dimanche 27 septembre 2015

CINEMA DE MINUIT - VIEUX CHOTARD QUE J'AIMAIS...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 25, sur F3 : Chotard et Cie (1932), de Jean Renoir...

 "Chotard ? Je ne m'en souviens pas."
                                                       Jean Renoir.

Tout est dit. Ou presque. Coincé dans la filmo de Maître Renoir entre La Nuit du Carrefour et Madame Bovary, cette pochade fait pâle figure.




A l'origine, il s'agit d'une pièce de Roger-Ferdinand, fameux boulevardier, avec qui le temps n'a guère été tendre. Il n'y a pas grand'chose à sauver de son oeuvre vieillie.
Un poète est amoureux de la fille d'un négociant qui le méprise. Mais le poète remporte le Goncourt et devient célèbre. Le négociant en fait une machine à écrire...
La satire de la bourgeoisie fait penser, en plus épais, à Topaze, de Pagnol, pièce sortie la même année , en 1928. Mais ce qui saute d'abord aux yeux, c'est l'écart entre cette fantaisie aimable et la violence anarchiste de Boudu Sauvé des Eaux, avec son bourgeois honnête, cultivé , mais tellement fade, renversé comme un fétu par la bonne santé animale de Michel Simon...


On pourra s'amuser du numéro de Fernand Charpin, inoubliable Panisse de la Trilogie Marseillaise, ici maître du jeu . L'acteur , se considérant comme un tragédien, avait toujours regretté d'avoir accepté la pièce, puis le film.
On pourra également redécouvrir au moins deux acteurs très très oubliés, que même moi je ne les connaissais pas :

Georges Pomiès était un personnage assez incroyable , à la fois chanteur, comédien, et surtout danseur. Dans tous ces domaines, sa carrière est fulgurante. Il explose au milieu des années 20, travaille avec Dullin, Prévert, et , donc, Renoir, avant de mourir prématurément, à 30 ans, peu de temps après la sortie du film.
Il est l'élément le plus surprenant du film, en poyète opprimé.


Jeanne Boitel fait partie de ces jeunes et belles comédiennes qui ont inauguré l'ère du parlant en France, et que l'Histoire du Cinéma a avalées toutes crues : on la trouve aux côtés de Marcelle Chantal, Simone Berriau, Colette Darfeuil, Meg Lemonnier... Dès le milieu des années 30, leur carrière se ralentit au profit des premières véritables stars de l'écran français : Darrieux, Morgan, Feuillère, Viviane Romance, Ginette Leclerc... Boitel se réfugiera, après la guerre, à la Comédie Française, dont elle sera pensionnaire durant vingt ans...
Et comme beaucoup d'actrices de l'époque, elle chantait, histoire d'amortir le matériel d'enregistrement sonore :

 
 
 Bref, n'en déplaise à ses thuriféraires nombreux, dont certaines envolées me font bien rire durant les longues soirées d'hiver, Monsieur Renoir, parfois, s'est planté. C'est pas grave, et cela n'empêche qu'il demeure , malgré tout, un des plus grands réalisateurs français, si ce n'est le plus grand . A débattre.

A plus !

Fred.
 



samedi 26 septembre 2015

CINEMA DE MINUIT (rattrapage) - RAIMU-SARAIGNE...

Bonjour les amis !

Dimanche dernier, à 00 H 25, sur F3 : Monsieur la Souris (1942), de Georges Lacombe...


 Dans Simenon, c'est comme dans le cochon, tout est bon ! Et on peut toujours le charcuter, il en reste encore quelque chose ! De ce roman de 1938, le boulevardier Marcel Achard ( voir la chronique sur Noix de Coco, il y a trois semaines) tire une gentille comédie policière, totalement dominée par un Raimu en liberté.


L'idée la plus cinématographique était en effet celle-ci : faire de ce clochard qui trouve, un soir, sur les Champs-Elysées, un portefeuille ainsi qu'un cadavre, un personnage truculent , apparemment bonasse, mais, qui, au fur et à mesure, denoue les fils de l'intrigue policière, assez confuse et assez vaine, il est vrai . L'ensemble est filmé par Georges Lacombe, aussi peu inspiré qu'il le fut, entre autre, dans le Dernier des Six, pourtant génialement adapté par Clouzot :


Là aussi, la fantaisie présente est celle de l'adaptateur... et du comédien. Gilles Grangier (futur réalisateur du Cave se Rebiffe ), alors assistant sur le film, aimait rappeler que les colères de Raimu lui valaient l'inimitié de l'équipe technique, à tel point que , juste avant le tournage d'une scène, môssieur Raimu faillit se prendre sur la tête un de ces fameux et lourds sacs de lest que l'on accrochait dans les cintres ! On se sut jamais qui était le petit farceur...
Le film est l'occasion , pour les simenoniens, de retrouver deux personnages familiers de l'univers de Maigret : d'abord, le malchanceux inspecteur Lognon, ici incarné par René Bergeron.

Bergeron était bien parti pour entrer au Panthéon des grands seconds rôles aux côtés de Roquevert, Tissier, Saturnin Fabre, Pauline Carton, et j'en passe. Sa tête de faux-jeton était inoubliable pour le spectateur. Sa filmographie jusqu'au milieu des années 40 est d'ailleurs impressionnante : Les Croix de Bois, La Bandera, Pepe Le Moko, Hôtel du Nord, Remorques... Hélas pour lui, aux côtés de son ami Le Vigan, il choisit la voie de la Collaboration et fut interdit de plateau à la Libération. Sanction qui dura plus de dix ans , alors que l'amnistie de 1947 avait permis à presque tout le métier de reprendre le boulot ! A la fin des années 50, il revient , mais dans des films de seconde zone, où il "ouvre les portes", comme on disait...

On retrouve également Lucas, qui, pour l'occasion, est passé commissaire ! Il est interprété par Paul Amiot .


Cet acteur, dont le visage, lui, est plutôt passe-partout, passera effectivement partout, pendant ses soixante ans de carrière ! On lui réservera surtout les troisièmes rôles, qu'il assumera de 1910 à 1973, sans apparente interruption ! Le rôle de Lucas est un de ses rôles les plus consistants de sa longue carrière...

Signalons  enfin la présence, dans le rôle du clochard Cupidon, d'Aimos, grand second rôle affirmé, lui, inoubliable, entre autres, dans La Belle Equipe de Duvivier...


... et dont le sort sera, comme celui de Bergeron, scellé par l'Occupation : il meurt en effet sur les barricades, lors de la Libération de Paris . Un mystère entoure cette mort : la version officielle veut qu'il soit mort en libérateur, des voix discordantes affirment qu'il a été abattu... comme trâitre. Un des nombreux dossiers flous de cette époque troublée...

A plus !

Fred.



dimanche 20 septembre 2015

CINEMA DE MINUIT (Rattrapage) - BETHSABEE MUCHO...

Bonjour les amis !

Dimanche dernier, à 00 H 25 sur F3 : Bethsabée (1947), de Léonide Moguy...

 A tout seigneur tout honneur, j'entamerai cette chronique par une remarque de mon ami cinéphile Laurent Prysmicki , commentateur éclairé de ces humbles articles, qui me disait à propos du film : "Il est de 1947, mais on aurait dit un film des années 30 !". Bah voilà, bien vu, c'est une bonne partie du problème. Mais pas le seul. Développons.
Il existe encore aujourd'hui des admirateurs éperdus de l'oeuvre de Pierre Benoît ( L'Atlantide, la Châtelaine du Liban...). Ces romans d'aventures teintés de fantastique, mais surtout d'un romantisme louchant sur le mélodrame, ont connu un très grand succès , public et critique, dans la première moitié de ce siècle. Ses personnages féminins, proches du fantasme, et dont le prénom commence toujours par la lettre A (Ici, Arabella), sont un de ses traits les plus singuliers. Mais si certains vantent encore le style de l'auteur, il faut bien reconnaître que ses intrigues et ses enjeux ont pris un sacré coup de vieux, et le monde qu'il décrit également.
Ici, comme dans l'Atlantide, deux militaires de déchirent pour une femme, sur fond de paysage exotique. Las, si l'Antinéa de l'Atlantide était, excusez du peu, princesse d'un royaume merveilleux, ici, la petite dame n'est qu'une petite dame , coupable de briser les coeurs et d'avoir poussé un de ses jeunes soupirants au suicide.


De fait, l'histoire ne décolle pas. Et, comme me le soulignait mon petit camarade, elle est déjà désuète au moment où elle est tournée. Le film colonial est un genre dont l'innocence , la naïveté , (l'irresponsabilité ?) est liée au sentiment de puissance et de bonne conscience de la France de la IIIème République, sentiment partagé par une bonne partie de la population, des politiques et des artistes.
La tourmente de la Seconde Guerre Mondiale emporte ce sentiment d'invulnérabilité par-dessus les moulins. Les premières émeutes éclatent dans les colonies (Sétif) et les consciences s'eveillent , notamment avec l'existentialisme.
Le film est décalé par rapport à son époque. Et de fait, personne n'y croit . Roger Vitrac, dramaturge de talent, signe un dialogue sinistrement ampoulé, que les comédiens peinent à rendre vivant.
L'emploi de la musique est ahurissant de maladresse : chaque sentiment, chaque tension est noyée sous des flots de musique humide, signée Kosma, dont il faudra bien qu'on discute sérieusement l'apport réel dans le cinéma français, parce que sorti de Prévert et Carné...
Quand à Léonide Moguy, son titre de gloire restera Prison sans Barreaux (1938), archétype du film social, qui lança la carrière (éphémère, mais c'est une autre histoire...) , de la jeune Corinne Luchaire. Hors de cela, sa carrière , quoiqu'internationale, reste anecdotique.



Le jeune Georges Marchal, interprète du solaire capitaine Dubreuil, l'amoureux présent d'Arabella, fait partie , avec Henri Vidal et Jean Marais, de cette génération de jeunes premiers que l'on voit éclore à la Libération. Mais il sera trop souvent victime de rôles convenus et de projets moyens. Soyons justes, son jeu n'est alors pas fulgurant non plus, même en d'Artagnan dans la piteuse version Hunebelle-Audiard des 3 Mousquetaires.

Il lui faudra attendre la télévision, et les Rois Maudits, dans les années 70, pour qu'il donne pleine mesure de lui-même dans le rôle de Philippe Le Bel...




Darrieux, elle, s'emmerde et ça se voit. Dans son livre de souvenirs, elle évoque la tristesse de ces années de l'immédiat après-guerre, où, ne pouvant plus jouer les toutes jeunes filles, et pas encore assez mûre pour jouer les dames, elle se perdait dans des drames sentimentaux qui ne la méritaient pas. Elle aurait même songé, alors, à arrêter le cinéma. Autant-Lara, puis Ophüls , changeront la donne quelques mois plus tard...
Ici, elle ne parvient pas à donner de l'épaisseur à un personnage mal dessiné . Garce ? Victime ? Ange de l'amour ? Le mystère reste entier.
A dire vrai, le film n'est sauvé que par le personnage du sombre Sommerville, étrangement incarné par Paul Meurisse.

En jouant avec une extrême raideur, une grande froideur, très stylisée, le rôle de l'ancien amant blessé et revanchard, Meurisse parvient paradoxalement à donner de la chair à son personnage, qu'il lave de toute convention : Sommerville est un scalpel en acier froid, qui ne demande qu'à trancher, parce qu'il a été tranché. Ce le rend bizarrement émouvant. La carrière brillante qui s'offre à l'acteur est ici pleinement méritée.
Un petit mot pour finir sur une comédienne totalement oubliée, qui joue ici le rôle de la fille du colonel, amoureuse de Sommerville  (cliché !): Andrée Clément.

Elle tournera une poignée de films entre 1943 et 1954, avec Bresson, Decoin, Delannoy, et finira face à Gabin dans la méconnue Vierge du Rhin de Grangier et Audiard...


Hélas, ce petit visage mélancolique sera emporté par la tuberculose à l'âge de 35 ans...

A plus !

Fred.

dimanche 6 septembre 2015

CINEMA DE MINUIT - QUE DU BONHEUR ?

Bonjour les amis !
Ce soir, à 00 H 20 sur France 3 : Le Bonheur (1935), de Marcel L'Herbier...


J'ai écrit ici suffisamment de mal de messieurs Marcel l'Herbier et Henry Bernstein pour leur accorder ici le bénéfice du doute, n'ayant jamais vu le film programmé ce soir. Le Bonheur est en effet considéré comme une des (rares) réussites parlantes de l'Herbier. 
La gageure n'était pourtant pas aisée à soutenir : adapter un des (nombreux) succès théâtraux récents de Bernstein, qui plus est en reprenant l'acteur principal de la création , Charles Boyer, et en le flanquant de madame Gaby Morlay, pleurnicheuse bernsteinienne par excellence. Difficile, dans ces conditions, d'obtenir autre chose que du théâtre filmé. Et daté.
Et pourtant. Tous les critiques, d'hier à aujourd'hui, louent la fluidité de la mise en scène de l'Herbier, si éloignée de la pesanteur de ses autres films des années 30, notamment la redoutable Route Impériale, diffusée il y a quelques semaines. 





L'intrigue fait pourtant craindre le pire  : un dessinateur anarchiste tire sur une vedette de cinéma. Au procès, il s'avère que la comédienne est tombée amoureuse du libertaire... De cet argument mélodramatique , le réalisateur tire une réflexion sur le vrai ou le faux, et obtient le meilleur de ses comédiens.
Le couple vedette est , il est vrai, entouré de deux seconds rôles de choix : Michel Simon, en agent ... disons truculent , et Paulette Dubost, en titi parisien.
Mais le film (et la pièce) sont également l'occasion de rappeler la grandeur de Charles Boyer.

Loin de l'image de latin lover qu'Hollywood, sa terre d'adoption, lui collera sur le dos, Boyer était un authentique tragédien. Les années 20 le voient jouer pour Firmin Gémier, Gaston Baty et, surtout, Bernstein, dont il devint l'acteur fétiche, et qui commença à l'enfermer, hélas , dans son rôle de séducteur des familles. C'est oublier la finesse de son jeu, que l'on retrouve aussi bien dans le Mayerling de Litvak, en 36, que dans Madame de... , de Max Ophüls, où il joue, avec tant d'humanité, ce pauvre Général de...



Terminons en précisant que le jeune Jean Marais , alors protégé de L'Herbier, fait une courte apparition dans le film, dans une silhouette de journaliste.
Une curiosité renommée, recemment restaurée, bref, à voir.

Bande-annonce :

A plus !

Fred.

samedi 5 septembre 2015

CINEMA DE MINUIT (Rattrapage) : MARINEZ-LE !!

Bonjour les amis !

Dimanche dernier, à 00 H 20, sur France 3 : Tourments (1954), de Jacques Daniel-Norman...

 C'est ce qu'on appelle le yin et le yang. On passe une très belle journée, avec ses amis, à fêter ses 40 ans. Les amis en question vous aident à installer la nouvelle télé HD que l'on vous a offerte pour l'occasion. Vos amis vous embrassent et vous laissent etrenner l'appareil avec votre cher CDM.
Qui vous passe, ce soir-là... un gros, gros navet. Tout instant de bonheur se paye.
Le seul, je dis bien, le seul intérêt de Tourments est d'être le dernier film de Tino Rossi. Et un des plus grâtinés.
Le cinéma français a toujours, pour des raisons commerciales évidentes, voulu faire tourner des films à ses chanteurs , et cela, dès les débuts du parlant. On les embarquait dans des aventures, dont, le plus souvent, le prétexte était une de leurs chansons . Certains, les fantaisistes, le plus souvent, tiraient habilement leur épingle du jeu d'une entreprise balourde : Milton, Pills et Tabet, Bach et Laverne, Joséphine Baker, et plus tard Line Renaud ou Annie Cordy. Pour d'autres, ce fut une révélation : Chevalier, Gabin, et plus tard Bourvil. Mais pour d'autres enfin , ce fut une catastrophe : Trenet, Piaf, Mariano, et , dans le cas qui nous intéresse, Tino Rossi. Le pire, concernant Tino, est que ce fut une catastrophe qui dura. Près de vingt ans.
Il faut dire qu'à cette époque, la télévision n'était pas disponible , et que les artistes ne tournaient que parcimonieusement en province. Le cinéma était alors la seul possibilité pour le public de voir bouger et chanter les artistes que l'on entendait à la TSF. Et concernant le père Tino, qui traînait après lui un flot d'admiratrices, l'affaire était particulièrement rentable pour les producteurs.
Tino tournera ainsi une trentaine de films entre 1934 et 1954. Bizarrement (et raisonnablement), dans ses premiers films, on l'entendait sans le voir, comme dans le fameux Justin de Marseille , de Maurice Tourneur, où son chant accompagne l'action...


... Et ça valait mieux. Rossi était en effet un acteur exécrable, mou, faux, et dépourvu de charisme. Et, contrairement à d'autres, il ne fit aucun progrès durant ses vingt ans de carrière...

Les spectateurs et trices, surtout, venaient le voir chanter, et ses films sont prétextes à sérénades multiples.
Il tourna dans quelques films à sauver , mais qui le sont malgré lui : Naples au Baiser de feu (1937), bénéficie du dialogue d'Henri Jeanson, de la présence de Michel Simon et surtout de Mireille Balin, avec qui il formera , à la ville, un couple particulièrement orageux , qui fera la joie des échotiers...


... Et on peut également retenir La Belle Meunière (1948) , film de Pagnol  en Rouxcolor, système pas au point qui voit notre Tino jouer Schubert... tout flou !


Mais sinon, le reste n'est qu'historiettes cornichonnes ou édifiantes !
Tourments ne fait pas exception à la règle : ce mélo pur sucre tombe dans tous les clichés du genre . Un couple en crise , qui a adopté un enfant , voit la mère naturelle de celui-ci (une peste, ben tiens !) réclamer sa garde. Pris en tenaille, l'enfant fugue... Presque tout le monde joue mal, et quand ça joue bien, c'est pour réciter un dialogue inepte. Le jeune De Funès surprend dans le rôle d'un détective plus antipathique que drôle. Mais on est surtout déçu de voir la belle  Blanchette Brunoy, qui fut si belle dans La Belle Humaine, et si convaincante dans le Café du Cadran, diffusé il y a quinze jours, sombrer dans une telle entreprise...
Tino, vieilli et empâté, décida sagement d'arrêter le carnage après ce film. La télévision et les disques permirent à ses fans, jeunes et moins jeunes, de continuer à se pâmer à l'écoute de ses roucoulades, jusqu'à sa mort, en 1982...

Extrait... avec De Funès (ça vaut mieux !)...



A plus !

Fred.





mercredi 2 septembre 2015

CINEMA DE MINUIT (rattrapage) - QUAND CESAR RENCONTRE BOUDU...

Bonjour les amis !

Dimanche 22 Août, à 00 h 25 : Noix de Coco (1938) , de Jean Boyer...



 Marcel Achard, aujourd'hui bien oublié, fut un des plus fameux boulevardiers de la première moitié du vingtième siècle : Voulez-vous Jouer avec Môa, Jean de la Lune ... et Noix de Coco furent des pièces renommées et longtemps jouées . Le cinéma parlant ne fut pas long à porter ces oeuvres sur grand écran : dès 1931, Jean Choux adapta Jean De la Lune, avec Michel Simon, qui avait créé la pièce, mais sans Jouvet : les deux acteurs ne pouvaient déjà plus se souffrir...


Mais Noix de Coco, créée en 1935 au Théâtre de Paris, fut , elle, un succès de plus pour Raimu . Achard , adaptateur de sa propre pièce , eut-il envie de réunir deux de ses acteurs fétiches ? Toujours est-il que le rôle de Josserand, gendre du personnage principal , fut considérablement augmenté pour permettre à l'acteur suisse d'exister près du Toulonais.
Soyons honnêtes, les pièces d'Achard ont beaucoup moins bien vieilli que celles de Guitry, de Pagnol, et même de Mirande, ses contemporains. Si Jean de la Lune conserve pour elle une certaine poésie touchante, l'argument de Noix de Coco paraît bien léger : un horticulteur découvre que la femme coincée qu'il a épousée n'est autre qu'une chanteuse exotique qu'il avait séduite à Saigon et surnommée Noix de Coco. D'où un scandale... bien daté.
Jean Boyer, qui filmait à peu près n'importe quoi avec des bonheurs divers, ne se casse pas la nénette : il se repose sur le dialogue de son auteur et l'humeur de ses comédiens. Si Michel Simon tire le meilleur de son rôle gonflé, le père Raimu ne se prive pas de cabotiner , remuant l'air un peu plus qu'il n'est nécessaire. Mais le gros problème du casting est Madâme Marie Bell.

Sociétaire de la Comédie-Française, elle fit , d'après Malraux, des merveilles dans le rôle de Phèdre. Mais le cinéma fut, pour elle, un perpétuel malentendu . Elle y accumula les navets mélodramatiques, et plomba, par un apprêt souvent dérangeant, des fillms qui avaient tout du chef d'oeuvre, notamment le fameux Carnet de Bal de Duvivier, pourtant fort bon film à sketches où elle fait le tour de ses anciens amants, qui ne sont autres que Raimu, Fernandel, Harry Baur, Pierre Blanchard, Pierre Richard-Willm  et Louis Jouvet !


Ici, en épouse prude comme en entraîneuse repentie, elle peine à convaincre. Tout cela reste agréable à regarder, mais un peu décevant , reflet d'un temps où le cinéma privilégiait les beaux costumes, les coupes de champagne et les hauts plafonds pour faire rêver le populo...

Extrait.... sonore, de la pièce , avec Raimu, en 1936 :



A plus !

Fred.