dimanche 11 octobre 2015

CINEMA DE MINUIT - AU PIED, SULTAN !

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 25, sur France 3 : L'Esclave Blanche (1939), de Marc Sorkin...


Gloups ! Il y a des hasards malheureux : programmer , le lendemain des attentats d'Ankara, ce film ancien qui montre ouvertement la Turquie comme un repaire de barbares est une coïncidence fâcheuse. Mais bon, tout ceci n'est qu'un cinéma d'époque.
Ce film, très très obscur , témoigne de la difficulté qu'ont eu les producteurs à trouver des rôles valables pour madame Viviane Romance, alors au faîte de sa gloire (elle coiffait alors au box-office ET Darrieux, ET Morgan !).

Révélée par Duvivier dans La Bandera et surtout La Belle Equipe, Viviane Romance est incontestablement la vamp de l'avant-guerre, sensuelle et vénéneuse, ce qu'elle confirmera dans La Maison du Maltais , en 1938.

Mais ce ne sont que rôles de filles perdues, prostituées ou garces. Elle ambitionne qu'on lui confie de grands rôles "sains" ... que personne ne souhaite lui confier. Le film de ce soir se situe dans cette queue de comète, où l'actrice se perd dans des mélodrames qui ne la méritent pas  : ici, une femme , mariée à un diplomate, se retrouve dans une Turquie barbare, où elle est victime des assiduités d'un cruel sultan.

Le réalisateur crédité est Marc Sorkin , ancien monteur et assistant de G.W. Pabst, crédité ici comme superviseur . Ne nous emballons pas, le Pabst d'alors est en pleine déconfiture artistique, loin de la grandeur de ses films avec Louise Brooks...
Sorkin, dont c'est le quatrième et dernier film de fiction, n'a guère laissé de traces.


La distribution ne s'embarrasse pas de réalisme, comme souvent à l'époque : le méchant sultan turc est en effet incarné par... le cher Marcel Dalio, encore une fois grimé en métèque de service, ce qui est bien triste si l'on rappelle que , la même année, il trouvait le rôle de sa vie dans La Règle du Jeu, de Renoir...


Et le reste de la distribution turque est 100 % française , bien sûr : Sylvie, Mila Parély, Roger Blin, j'en passe et même l'inévitable et loufoque Saturnin Fabre dans le rôle de... Djamel Pacha !
On me rétorquera : oui, mais bon, pour Pépé le Moko, c'était la même limonade, et c'est tout de même un chef d'oeuvre !
Oui, certes, mais sur Pépé, il y avait Duvivier derrière la caméra, ainsi que Jeanson aux dialogues . Ici, aux côtés de deux adaptateurs inconnus (le film est un remake d'un muet de 27), on trouve le nom du bien oublié Steve Passeur.
Quand au mari , turc occidentalisé, il est joué, en toute logique, par... un américain ! Il s'agit de John Lodge, dont le titre de gloire fut d'avoir serré Marlène Dietrich dans ses bras dans L'Impératrice Rouge, de Sternberg ...


Ironie du destin, il quittera le cinéma pour la politique et terminera sa carrière en tant ... qu'ambassadeur !
Quoiqu'il en soit, il y a  fort à craindre que le film de ce soir soit un petit monument de kitsch années 30, avec son cortège d'invraisemblances et de connotations racistes. Que les tenants du politiquement correct soient prévenus.
Pour moi, malgré ces grosses réserves, la joie de retrouver ces irremplaçables monstres sacrés que sont Fabre, Dalio, Sylvie , et la belle Viviane, devrait faire passer l'amertume de la pilule.
Et puis on n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise !


A plus !

Fred.


 


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