samedi 12 décembre 2015

CINEMA DE MINUIT - GINO VALGIANNI...

Bonjour les amis :

Demain, soir, à 00 H 00, sur France 3 : L'Evadé du Bagne - 2ème époque : Tempête sur Paris, 
précédé dimanche dernier de L'Evadé du Bagne - 1ère époque : Chasse à l'Homme,
deux films signés par  Riccardo Freda en 1947...


Et nous voici partis pour la huitième version cinéma des increvables Misérables de Victor Hugo, qui devait en précéder six autres. A noter que celle-ci est la seule qui nous soit parvenue d'Italie !
C'est le succès de l'Aigle Noir (voir chronique précédente), qui permit à Riccardo Freda , abonné aux films de genre, de mettre en branle ce projet ambitieux. Enfin, ambitieux, ambitieux, tout est relatif. Le budget est relativement modeste, et  il reste bien en deçà de celui de l'adaptation flamboyante (la meilleure à ce jour !) qu'en fit Raymond Bernard en 1933 :


Les différences sont nombreuses entre les deux cinéastes : là où Raymond Bernard collait au lyrisme et à la volonté pédagogique du père Hugo, Freda , en bon cinéaste de genre, colle... à l'anecdote, à la péripétie ! Ce qui n'est pas si fou,c ar il ne faut pas oublier que, malgré tout, Les Misérables ont d'abord paru ... en feuilleton. D'où cette impression étrange que Freda confond Hugo avec Dumas. Cela n'a pas que des inconvénients : le vol du pain, l'arrestation de Valjean, son évasion, et sa sortie définitive du bagne, sont ici traités en moins de dix minutes. Sans ambiguïté, Freda considère d'ailleurs Valjean comme un héros , et pas comme un personnage symbolique : son parcours n'est pas initiatique, il est , d'après le réalisateur, un homme qui fait ce qu'il veut !
Il est incontestable que, dans cette version, le rythme l'emporte sur la caractérisation des personnages : Cosette, Fantine et les Thénardier, par exemple , sont presque des silhouettes, et la seule forte confrontation qui est retenue est celle qui oppose Valjean à Javert . Les deux personnages sont d'ailleurs les mieux campés :


Définitivement marqué par son rôle de Peppone, Gino Cervi fut pourtant un acteur important des années 40, pour de pas très bonnes raisons d'ailleurs : on l'employa beaucoup dans des films historiques ou de cape et d'épée , bizarrement comme héros, alors que son embonpoint était déjà fort apparent ! Ce fut LA très bonne idée de Freda de lui confier le rôle de Valjean : pour incarner cet ancien forçat, capable, je le rappelle, de soulever une carriole, il ne fallait pas prendre un gringalet. C'est là que Cervi va vraiment trouver son emploi, un emploi d'homme massif, terrien,charismatique, qui l'emmènera, certes, au maire communiste des Don Camillo, mais aussi à celui du commissaire Maigret, qu'il incarnera à de multiples reprises...


Giovanni Hinrich incarne quand à lui un Javert comme on les aime, psychorigide jusqu'à la folie, obsessionnel, sourd et aveugle à tout ce qui n'est pas son devoir. Il est dessiné de façon très convaincante par Giovanni Hinrich , dont le parcours est difficile à suivre. Metteur en allemand d'origine juive connui sous le nom de Hans Hinrich , il se convertit au catholicisme pour échapper aux persécutions allemandes. Mais , malgré tout, il doit fuir en Italie , où il met en scène plusieurs films, dont une Lucreze Borgia...
En 1946, cette fois pour éviter les représailles contre les allemands, il devient Giovanni Hinrich, et passe de l'autre côté de la caméra . Javert est son rôle le plus important. Il retournera rapidement en Allemagne, où il deviendra un des papes du doublage...

Ne vous attendez pas à une version spectaculaire des Misérables. Ici, vous êtes dans un film d'aventures, un western, un mélodrame ayant pour héros Jean Valjean ! Et si, comme moi, vous aimez les successions de péripéties sans temps mort, eh bien, vous passerez un bon moment !

Extrait :


 A plus !

Fred.

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