dimanche 28 septembre 2014

CINEMA DE MINUIT - RIVERS SANS RETOUR...

Bonjour les amis !

Ce soir, à 00 H 05, sur France 3 : Le Fauteuil 47 (1937), de Fernand Rivers...

 
Drôle de parcours que celui de Fernand Rivers... Jeune acteur de théâtre, il est embauché par la maison Pathé dès 1902, ce qui fait de lui, selon ses dires "L'un des dix premiers acteurs de cinéma" . Hum.
Toujours est-il qu'assez vite, il passe à la réalisation des bandes du héros comique qu'il incarne, "Plouf".
Il n'en reste pas grand'trace aujourd'hui.
On le retrouve au début du parlant, comme producteur. Un producteur d'abord assez ambitieux, puisqu'il se met au service d'Abel Gance pour une Dame aux Camélias, et, que surtout, il assiste Sacha Guitry pour ses premiers pas au cinéma, dans Pasteur et Bonne Chance...



Mais cette bonne volonté ne nourrit pas forcément son homme, et, assez vite, Rivers va se tourner vers des matériaux moins nobles et commercialement plus sûrs, que ce soit le mélo ( Les Deux Gosses, La Goualeuse) ou la comédie boulevardière (Quatre Heures du Matin , Bichon), tournant parfois franchement vers le nanar ( Berlingot et Cie, avec Fernandel) !


Le Fauteuil 47 n'est ainsi pas l'oeuvre d'un grand metteur en scène. Ca tombe bien, ce n'est pas le but recherché. C'est avant tout une pièce de théâtre signée Louis Verneuil , alors roi , avec Guitry, du Théatre de Boulevard . La postérité est cruelle : si Guitry est encore joué, et le sera encore longtemps, on peut le parier, le théâtre de Verneuil a vieilli, dans ses postures , dans ses personnages. Celle-ci, une de ses plus connues, a été créée en 1923, et cela se voit dans son scénario : un jeune garçon se marie avec une jeune femme , alors qu'il est fou de sa belle-mère. Mais tout finira bien, dans les froufrous z'et les hauts plafonds.
Ce théâtre , et par voie de conséquence, ce théâtre filmé, ne tient que par ses acteurs, que l'on appelle à juste titre des monstres sacrés : ils donnent consistance et énergie à des personnages conventionnels . Très souvent, pour épater le spectateur, on en réunit une ribambelle . Ici, comme l'indique l'affiche, on réunit 4 Vedettes ! Et non des moindres !


Raimu, alors au sommet de sa popularité, et qui, lorsqu'il n'était pas freiné par un Pagnol, un Decoin ou un Tourneur, volait de plateau en plateau pour pérorer en toute liberté... Détail curieux, il incarne dans ce film un professeur de gymnastique !





Françoise Rosay, interprète du cougar de la fable, venait , elle aussi, d'être projetée sur le devant de la scène, grâce aux films ambitieux de son mari Jacques Feyder : Pension Mimosas, et La Kermesse Héroïque ...

 .
.. André Lefaur, bien oublié aujourd'hui, était  une terreur du Boulevard, qui créa sur scène moult pièces de Verneuil, Flers et Caillavet. Il  y reprend ses marques dès le début du parlant, amenant dans les salles de cinéma son public d'admirateurs.


... Et, à l'instar de tout "lot" qui se respecte , et où l'on en profite pour vous refiler des invendus, voilà la quatrième vedette, qui n'en est plus vraiment une, déjà : Henri Garat. Celui qui a été le premier jeune premier du cinéma français parlant, qui ne pouvait sortir en ville sans être assailli par ses admiratrices, était déjà sur le déclin, supplanté par des Blanchar, des Préjean, des Gabin.  Comédien limité, nul doute qu'il se fait largement bouffer par les trois bulldozers qui l'entourent. Dommage pour le créateur d'Avoir un Bon Copain...

 



 Une curiosité , donc, pour les amateurs de boulevard désuet et d'acteurs hénaurmes... J'en suis, donc j'y serai !

A plus !

Fred.





 

samedi 27 septembre 2014

CINEMA DE MINUIT ( à la bourre !) - MEN IN LOVE...

Bonjour les amis !

Dimanche dernier, à 00 H 20, sur F3 : Love (1969) , de Ken Russell...


Ken Russell est un phénomène ... Pur enfant des sixties, il en tirera un cinéma inventif, certes, libre, ô combien, mais le plus souvent excessif et kitsch. Ses Diables (1971), sont un bon exemple de son style criard, où l'énergie l'emporte souvent sur la précision...


Un seul film échappe à cette description : Love, adaptation superbe d'un roman de l'auteur de l'Amant de Lady Chatterley, D.H.Lawrence. Cette description très riche de la relation amoureuse ( ou pas) chez des grands bourgeois du XIXème siècle étonne par sa justesse de ton . Et il est bien difficile de savoir à qui l'on soit l'incontestable réussite du projet.
Sans doute pour une grande part au producteur et scénariste Larry Kramer ...

Grande figure de la défense des droits des homosexuels et , plus tard, de la lutte contre le Sida aux Etats-Unis, fondateur d'Act Up, Kramer est également un auteur talentueux et exigent. Il semble évident que ses relation très orageuses avec Russell sur le tournage permettent au film d'être baroque sans sombrer dans un excès qui dégouline. Un des plus beaux exemples de ce compromis Kramer/Russell est dans la scène clé du film, dévenue culte dans le milieu gay, où les deux personnages masculins , par jeu, par défi, se battent nus devant un feu de cheminée. Cette scène aurait pu être vulgaire, elle est juste magnifique. Russell, tenu, parvient à dompter sa fougue, et livre une mise en scène forte sans être scabreuse.


Les deux auteurs sont assistés dans cette tâche par un casting incroyablement juste et original. Les deux personnages masculins sont incarnés par Oliver Reed...

... et Alan Bates .

N

Non content d'être de fichus beaux gosses, ces deux-là sont également des acteurs fins, et investis, qui donnent un profondeur troublante à ces personnages de bourgeois faussement superficiels, qui séduisent et se laissent séduire par deux soeurs institutrices...

L'une d'elle est Jennie Linden...

... actrice tout-terrain que l'on a vue dans à peu près toutes les séries britanniques et quelques films de la Hammer, et qui trouve ainsi le rôle de sa vie, quoiqu'elle soit un peu éclipsée par sa soeurette , la révélation du film, Glenda Jackson.

Elle est alors déjà une grande, très grande actrice de théâtre, qui a travaillé à plusieurs reprises avec Peter Brook, notamment sur Marat/Sade. Love est son premier rôle important au cinéma , ce qui ne l'empêchera pas de remporter illico l'Oscar de la Meilleure Comédienne en 1970 pour sa prestation dans le film. Elle aussi amène une richesse, une largeur de palettes telle que Love est, à l'arrivée, un des plus beaux films britanniques de l'époque , à redécouvrir d'urgence...

Bande-annonce : 


mardi 23 septembre 2014

BRIGITTE, POURQUOI JE T'AIME, ET POURQUOI JE TE HAIS...

Bonjour les amis !

Et bon anniversaire, Brigitte !


On ne dit pas l'âge d'une dame, c'est malpoli, mais ce chiffre symbolique fait qu'aujourd'hui, on parle beaucoup de toi . Et dans la grande tradition médiatique actuelle, aux hommages lénifiants façon Drucker  vont succèder les billets crapoteux et faciles façon Christophe Conte.
Alors, avant de te cracher à la gueule, je voulais te rendre hommage.
Ton histoire récente a fait oublier à quelle point tu as été importante dans la vie culturelle, politique , et sociologique de notre pays, et d'une bonne partie du monde , Brigitte. Quand je parle de toi, je parle de ton personnage cinématographique, de l'icône, du modèle Bardot, oui, on peut le dire.
Avant toi, il y en avait eu, des sex-symbols : mais soit elles étaient hautaines et inaccessibles (Garbo, Dietrich), soit elles étaient dessalées et immorales (Jean Harlow, Viviane Romance). Et surtout, elles ne remettaient jamais en cause la suprématie masculine : elles souffraient par eux après les avoir fait souffrir, étaient battues, parfois tuées, mais ne sortaient jamais indemnes de leurs relations sulfureuses.


Celle qui t'a précédée  au rang de boute-en-train  du mâle français des années 50, la malheureuse Martine Carol, n'était elle-même qu'une "danseuse", un fantasme, dont les volontés n'étaient que des caprices, et dont les exigences avaient pour monnaie d'échange une complaisance certaine à se mettre au lit. La douce Caroline Chérie n'était qu'une prostituée soft...


Mais toi, c'était différent. Ca pouvait être différent. Ton mentor et mari, Roger Vadim, l'avait bien compris . Il faut dire que, déjà, dans tes premiers films, il y avait "ça", cette étrange impression, quand tu apparaissais, que tu emmerdais le monde entier, avec ce corps sublime qui n'appartenait qu'à TOI, ce sourire mutin qui n'avait peur de personne, et qui était prêt à dévorer le premier venu . Déjà, dans les films de Boisrond, dans les films de Willy  Rozier, ce naturel carnassier était là :


Vadim, publicitaire génial, n'a fait que braquer  le projecteur sur toi et t'a offert un sublime écrin : ce Et Dieu Créa La Femme, qui consacra ton personnage nouveau : une femme libre qui n'est pas une garce, qui est dépourvue de malice, mais qui, simplement, choisit qui et quand elle aime. Passionnée, certes, mais le temps que ça dure. Juste le temps que ça dure. Et quand c'est fini, c'est fini. Pas de drame. Les drames, ce sont les hommes qui les font, car ils sont possessifs et compliqués.
Je m'appelle Brigitte, je suis maîtresse de moi-même et de mon désir.


Vadim t'avait bien coachée : ce personnage, tu l'as gardé, envers et contre tout, même quand tu as décidé de baisser la garde scandaleuse pour séduire le public du samedi soir dans Babette s'en va-t-en-guerre...



... Même quand tu as décidé de chanter des chansons sucrées avec cette articulation qui n'appartenait qu'à toi...


... tu restais toujours cette petite cousine qui vous bottait le cul un instant avant de vous minauder autour l'instant d'après. Ce n'est pas exagéré de le dire : bien avant le développement du MLF, tu as appris aux femmes de l'ère gaullienne à dire non, à espérer un avenir meilleur, dans le dos de leurs maris qui ne bavaient que sur tes formes.
En cela, je t'admire, et j'admire ce personnage, mille fois plus fort, plus attachant que celui de la geignarde Marilyn, pauvre petite fille perdue sous médocs, qui voudrait tellement qu'on l'aime...
Quelle autre comédienne aurait pu, dans les années 70, incarner , sans être ridicule, un Don Juan au féminin, qui dominait par la séduction hommes et femmes ? Qui était assez fort pour ça ? Toi, Brigitte,  et ce fut le dernier cadeau de Vadim...


Mais déjà tu changeais. Tu as arrêté le cinéma d'un coup. Tu en avais marre. Les années, la fréquentation des cyniques , des paparazzis et des obsédés t'avaient endurcie, et tu avais un peu raté le coche de 68, en refusant de chanter avec ton cher Gainsbourg, Je t'aime Moi Non Plus... La femme commençait à rejeter l'icône.
Tu t'es d'abord jetée à corps perdu dans la défense des animaux. C'était gentil, et , mieux encore, ça faisait ricaner les chasseurs et éléveurs moustachus, qui avaient tous ton poster dans leur garçonnière mais ne te considéraient que comme un bout de viande.
Et puis tu as fait de drôles de déclarations. Tu aimais les animaux, mais tu n'aimais plus les hommes. Et au lieu d'agacer les brutes moustachues, tu leur as tourné autour, et tu as fini par en épouser une, hélas.
Le reste est triste, grinçant, et indigne de toi.
Tu es malheureuse, sûrement, diront les bonnes âmes. Ce n'est pas une raison pour tant de haine et tant de bêtise. 
Car tu n'avais pas le droit. Pas le droit de saboter cette lumière, cette aura, cette joie de vivre, cette liberté, en l'entourant de barbelés, de fiel, et de boue.

En regardant une belle femme qui te ressemble, aujourd'hui, on pourra se dire : peut-être, dans cinquante ans, ce sera une vieille dame aigrie et méchante.
Et ça , c'est triste.
Je te souhaite donc à nouveau un bon anniversaire, Brigitte, en hommage à ce que tu fus et ce que tu nous as donné.
Mais je vomirai jusqu'à ta mort la Mamie Facho que tu es devenue.

Tu n'avais pas le droit de pourrir ainsi la morale de la fable.

A plus.
Fred.

Galerie de photos 






 

lundi 22 septembre 2014

CINEMA DE MINUIT ( Hyper à la bourre !) : FAUT-IL BATTRE LE FERCHAUX ?

Bonjour les amis !

Dimanche 14 Septembre dernier, à 00 H 20 : L'Aîné des Ferchaux ( 1963), de Jean-Pierre Melville...



Belmondo, comme son ami Delon, a toujours aimé apprendre son métier auprès de ses aînés. Et , en ces années 62-63 , qui voient  le jeune loup de la nouvelle vague se muer en valeur sûre du cinéma du samedi soir, le jeune Jean-Paul est gâté.  Il se confronte d'abord sans ciller au monument Gabin dans le désormais culte Un Singe en Hiver...


... où il tient la dragée haute à son tonitruant partenaire ! C'est alors que Melville fait , pour la troisième fois, après Léon Morin Prêtre et Le Doulos, appel à lui pour cette adaptation de Simenon. En vérité, il remplaça Delon , qui refusa le film au dernier moment. Son partenaire devait alors être Spencer Tracy, rien de moins, mais le grand acteur hollywoodien était déjà malade, et les assurances rechignèrent. Melville choisit alors, pour le rôle du milliardaire en fuite Ferchaux, à celui qui était déjà le doyen du cinéma français, Charles Vanel.


Faire appel à Vanel, c'est toujours une bonne idée. Massif et nuancé, relancé par Le Salaire de La Peur en 54, cet acteur qui a connu toutes les époques du cinéma français impose toujours son intelligence de jeu, et constitue une plus value pour tout film où il apparaît. Et ce film-ci, eh bien, il en a un peu besoin !
En effet, si le début du film est extrêmement prenant, suivant les parcours parallèles d'un boxeur raté, égoïste et arriviste, et d'un homme d'affaires tout aussi égoïste, qui laisse mourir son frère en prison et fuit à l'étranger, le récit de leur rencontre et de leur cavale , dans une Amérique reconsituée aux Studios Jenner , peine à convaincre. Sans doute parce que la rédemption de deux personnages si antipathiques au mieux nous indiffère, au pire nous déplaît.
Reste une confrontation au sommet entre deux comédiens : là encore, Bébel se hisse sans difficultés au niveau de son talentueux aîné . L'harmonie, l'écoute entre les deux acteurs est un régal. Et fait passer les écueils habituels à Melville, quand il n'est pas trop en forme, entre autres, la faiblesse des personnages féminins, pourtant incarnés par les superbes Stefania Sandrelli et Michèle Mercier (juste avant Angélique).



Yves Boisset, assistant sur le film, confia que si le film était si mal bouclé, c'était  pour une raison simple : Melville, traditionnellement violent avec ses comédiens, avait agressé Vanel verbalement , disons plus que d'habitude . Belmondo aurait alors envoyé une magistrale paire de claques à Melville avant d'emmener Vanel. Ils ne revinrent jamais sur le plateau, ni l'un ni l'autre.
Comme quoi il faut jamais parler mal aux acteurs. Jamais.

A plus.

Fred.







jeudi 18 septembre 2014

TRAQUEZ-MOI !

Bonjour les amis !

(Photo : Daniel Margreth)

Vous êtes amoureux(se) de moi ? Vous m'adorez ? Vous voulez me suivre à la trace ce week-end ? 
Eh bien c'est possible !
Rendez-vous donc 

Samedi 20 Septembre :

- à 11 H 15 à la Médiathèque de Nieuil l'Espoir, pour une rencontre autour du spectacle Ne demandez pas le programme, en compagnie de Patrick Le Mortellec.
 
- à 18 H 30 à la Maison des 3 Quartiers à Poitiers, pour un impromptu artistique à l'occasion de l'inauguration des 30 ans de la maison, avec les potes Julien Playe et Patrick Ingueneau.

- à 20 H 30 au Parc du Kiosque de Ligugé , pour un Mini-Viandox. En deuxième partie : le groupe Transbal Express.
 

Dimanche 21 Septembre :

- à partir de 15 H devant l'ancien théâtre de Poitiers , pour la Fête du Collectif du même nom.
- à 20 H au Cinéma Le Rex de Chauvigny, pour la présentation du film Johnny Got His Gun, de Dalton Trumbo.

Si vous faites tout ça, vous pourrez m'épouser.

On se voit la-bas.

A plus.

Fred.


 

SEANCES PATRIMOINE : C'EST REPARTI !

Bonjour les amis !

Cette année, comme la précédente, j'aurai la joie de vous présenter régulièrement des bijoux de la Cinématographie Mondiale aux Cinémas de Chauvigny, Civray, Gencay et la Crèche, dans le cadre des Séances Patrimoines CLAP !

Et nous commençons ce Dimanche 21 Septembre, à 20 H 00, au Cinéma Le Rex de Chauvigny, avec , peut-être , la plus belle fable antimilitariste jamais tournée, Johnny s'en va-t-en-Guerre !


 Réalisé par Dalton Trumbo en 1971 d'après son roman publié avant la Seconde Guerre Mondiale, ce film, qui comporte dans sa distribution Donald Sutherland et Jason Robards, remporta le Prix Spécial du Jury à Cannes.

Bande-annonce :

A Dimanche !

Fred.

mercredi 3 septembre 2014

CINEMA DE MINUIT - LE SATYRICON, CA OSE TOUT...

Bonjour les amis !

Dimanche, à 00 H 45, sur F3 : Satyricon (1969) , de Federico Fellini...


Le Satyricon est un des premiers romans de la littérature mondiale , rédigé au Ier Siècle après J.C. par Pétrone, dit-on. La paternité de l'oeuvre est en effet toujours sujet à polémique. Constitué de plusieurs fragments, publiés à divers époques, il commence à être connu en Occident dès le XVIème siècle. Mais cette satire des frasques amoureuses de trois jeunes homosexuels dans une Rome décadente connut surtout les affres de la censure, et en tira une réputation sulfureuse.
Plus que tout, il semble que ce soit l'aspect fragmentaire de l'oeuvre qui ait attiré le grand Federico Fellini, toutes ces zones d'ombre, constituant  une grande galaxie onirique, plongée dans l'obscurité, au milieu de l'étincellement d'éclats flottants qui sont parvenus jusqu'à nous... 
Fellini se lance donc dans l'aventure. Il faut dire que l'époque est avec lui et qu'en 1969, il est devenu possible de porter à l'écran des scènes d'amour entre hommes, parfois littérales, et les moeurs orgiaques d'alors. Satyricon marque donc une nouvelle étape dans la carrière du réalisateur, qui va ici bien plus loin dans le cru , que dans son oeuvre précédente, Juliette des Esprits, tournée quatre ans plus tôt...


Mais le film n'est pas que cela. Il est également la démonstration de l'incroyable créativité visuelle du maestro, qui filme l'inéluctable descente aux enfers de l'Amour et de l'Art au profit de la Mort.
Il n'y a en effet pas de complaisance, pas d'apologie dans le film. La Décadence n'est pas , comme dans La Grande Bouffe de Ferreri, par exemple, un bras d'honneur à la société. Les hommes y sont juste perdus, et se cherchent, sans se trouver.
La distribution est toute fellinienne, avec des gueules, des formes, et des surprises, telle la présence du claudelien Alain Cuny, des chanteuses-comédiennes Lucia Bose et Magali Noël, et de l'ancien mannequin Capucine.
A noter que ce n'est pas par snobisme que Fellini apposa son nom à celui de l'oeuvre dans le titre original , mais par obligation : un autre réalisateur, Gian Luigi Polidoro, s'était engagé sur une  adaptation du Satyricon avant Fellini. Celui-ci attaqua son concurrent... et perdit ! La United Artists racheta donc, à gros frais , les droits de distribution du dit film concurrent dès sa sortie, ce qui explique sa quasi totale invisibilité encore aujourd'hui...

Extraits de la version de Polidoro :




Et bande-annonce de la version de Fellini :


A plus !

Fred.

Sources : - Wikipedia
               - Fellini par Fellini, , entetiens avec Giovanni Grazzini, Calmann-Lévy, 1984.