mardi 15 octobre 2013

CINEMA DE MINUIT ( RATTRAPAGE) - LA BELLE ET LA GUERRE...

Bonjour les amis !

Dimanche dernier, à 00 H 20, sur France 3 : "Thomas l'Imposteur " (1965) de Georges Franju...


Il y 50 ans mourait Jean Cocteau. D'où cet hommage proposé par le CDM pour ouvrir un nouveau cycle Littérature et Cinéma. Curieux choix , pourtant. Cocteau fut autant cinéaste que poète, et outre la mythique Belle et la Bête, on lui doit de sacrés morceaux d'audace cinématographique, tels Orphée ou Le Sang d'un poète (1930) :


Ici, il s'agit d'une adaptation d'un roman du jeune Cocteau, paru en 1923, adaptation posthume, donc, même si Cocteau, crédité au générique, a dû participer aux premières étapes du projet.
Et qui plus est, une adaptation confiée à un des cinéastes les plus doués de son époque, Georges Franju, qui , venu du documentaire, avait glacé le public de son époque avec le beau et terrifiant Les Yeux Sans Visage (1960) :


Curiieuse rencontre, en vérité, entre le poète des châteaux médiévaux, des mythes actualisés et des étoiles , et celui des boucheries, des salles d'opération et des hôpitaux psychiatriques.
Votre diagnostic, docteur ? Ca marche, bien, très bien... mais ça frotte. La véritable rencontre, en fait, elle est entre Franju et... une autre boucherie , la Première Guerre Mondiale. Comme à son habitude, Franun réussit à mettre de la beauté, une beauté fascinante, dans l'horreur quotidienne : un convoi d'ambulances sur la route devenant une procession magique. Les tranchées évoquent un feu d'artifice ou un sabbat, loin des reconstitutions léchées d'hier ou d'aujourd'hui. Là où ça coince ,c'est avec les personnages . Pour porter la mondanité affectée de la princesse de Bornes, Franju a la bonne idée de rappeler son interprète de Thérèse Desqueyroux, Emmanuelle Riva, dont la douceur tranche avec le contexte. Mais pour ce qui est des autres personnages, point d'harmonie entre la sobriété un peu académique d'un Jean Servais et la truculence forcée d'une Rosy Varte. Mais le plus gros problème est posé par le personnage de Thomas ( Fabrice Rouleau) , cet innocent dont le mensonge ( il feint d'être parent d' un grand général) permet à la princesse de mener à bien sa mission humanitaire ...Il est le coeur du récit, mais son opacité finit par lasser et rendre artificiel, et non pas poétique, le parti-pris de base. Quand Thomas meurt , à la fin du film, nous ne sommes pas émus, et nous ne comprenons pas pourquoi la princesse se laisse ensuite mourir pour lui. Pas grave de ne pas comprendre, plus grave de ne rien ressentir.
Ce Thomas l'Imposteur est donc un beau film, mais qui illustre la difficulté pour deux auteurs à l'univers fort de se rencontrer, de se comprendre.
Ce qui émeut le plus, dans le film, en fait, c'est la narration : celle de Jean Marais, rendant une fois de plus hommage au grand amour de sa vie...

A plus.
Fred.







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