dimanche 19 janvier 2014

CINEMA DE MINUIT - JANIE DE MES RÊVES...

Bonjour les amis !

Ce soir , à 00 H 25, sur France 3 : Mam'zelle Nitouche ( 1931) de Marc Allégret...

 
Encore une rareté franchement ancienne, que cette version de Mam'zelle Nitouche ! La version la plus connue, en tous cas la plus souvent diffusée est celle réalisée, plus de vingt ans plus tard,  en 1954 par Yves Allégret ( le jeune frère de Marc, déjà assistant sur la version de 31) , avec Fernandel et Pier Angeli...
Mais  Mam'zelle Nitouche, c'est avant tout une antique opérette (1883 !) signée Henri Meilhac et Albert Millaud  , sur une musique d'Hervé, fameux rival d'Offenbach.
Populaire et fréquemment reprise , cette bluette ne pouvait qu'intéresser les pionniers du parlant. Il faut dire qu'elle mêle roucoulades et vaudeville militaire , deux genres qui faisaient un carton à l'époque.
L'histoire est inspirée de la propre vie du compositeur Hervé : Celestin, un organiste de couvent le jour, écrit des opérettes la nuit. Suite à une série de malentendus, il devient le chaperon d'une des pensionnaires , qui veut fuir le couvent car ses parents veulent la marier. Les deux se retrouvent dans une caserne.
Ayant visionné la version de 54, je peux d'ores et déjà vous dire que les chansonnettes sont sympas, mais que le livret ne va pas loin. Le véritable intérêt du film est , je pense, dans sa distribution, où l'on retrouve, d'abord, l'hénaurme Raimu.


Si celui-ci est devenu une vedette au théâtre grâce au Marius de Pagnol en 1928, sa gloire cinématographique est toute récente : Nitouche est en effet son troisième rôle parlant, après Le Blanc et Le Noir de Guitry, et, déjà, Marc Allégret ( qui voit aussi les débuts de Fernandel !) ...



... et, bien sûr, la version filmée de Marius, signée Alexandre Korda...


On y aperçoit également des acteurs pittoresques, venus de l'univers de Pagnol ( Delmont, Maupi) ou encore du théâtre parisien ( Alerme) et surtout, on y découvre , dans son deuxième ... et avant-dernier long métrage , l'étrange Janie Marèse .


Petite bourgeoise proprette possédant un joli filet de voix, "divette" comme on disait alors, elle n'aurait pu être qu'une de ces fraîches candeurs qui font merveille dans les opérettes filmées, et dont Darrieux, quelques mois plus tard, allait être l'emblême.
Mais elle rencontra Jean Renoir, qui eut la fulgurance , juste après Nitouche, de l'engager pour son premier chef d'oeuvre, La Chienne, aux côtés de Michel Simon. De l'avis de tous les amateurs de garces cinématographiques (appelons les choses par leur nom), elle fut la plus vraie, la plus sincère, la moins factice de toutes, loin devant Viviane Romance, Ginette Leclerc et autres Mireille Balin. . La composition de Simon et Marèse , ainsi que l'âpreté de la mise en scène de Renoir, permirent de métamorphoser le mélo en tragédie :



Mais la jeune femme ne profita jamais de l'excellence de sa composition . Peu après la fin du tournage, et bien avant la sortie du film, elle eut un accident de voiture avec son  amant Georges Flamant (que l'on aperçoit dans l'extrait.) Il survécut, pas elle. Elle avait 23 ans. Michel Simon, tombé éperdument amoureux d'elle, eut un malaise pendant l'enterrement.
Des années plus tard, à la fin des années 60,  l'émotion du tournage était encore vive pour les deux vieux compères (à partir de 05 :00, mais vous pouvez regarder, je pense , l'intégralité de cette archive d'anthologie...)




Mam'zelle Nitouche , qui n'est sans doute pas un chef d'oeuvre , a au moins le mérite d'être une rares occasions de redécouvrir cette étoile filante...
Extrait (chanté, bien sûr) :


A plus.
Fred.

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