dimanche 2 mars 2014

CINEMA DE MINUIT - ON A EGARE LE MESSAGE...

Bonsoir  les amis !

Ce soir, à 00 H 10 ( Eh oui, c'est fini, les JO !) sur France 3 : Le Messager (1937) de Raymond Rouleau...


Chronique dédiée à Alain Resnais...
 
S'il y a une époque  bien connue de la carrière du père Gabin, c'est bien la période 1935-1940.
1935, C'est l'explosion du mythe Gabin, avec La Bandera de Duvivier :


Et 1940, c'est Remorques de Grémillon, dialogué par Prévert, dernier chef d'oeuvre avant l'exil aux Etats-Unis... Le film se terminera d'ailleurs sans lui , et sortira en 1941 :


Entre ces deux repères, une succession quasi ininterrompue de classiques incontestables. Allons-y  pour l'inventaire dans l'ordre chronologique :  La Belle Equipe - Pépé Le Moko - La Grande Illusion - Gueule d'Amour - Le Quai des Brumes - La Bête Humaine - Le Jour se Lève ! Ouf !
Cette enfilade de chefs-d'oeuvre , considérés comme tels par le public comme par la critique ( ce qui n'est pas le cas de la période patriarche de Gabin, après guerre) , en fait un authentique Âge d'Or pour l'acteur .
Mais dans ce classement , on oublie souvent... trois autres films.
L'un d'entre eux est un film mineur de Renoir, Les Bas-Fonds (1936), adaptation ratée de Gorki, connu seulement pour avoir été l'unique confrontation Gabin/Jouvet...

... Et les deux autres sont complètement oubliés : Le Récif de Corail de Maurice Gleize ( 1938 - un Gabin/Morgan), et ce Messager !
Je vais être honnête, je n'ai jamais vu ce film, et n'en avais même jamais entendu parler. Les considérations qui vont suivre sont donc des réflexions a priori , que le visionnement du film va peut être éclairer...


Raymond Rouleau, venu de Belgique, est un touche-à-tout : il mènera de front , dès le début des années 30, une carrière de metteur en scène, de comédien, de décorateur et de musicien ! S'il est très souvent sollicité comme jeune premier avant la guerre, ce n'est qu'après celle-ci que son talent de directeur d'acteur explosera, et au théâtre, avec , entre autres, les Sorcières de Salem, en 54, avec Montand et Signoret !
Le Messager est son premier projet ambitieux pour le cinéma. Coup de pot, il a deux grandes stars sous la main : Gabin et Gaby Morlay. Pas de chance, il adapte Henry Bernstein, l'auteur en vogue, qui a énormément vieilli. Et le pitch est d'ailleurs ce qu'il y a de plus vieillot : un agent colonial ( le jeune et souvent pénible Jean-Pierre Aumont)  , troublé  par les confidences de son supérieur (Gabin) au sujet de sa femme (Morlay) , revient au pays et devient l'amant de celle-ci. Quand le mari rentre à son tour , la femme implore son pardon et le jeune gars se tue. Youpi.
Ce qui sauve parfois Bernstein, c'est sa langue très appliquée, formidablement bien rendue, comme ça se trouve,  par le tout juste regretté Alain Resnais dans son adaptation de Mélo (1986)...
Mais ici, l'adaptation est signée Marcel Achard !



Boulevardier rigolard, plus habile que génial, l'auteur de Jean de la Lune ne semblait pas être le mieux placé pour adapter cette oeuvre mélodramatique...
Ajoutons que Gaby Morlay était déjà l'interprète à la scène de nombreuses pièces de Bernstein.

 
Il est donc à craindre qu'elle soit beaucoup plus à l'aise dans ce drame bourgeois que notre prolo-Jeannot. Et quand je dis à l'aise, je pense que ça va y aller humide dans le trémolo !
Bref, de deux choses l'une : soit le film est un bijou méconnu, et il faudra militer pour qu'il vienne rejoindre ses petits camarades dans le panthéon gabinesque, soit c'est un film raté, ou mineur, et il est justement oublié...
Petit indice quand même : il fut un échec commercial à l'époque, qui stoppa net la carrière de réalisateur de Rouleau jusqu'à 1946...
A noter aussi que, durant sa traversée du désert, en 1950,  Gabin retrouvera Bernstein dans le méconnu Victor, sans plus de succès...

A plus !
Fred.






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