dimanche 27 mars 2016

CINEMA DE MINUIT - ANTIQUE OTTO...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 20, sur France 3 : Die Grosse Liebe (1931), d'Otto Preminger...


 Quand, dans mon article d'hier autour du CDM, je vantais la présence dans sa programmation d'innombrables raretés, je ne pensais pas pouvoir illustrer si vite cette affirmation par l'exemple !
Die Grosse Liebe est en effet le premier film réalisé par le grand Otto Preminger, futur réalisateur de Laura , et sa seule oeuvre tournée en Autriche, son pays natal .
Preminger est alors avant tout un homme de théâtre . Elève du grand Max Reinhardt, il ne tardera pas à lui succéder et à monter de multiples pièces. Ce n'est qu'en 1934 que la Fox le fera émigrer aux Etats-Unis pour y devenir le grand metteur en scène que l'on connaît.
En attendant, ce Grand Amour paraît juste être une parenthèse artistique.. et lucrative dans son activité théâtrale.
N'oublions pas que l'arrivée du parlant a modifié le métier dans le monde entier, et que, d'Hollywood à Paris en passant par Berlin, les producteurs ont substitué aux réalisateurs en place des hommes venus des planches, en partie pour faire travailler leur diction aux acteurs, persuadés qu'ils étaient de faire du théâtre filmé.
Le scénario est assez original pour l'époque : une mère croit reconnaître son fils à travers un jeune soldat revenu de la Première Guerre Mondiale... Elle s'obstine.
Le rôle est taillé sur mesure pour une vedette des planches autrichiennes, Hansi Niese :


Hansi est une comédienne typique de cette époque où il n'était pas nécessaire d'être glamour pour être une grande tragédienne. Dès les années 1890, elle sillonne l'Autriche et l'Allemagne, pour y jouer des pièces d'auteurs tel Arthur Schnitzler. Le cinéma muet ne la sollicite que peu, mais le parlant lui saute dessus. A plus de 50 ans, elle enchaîne les rôles à toute vitesse : pas moins de douze films entre 1931 et 1934, année de sa mort !
Elle est le centre de gravité du film , qui semble (car je ne l'ai jamais vu -miam !) relever davantage de la comédie dramatique chère à Lubitsch (autre mentor d'Otto) que des mélodrames lacrymaux qui faisaient alors la joie (si l'on peut dire !) du public populaire.
Merci encore au CDM d'avoir , après la Cinémathèque Française, extirpé des archives cette bien curieuse curiosité !

Extrait (chanté, car autant que parlant, le cinéma d'alors était chantant ) :


A plus !

Fred.

samedi 26 mars 2016

PIBIRTHDAY CINEMA DE MINUIT !

Bonjour les amis !

Je n'ai pas pu attendre, en fait, c'est dans deux jours, mais bon , le Cinéma de Minuit fête ses 40 ans !!!


 PETIT HISTORIQUE

La première de l'émission a en effet eu lieu le 28 Mars 1976. Patrick Brion , qui était déjà le créateur du Ciné-Club de la deuxième chaîne (puis Antenne 2) en 1971, avait décidé de passer la main à l'excellent Claude-Jean Philippe, pour lancer un deuxième rendez-vous cinéphile sur FR3.



A cette occasion est inauguré le fameux générique de l'émission, qui n'est pas un générique original : il s'agit de la musique composée par Francis Lai pour l'émission radio Les Etoiles du Cinéma , thème qui sera utilisé pendant de longues années, pour tous les rendez-vous ciné de la chaîne. Les gens de ma génération se souviennent encore de l'ouverture du film de 20 H 30 , avec ces yeux d'acteurs et d'actrices à reconnaître, certains facilement, d'autres moins :


Le thème du CDM, lui, était le même , en mode violon , et Brion , les premières années , l'illustrait avec une photo de tournage des Contrebandiers de Moonfleet, de Fritz Lang.


Ce premier générique sera remplacé par un montage photo de duos d'acteurs , qui est encore le générique actuel :


Mais ce qui a définitivement classé l'émission dans les programmes inoubliables, c'est la VOIX de Patrick Brion, annonçant le film du soir . Cette voix blanche, monocorde, dûe au rythme de lecture du producteur . Cette signature sera souvent pastichée , mais elle est, en fait, inimitable :


Pour la petite histoire, le premier film programmé ce 28 Mars 1976 fut La Tentatrice, deuxième film hollywoodien de Greta Garbo , réalisé par Fred Niblo en 1926...


Et ainsi commença l'aventure du rendez-vous cinéphile le plus stable de l'histoire de la télé française. Plus de 2000 films y ont été diffusés. En vérité, moins, car l'ami Brion a ses têtes , ses chouchous, et on ne compte plus les diffusions de La Belle Equipe de Duvivier, de La Main du Diable de Maurice Tourneur, et du Freaks de Tod Browning ...


Contrairement à Claude-Jean Philippe , qui veillait toujours dans son Ciné-Club, à offrir le plus vaste panorama possible des cinémas du monde entier,  Brion a toujours favorisé , dans le CDM, les cinémas qu'il aime et qu'il connaît : français, italien, américain et anglais, en grande majorité réalisés avant 1970. Ca lui a été vertement reproché . Ca lui est d'ailleurs , toujours vertement reproché . Mais c'est cette sélection close qui lui a permis de proposer un nombre impressionnant de raretés, de films inédits, d'incunables, comme on dit dans le milieu. Ces dernières années, les fidèles ont ainsi pu découvrir des films récemment retrouvés de King Vidor, de John Ford et de Michael Curtiz.

LE CINEMA DE TEX

Mais le grand mérite de Brion est d'avoir assuré la célébrité de ce monument de l'animation qu'est Tex Avery.


Brion, avait, dès 1973, proposé des rétrospectives Tex Avery au Ciné-Club. Mais, en 1980, il décide, pendant les vacances de Noël, de remplacer systématiquement le film du CDM par deux sélections de cartoons du maître, tradition qu'il maintiendra , bon an mal an, jusqu'en 1992. Ces rétrospectives, suivies par un public familial et nombreux, sont à l'origine de l'extraordinaire renom d'Avery dans notre pays, où il est beaucoup plus connu que chez lui, aux Etats-Unis !
Brion continuera a promouvoir son Tex préféré dans La Dernière Séance, dont il fut, on l'oublie, le coproducteur aux côtés de Gérard Jourd'Hui et Eddy Mitchell... 



MOI ET LE CINEMA DE MINUIT

Mon souvenir le plus ancien concernant le CDM remonte à 1989, au 07 Mai exactement . Le lendemain étant férié, j'avais eu la permission de minuit pour voir ... Le Vent, de Victor Seastrom, film muet de 1928, diffusé... sans partition musicale , comme cela arrivait encore à cette époque.



 Est-ce le fait de découvrir ce film sans son ? Est-ce la simple beauté du film, sorte de synthèse de toute la perfection plastique atteinte par le cinéma muet à la fin des années 20 ?  Toujours est-il qu'après ça, je n'ai eu qu'une envie : découvrir d'autres films comme celui-ci, d'autres vieux films.Grâce à un très très bon bulletin scolaire, j'obtins la permission de minuit une ou deux fois par mois. Et une fois au lycée, je devins un inconditionnel. Je me souviens, entre autres, de la découverte de la sublime et arrogante Jean Harlow, la star du pre-code, impunie dans Red-headed Woman...


Je me souviens de la finesse d'un Mankiewicz dans Madame Muir et son Fantôme...


Je me souviens d'avoir découvert Keaton dans Le Caméraman...


... Et la comédie italienne avec Les Monstres...


... Et tant d'autres, et tant d'autres. Et au fil du temps, je suis devenu un archéo-cinéphile, accro aux images rayées et au son qui craque. Même si rien ne vaut une copie restaurée .

L'AVENIR DE L'EMISSION 
 

Aujourd'hui, le Cinéma de Minuit est en danger. Il ne fait plus guère d'audience. A cela, plusieurs raisons :

- le recul incessant de son horaire de diffusion. En 1976, et jusqu'au début des années 90, l'émission se terminait à minuit. En fait, elle débutait  à 22 H 30. Aujourd'hui, elle ne commence même pas à minuit , mais entre 00 H 20 et 00 H 45. Mais ne nous plaignons pas, il y eut une époque où le CDM ne commençait jamais avant une heure du matin !

- la fin de la grande époque de la cinéphilie classique, entretenue par les ciné-clubs de quartier. Elle créait un intérêt, une curiosité. Les programmations TV étanchaient cette curiosité. Aujourd'hui, la culture cinéphilique est médiocre, ou tronquée (le cinéma commence pour beaucoup après les débuts de Spielberg.)


- Le CDM subit la concurrence des chaîne thématiques : TCM, C+ Classic, etc... Plus grave encore, un grand nombre de films de studio sont réservés à ces chaînes. Le budget de l'émission baissant, Brion fait souvent appel à des petits distributeurs, ou à des distributeurs peu regardants (René Château !)qui lui fournissent des copies pas toujours au top. Quand il ne s'agit pas de films tombés dans le Domaine Public. La qualité de la programmation s'en ressent. Heureusement, un partenariat régulier avec Lobster Films lui permet encore de diffuser des raretés dans de très belles copies.

Aujourd'hui, la direction de France 3, atteinte d'un jeunisme forcené qui a entraîné le renvoi de  Lepers et la fin de 30 Millions d'Amis, aimerait bien se débarrasser de cet autre boulet d'un autre âge. Il semblerait que l'émission soit encore sauvée pour une saison.* Mais ce sursis sera sans doute de courte durée. Monsieur Brion a 75 ans, et, s'il ne semble pas vouloir faire valoir ses droits à la retraite, d'autres s'en chargeront pour lui.
On parle d'une autre émission , sur France 5, bientôt, avec des films variés, présentés en VM, et remontant jusqu'aux... années 80. Et voilà comment on va effacer des mémoires tout un pan de l'histoire d'un art.
En attendant cette démonstration future de la démission du service public en matière de cinéma, je souhaiterai, façon méthode Coué, une longue vie au Cinéma de Minuit, et un bon anniversaire à monsieur Brion.
Et surtout,  je lui dis merci !

* Ce qui n'aura pas été le cas du malheureux Ciné-Club de France 2, supprimé au début de cette année dans l'indifférence générale...

BONUS : dans une des premières émissions de la Dernière Séance , enregistrée à Bruxelles (décidément !) en 82, Eddy Mitchell est exceptionnellement flanqué de Bertrand Tavernier er de Patrick Brion, qui , à la 11 ème minute de cet extrait, vous explique comment mettre vos lunettes spéciales pour voir L'Etrange Créature du Lac Noir en relief ! 

.A plus !

Fred.








samedi 19 mars 2016

CINEMA DE MINUIT - CASABLANCA FONT DU SKI...

Bonjour les amis !

Demain soir, à 00 H 20, sur France 3 : Intrigues en Orient (1943), de Raoul Walsh...

1942, pour la Warner Bros., c'est l'année de Casablanca. Une production traversée par une cascade d'embrouilles, mais qui aboutit à un des plus grands classiques de l'histoire d'Hollywood, et, sur le moment, à un des plus gros succès de l'année...


La tentation était grande pour la Warner, de remettre le couvert avec la même équipe. Mais , échaudés par un tournage éprouvant, les anciens sont rarement volontaires. Bogart et Bergman profitent du succès du film pour exiger un droit de regard sur leurs rôles. Michael Curtiz, le réalisateur, a un planning chargé, et le producteur Hal B.Wallis est en délicatesse avec  Jack L.Warner, qu'il lâchera en 1944.  Le point commun avec Casablanca sera donc incarné par le truculent  duo Sidney Greenstreet/Peter Lorre, qui avaient déjà été réunis auparavant par John Huston dans Le Faucon Maltais...


 On va chercher un roman du subtil écrivain britannique Eric Ambler, se déroulant en Turquie. Parce que la Turquie, le Maroc, pour les américains, c'est couffin-patin. Et on confie l'ensemble au déjà vétéran Raoul Walsh, qui émarge à la Warner depuis 1939, et ses Fantastiques Années 20...



Mais le gros souci est que Greenstreet et Lorre sont, disons, très peu... glamours. Il faut un héros. On va donc chercher celui que Bogart a remplacé dans Le Faucon Maltais et High Sierra, et qui, cette fois, va remplacer Bogie : George Raft.


George Raft a connu le succès avec Scarface, d'Howard Hawks,en 1931, où il jouait un impitoyable tueur...


... Mais le bonhomme n'était pas un cadeau pour la Warner. Paresseux, capricieux, stupide, il avait , en outre, des relations privilégiées avec la mafia de l'époque, y compris avec le dangereux gangster Bugsy Siegel ! S'il était un excellent danseur, il était enfin un acteur pas souvent inspiré , et à l'instinct contestable : il a ainsi passé le temps de son contrat avec le studio à refuser des rôles en or, qui sont allés ... à Bogart (voir plus haut.) !
Dans ce film, le dernier qu'il fit pour la compagnie, il réussit encore à plomber le projet : alors que le livre d'Ambler repose sur le principe d'un citoyen ordinaire tombant bien malgré lui dans une affaire d'espionnage ( un peu à la manière d'Hitchcock); Raft insiste pour que le personnage soit réécrit ... pour en faire un espion professionnel, abîmant ainsi le suspens et le principe d'identification du spectateur à l'action.
Ingrid Bergman, quand à elle, est remplacée par la jeune Brenda Marshall, bien jolie, certes, mais... le combat est inégal.


Walsh , les comédiens et le savoir-faire de la Warner sauvent les meubles, mais on est bien loin du chef d'oeuvre, et le film demeure anecdotique.
Il aura tout de même le mérite de confirmer le studio dans la valeur du tandem Lorre/Greenstreet, qui tournera encore quatre films ensemble...

Bande-annonce :

A plus !

Fred.

dimanche 13 mars 2016

CINEMA DE MINUIT - ¨PAS PERDU POUR TOUT LE MONDE...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 20, sur F3 : The Lost Moment (1947), de Martin Gabel...

Le cinéma hollywoodien fourmille de pépites étranges, que le temps pousse sous les carpettes, jusqu'à une hypothétique redécouverte. C'est le cas ici, avec cette unique réalisation d'un collaborateur d'Orson Welles, Martin Gabel.

Il fit partie de son légendaire Mercury Theater à ses débuts, à la fin des années 30, et incarna notamment Javert dans sa version radio des Misérables. Reconnu comme acteur de théâtre, il décide de passer à la mise en scène de cinéma à la fin des années 40.
Cette époque est bénie pour qui désire faire un cinéma différent à Hollywood. Non seulement des européens immigrés , tels Lang , Renoir ou Ophüls, souhaitent être maîtres à bord de leurs films, comme ils l'étaient chez eux,  mais des grands directors, comme Ford ou Capra, se voyaient bien prendre un peu de liberté vis-à-vis des grands studios. Des  producteurs indépendants  vont leur permettre de tenter cette aventure.
Walter Wanger est de ceux-là .

Après avoir débuté à la Paramount, il prend sa liberté dès le milieu des années 30, produisant entre, autres, J'ai le Droit de Vivre de Fritz Lang.
Ford, Hitchcock et surtout Lang lui font confiance pour leurs projets les plus personnels. Wanger n'aime rien tant que les paris risqués, et les films considérés comme trop intellectuels par les grandes firmes ne lui font pas peur.
Or, le projet de Gable est ambitieux : adapter la nouvelle Les Papiers d'Aspern, d'Henry James. Un éditeur new-yorkais, désireux de retrouver les lettres d'amour d'un grand poète du XIXème siècle, se fait passer pour un écrivain au sein de la grande maison où vivent l'objet de cette passion, Julianna, âgée de 105 ans, et sa nièce, l'étrange Tina.
Le sujet est un formidable écrin pour un film d'atmosphère en quasi huis-clos, reposant sur un terrible secret.
Gabel a visiblement subi l'influence de Welles, ne craignant pas les audaces formelles, voire les excès : la composition d' Agnès Moorehead ( elle aussi ancienne du Mercury , et future Endora de Ma Sorcière bien-aimée) en Julianna, excessivement grimée et théâtrale, nous sort très vite du réalisme, tout comme le jeu borderline de Susan Hayward/Tina, véritable pierre angulaire du film.


Jusqu'ici, la jolie Susan végétait à la Paramount, qui ne lui offrait que des rôles secondaires. Elle claqua donc la porte et signa avec Wanger, qui lui proposa le rôle. Fûtée, elle l'accepta... et fit des merveilles dans ce rôle de femme perturbée, à la fois inquiétante et romantique. La Universal, distributrice des films de Wanger, la remarqua, et en fit une des plus belles figures du studio, qu'elle lâcha rapidement pour tourner avec Mankiewicz, Henry King, Nicholas Ray... Une très belle carrière , couronnée en 59 par un Oscar, et injustement oubliée aujourd'hui.
Moins finaud fut le choix de l'acteur principal, Robert Cummings.


Ce sympathique garçon donne toujours l'impression d'être là par défaut, ou à la place d'un autre qui n'était pas libre... Il donnait déjà cette impression dans le Cinquième Colonne, de Hitchcock (1942)...


Finalement, comme dans certains films de Bette Davis, la fadeur du partenaire masculin renforce la prestation de l'actrice, et The Lost Moment apparaît vraiment comme un film de femmes.
Soyons honnêtes :  Gabel n'est ni Welles, ni Cukor, ni Wyler, et sa belle tentative, si elle comporte de formidables éléments, n'est pas entièrement maîtrisée.
Néanmoins, l'échec critique et commercial du film, à sa sortie , paraît extrèmement injuste, d'autant qu'il a découragé Gabel, qui ne touchera plus à une caméra après ce premier essai. Il retournera, avec succès, au théâtre, et se contentera de paraître au cinéma  avec parcimonie, dans des seconds rôles... Dommage.

Bande-annonce (en allemand !) du film :


 A plus !

Fred.





lundi 7 mars 2016

CINEMA DE MINUIT - RAPIDO LE ZOO !

Bonjour les amis !

Hier soir, à 00 H 20, sur France 3 : Révolte au Zoo (1933), de Rowland V. Lee...

Voilà un film bien étrange. Un film dont les visionnements sucessifs confirment le statut de film culte. Cela a l'air d'un film fantastique, mais ça n'en est pas un. En fait, c'est un film romantique, baignant dans une atmosphère irréelle et hypnotique. Certains critiques n'hésitent pas à parler de surréalisme.
Deux orphelins , dont l'un vole des fourrures, , et l'autre fugue de son orphelinat,  se cachent dans un zoo, tombent amoureux, et, pour échapper aux recherches, se réfugient dans une tanière. Le film se veut exotique, c'est la raison pour laquelle il est situé à Budapest. Un Budapest , et surtout un zoo, reconstitué dans les studios de la Fox. Très artificiel, donc, mais une artificialité assumée. Assumée par le metteur en scène, Rowland V.Lee, qui nourrit dans toute son oeuvre une affection pour le bizarre, notamment à la Universal, où il mettra en scène La Tour de Londres, et surtout Le Corbeau (1935), avec Karloff et Lugosi...
Mais la mise en scène de Lee fut rarement aussi maîtrisée qu'ici. Le grand chef opérateur Lee Garmes (celui des films de Sternberg avec Marlène Dietrich) a revendiqué une partie des trouvailles du film, notamment l'idée d'entourer les personnages d'une végétation luxuriante , faisant du récit une sorte de film de jungle sans jungle. Mais cela ne suffit pas à résumer l'originalité du film. Usant de peu de transparences, le réalisateur alterne sans cesse les plans des protagonistes avec ceux des animaux du zoo. Ceux-ci ne proviennent pas d'images d'archives, mais sont bel et bien inclus dans l'unité visuelle du film. Quand au lien qui unit les amoureux, il y gagne en sensualité, en animalité, le tout accentué par un montage très vif et une musique symphonique quasi omniprésente.
La faiblesse du film réside, selon moi, dans l'âge des acteurs : à plus de vingt ans , Gene Raymond et Loretta Young peuvent difficilement passer pour deux  petits orphelins !
Cela n'est pas très grave, leur charisme et leur charge érotique crevant l'écran.


A 22 ans, Loretta Young a déjà une imposante filmographie derrière elle : elle tourne son premier film à 5 ans ! Partenaire de Lon Chaney, de Rudolf Valentino, le parlant lui permet d'exploser , en même temps que Jean Harlow, en rivale de celle-ci, dans la Blonde Platine de Frank Capra (1931)...


Ici, magistralement filmée par Garmes et Lee, elle est la superbe Eve de ce Zoo-Jardin d'Eden..




Extrait du film :



A plus !

Fred.