dimanche 29 juin 2014

CINEMA DE MINUIT - POULE DURE...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 50, sur France 3 : Chair de Poule , de Julien Duvivier (1963)...


Julien Duvivier, j'ai eu souvent l'occasion de l'écrire ici , est un cinéaste aujourd'hui sous-estimé. La critique  a souvent fait la moue devant ses films, pour mieux mettre en exergue le génie de Renoir. Renoir, qui fut, pourtant, un des plus grands défenseurs de son collègue, qu'il qualifiait de poète quand tant d'autres  lui reprochaient sa noirceur, sa froideur, son manque de coeur et d'âme dans le traitement de ses sujets.
Nous sommes en 1963. En quelques années, la Nouvelle Vague a tout renversé sur son passage. Les réalisateurs, qui , moins de dix ans auparavant, tenaient le haut du pavé  ( Autant-Lara, Delannoy, Christian-Jaque, et même Renoir !), ont toutes les peines du monde  à continuer à tourner . Duvivier également, surtout depuis 1960, où il a commis le crime de lèse-majesté d'"emprunter"  le jeune Jean-Pierre Léaud, héros des 400 Coups de Truffaut, pour son Boulevard, il est vrai assez vieillot... Il est loin , le cinéaste triomphant de Pépé Le Moko, et de Don Camillo... 
Le cinéma de genre lui tend alors les bras. Il faut dire que sa Chambre Ardente, tirée de John Dickson Carr, avec Brialy et Claude Rich, fut une très belle surprise en 1961...
Les Frères Hakim lui proposent alors d'adapter un roman de James Hadley Chase , qui se trouve être un démarquage assez honteux du Facteur Sonne toujours Deux Fois , de James A.Cain, plusieurs fois porté à l'écran, par exemple en 1942, par Tay Garnett.


Un évadé trouve refuge dans un garage,tombe amoureux de la femme du garagiste, une garce, qui lui demande de s'enfuir avec elle et le magot du mari... Mais celui-ci les surprend...
Pour l'adaptation , Duvivier fait une nouvelle fois appel à son vieux complice des Don Camillo, René Barjavel. Mais Barjavel a peut-être été trop submergé par la noriceur grandissante du metteur en scène. En effet, sur une anecdote déjà sordide, Duvivier accentue  la veulerie des personnages . Leurs réactions, leur comportements sont tellement crapuleux que le spectateur finit presque par se désintéresser de leur sort, ce que les versions précédentes avaient su éviter.
Duvivier n'est pas complétement aidé par sa distribution :

Robert Hossein ( l'évadé), n'était pas encore ni le légendaire Joffrey de Peyrac, ni le metteur en scène de pièces boursouflées que l'on connaît. Cela faisait dix ans qu'il poursuivait une carrière de comédien et de metteur en scène de cinéma, travaillant régulièrement, mais sans franchement briller. Sa notoriété était surtout due aux films noirs et sexys, assez moyens ; qu'il réalisait , mais où jouait sa sublime épouse, Marina Vlady .
Ici, prisonnier (le comble pour un évadé), d'un personnage assez épais , il fait le job, mais sans grande nuance.



Georges Wilson ( le garagiste) était déjà une figure du Théâtre Français , qui venait de succèder à Jean Vilar à la tête du TNP. Mais ses débuts au cinéma furent plus compliqués : il fut même coupé au montage de Mélodie en Sous-Sol, de Verneuil, avec Gabin et Delon, pour cause de "jeu trop théâtral" ! Vexé, il exigea de figurer quand même au générique. Ici, il fait ses gammes, plutôt bien, mais demeurera toujours un acteur de plateau.
Le film est surtout porté par la belle, très belle, Catherine Rouvel.


Elle fut révélée, tout jeune, par... Renoir, dans son Déjeuner sur l'Herbe, en 1959.
Mais Duvivier lui offre ici son plus grand rôle : ravissante, sensuelle et vénéneuse, elle ne démérite pas face aux garces de l'Âge d'Or, Viviane Romance, Ginette Leclerc et autres Mireille Balin.
Le film est à voir, car, malgré sa très grande noirceur, on y trouve encore la maîtrise technique et esthétique de Duvivier. Ses défenseurs aiment d'ailleurs à considérer Chair de Poule comme son dernier film, tant le suivant , Diaboliquement Vôtre, avec Delon , qui sortira en 1967, après sa mort, est, lui, un authentique naufrage...



A plus.
Fred.




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