d'un roman d'Auguste Le Breton, le film conte le parcours romanesque d'un vieux joueur, qui, par amour pour une fille paûmée, tente un dernier casse... Rien que très classique dans le dispositif. Mais Melville veut se rapprocher du cinéma hollywoodien noir et de sa sécheresse. Il refuse donc le "savoir-faire" des acteurs et dialoguistes français et recrute des acteurs inconnus : la starlette Isabelle Corey, le jeune Daniel Cauchy. Et surtout, il "rappelle" un acteur sulfureux et déjà oublié : Roger Duchesne.


Ce qui a fasciné sans doute Melville,c'est le parcours de Duchesne, qui fut un des jeunes premiers prometteurs de l'avant-guerre...


... Mais qui, lassé ou blasé, quitte le métier en 43 pour ouvrir un troquet. Gros hic : il s'acoquine pour cela avec un responsable de la Gestapo française. Le troquet devient le repaire des collabos du coin. Malgré une tentative pathétique pour se faire passer pour un FFI, Duchesne est mis à l'écart à la Libération. Il fait ensuite toutes sortes de métiers : vendeur de cravate, auteur de romans noirs , et même ... braqueur à main armée! Arrêté en 1950, il fera deux ans de prison ! C'est alors qu'il est revenu au roman noir...
... Que Melville fait appel à lui , histoire de donner de l'authenticité au personnage de Bob . Et , certes, Duchesne fait un bien beau job, même si l'on ne sait pas si ce sont ses qualités ou bien ses insuffisances d'acteur qui donnent au personnage tout ce mystère.
Brillant exercice de style, Bob le Flambeur sera, par son économie de moyens, et sa volonté de casser les codes du cinéma français, un des modèles importants pour  la Nouvelle Vague, quelques années plus tard...

Extrait : 


A plus !
Fred.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire