dimanche 20 octobre 2013

CINEMA DE MINUIT - MON (TROP) VIEIL ATLANTIDE...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 10 sur France 3 : "L'Atlantide" ( 1932) de G.W.Pabst...


( Houlà, elle va avoir des problèmes avec Manuel Valls, la dame !)

Bon, ben, il faut croire que Patrick Brion, patron du CDM aime bien l'histoire de L'Atlantide , puisqu'il y a à peine plus d'un an, il nous gratifiait de la version 1921 de l'oeuvre de Pierre Benoît...


Pour plus de détails sur icelle, je vous renvoie à mon article de l'époque :


Toujours est-il que, comme je l'écrivais alors, je trouve  l'histoire vieillotte, coloniale et son aspect fantastique démodé. De plus, la version de Feyder était interminable (2 H 30) ! La principale qualité du film de Pabst est sa longueur ô combien plus raisonnable (un peu moins d'1 H 30).
Pabst est alors un des cinéastes européens les plus renommés, et à raison.

En effet, à l'époque où le cinéma allemand est profondément marqué par l'expressionnisme (Wiene) ou le romantisme ( Lang, Murnau), il propose un cinéma réaliste, politique, subversif, profondément marqué par la psychanalyse. De plus, c'est un incroyable découvreur d'actrices, on peu même dire de stars, d'icônes : en quelques années, il révèle... Greta Garbo  dans La Rue sans Joie (1925) , qui ouvrira à la suédoise les portes d'Hollywood...


... Et Louise Brooks , en 1929, qu'il redécouvre, en fait, alors qu'elle était sous-employée à Hollywood, en lui donnant le rôle-titre du cultissime Loulou  :


Le parlant , malgré les scandales, ne freine pas la virtuosité de son cinéma, ni son succès : Quatre de l'infanterie et La Tragédie de la Mine, qui plaident pour l'amitié franco-allemande, ainsi que la première version filmée de L'Opéra de Quat'Sous , de Brecht et Weill, sont des réussites artistiques incontestables.


Cette dernière oeuvre est tournée, suivant la tradition de l'époque, dont j'ai beaucoup parlé ici, en double version : française et allemande. C'est également le cas de L'Atlantide, probablement tourné en Allemagne, qui fut également tournée en anglais ! C'est la version française qui est proposée ce soir. La seule actrice commune à toutes les versions est la mythique Brigitte Helm, qui interprète la mystérieuse Antinéa.

( Moi, vouloir être un chat...)

Comme ça, cette comédienne ne vous dit peut-être pas grand'chose...Et comme ça ?


Eh oui, Brigitte Helm est l'actrice du Metropolis de Fritz Lang , où , dans le double rôle de Maria et du robot, elle livre une composition impressionnante, qui fit d'elle une star du jour au lendemain...


Excellente idée de casting que d'avoir donné le rôle d'Antinéa à cette actrice étrange et charismatique. Son jeu, mêlé à l'habileté de Pabst, tiennent ce film, qui ne compte pourtant pas parmi les grandes réussites de son auteur. La faute au matériau d'origine, certes, mais aussi au reste de la distribution.

Pierre Blanchar, comme trop souvent , est en effet soit raide, soit emphatique , et plombe un récit qui n'en demandait pas tant. 

Quand à Jean Angelo, il reprend le plus naturellement du monde son rôle de jeune premier de la version prédédente !! Seulement, le temps a passé : le bonhomme a vieilli, et le passage au parlant ne l'a , lui, pas épargné . Il mourra moins d'un an après le tournage, d'une pneumonie...

On remarquera enfin , dans un second rôle, l'alors très populaire Florelle, qui chantait dans L'Opéra de Quat'Sous, et qui sera Fantine dans la fantastique version des Misérables signée Raymond Bernard en 1934, que le CDM et Pathé nous proposeront en version restaurée pour Noël (chic !)



Pour Pabst et Brigitte Helm, l'Atlantide sera le chant du cygne.  En 1933, les nazis accèdent au pouvoir. Helm, pourtant désirée par Hollywood, décide de rester. Pabst fait de même, alors même que tous ses films antérieurs se voient interdits ! D'artistes singuliers et d'avant-garde, les deux vont se muer en bon petits soldats anonymes du divertissement national-socialiste. Aucun des deux ne s'en remettra.

Extrait du film de ce soir : 



A plus.
Fred.



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